Castaner, ministre de la « fake news » ?
Pour une fois, je ne suis pas d'accord avec Marie Delarue qui, dans ces colonnes, condamnait, jeudi, l'intrusion dans l'enceinte de la Pitié-Salpêtrière. Or, il semblerait que cette « attaque » n'ait jamais eu lieu que dans la vision macronienne du ministre de l'Intérieur, trop heureux de bondir sur cette nouvelle occasion pour décrédibiliser la révolte des gilets jaunes et, par la même occasion, le défilé syndical du 1er Mai.
Cette « attaque » d'un hôpital a, effectivement, dans un premier temps, fait l'effet d'une bombe et a été condamnée par l'ensemble des médias et des politiques, jusqu'à ce qu'apparaissent sur la Toile de nombreuses vidéos démentant la version officielle de Christophe Castaner dont Jean-Michel Aphatie a réclamé la démission s'il maintenait sa version. Or, en ce vendredi matin, notre très critiqué ministre de l'Intérieur n'a pas changé une virgule de son accusation, pourtant démentie non seulement par les vidéos mais par beaucoup de témoins, les gardés à vue et le personnel hospitalier de la réa. Néanmoins, la directrice de l'hôpital et le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris maintiennent, eux aussi, leur version d'une attaque.
Ce vendredi matin, Marc Fesneau, ministre des Relations avec le Parlement, jouait la partition gouvernementale, affirmant qu'« on ne rentre pas dans un hôpital, ce n'est pas normal ». Un argument contredit, sur RTL, par un médecin urgentiste : « L'hôpital, c est comme une église, c'est un lieu protégé. La, il y a eu un mouvement de panique qui a poussé les manifestants vers ce bâtiment pour échapper aux gaz lacrymogènes et aux affrontements avec la police. Ils ignoraient où ils allaient. »
Le film pris par l'un des membres du service de réanimation montre clairement que la police a nassé une trentaine de manifestants sur la passerelle qui mène à ce service. Les policiers savaient-ils où ils dirigeaient les manifestants ? Ce qui est certain, c'est que cette trentaine de personnes de tous âges s'est retrouvée coincée face à la porte derrière laquelle se tenait le personnel médical. Porte qu'ils n'ont pas forcée lorsqu'ils ont appris devant quel service hospitalier ils se trouvaient prisonniers.
Lorsque les brigades motorisées sont arrivées pour conduire ces manifestants en garde à vue, on a même entendu le personnel s'offusquer de ces arrestations. Et le lendemain, devant les micros, un membre du personnel hospitalier déclarait : « Tout s'est passé dans le calme, il n'y a pas eu de débordement, pas de matériel dérobé, pas d'intrusion. L'équipe n' est pas du tout choquée... »
Alors, oui, le tweet de Christophe Castaner (« Ici à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital. On a agressé le personnel soignant ») s'apparente bien à une « fake news ». En attendant, les 32 manifestants gardés à vue pour cette affaire de la Pitié-Salpêtrière ont été relâchés et, à l'heure où ces lignes sont écrites, on commence à se dire que le ministre de l'Intérieur s'est exprimé un peu trop vite.
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