Caroline De Haas, la rentière du « féminisme »

Caroline De Haas 2019-11-13 à 19.24.16

Caroline De Haas a ceci de particulier qu’elle fait l’unanimité contre elle, même chez ses compagnes de lutte. Ces jours-ci, une enquête approfondie du Point signée de Peggy Sastre, autre icône du néo-féminisme, dézingue littéralement Caroline De Haas. En cause, ses méthodes franchement déloyales utilisées lors de formations à l’égalité hommes-femmes et à la lutte contre les discriminations et le harcèlement sexuel et professionnel dispensées par des entreprises appartenant à ladite Caroline.

Tout un programme et un juteux business. D’autres, Erwann Seznec pour Causeur, ou encore Eugénie Bastié, au Figaro, ont pointé cette collusion étrange entre « l’idéal » et les affaires.

Comment est né ce que d’aucuns nomment l’entreprenariat politique ?

Un petit retour en arrière s’impose.

Après avoir milité à l’UNEF puis, logiquement, au PS, Caroline De Haas rentre au cabinet de Najat Vallaud-Belkacem en mai 2012. À cette époque sont votés deux textes : la loi du 6 août 2012 sur le harcèlement sexuel et le protocole d’accord sur l’égalité professionnelle dans la fonction publique du 8 mars 2013. Une « charte pour la promotion de l’égalité et de la lutte contre les discriminations » est signée dans la foulée, le 17 décembre 2013, par l’État et les syndicats du public. En mai 2013, Haas quitte le ministère et, en juillet, monte sa société de formation, Egae, d’égale à égale, pour prévenir le harcèlement moral et sexuel dans les entreprises, les institutions… Elle a donc, nous dit Erwann Seznec, contribué à l’élaboration de textes de lois qui assurent une future clientèle à son futur business. « À défaut d’être moral, tout est légal. » En effet, « Egae, c’est environ 60 % d’interventions pour des organes publics et 40 % dans le privé », explique Caroline De Haas elle-même.

Une moralité à géométrie variable qu’elle applique, avec la même absence de scrupules, dans le déroulé de ses formations et de ses conseils prodigués en entreprise. Dans Le Point, Peggy Sastre montre l’absence d’éthique dans les enquêtes qu’elle a menées au Conservatoire de musique et de danse de Paris, à l’initiative de la nouvelle directrice, Émilie Delorme, notoirement connue pour son féminisme agressif, voire punitif. Les méthodes pour dénoncer un professeur du Conservatoire accusé de harcèlement sexuel reposent sur la présomption de culpabilité, dans un mélange des genres qui crée la confusion, au détriment de la vérité des faits. Car pour Haas, faits signalés et faits avérés, c’est la même chose. C’est dire le professionnalisme de cette petite entreprise… Ledit professeur est suspendu. Il est en dépression.

Il y a quelques mois, une enquête menée par le cabinet de Caroline De Haas pour harcèlement avait conduit au licenciement d’un journaliste de Télérama. La Justice vient de reconnaître que ce licenciement était abusif. Le journaliste, Emmanuel Tellier, est depuis deux ans au chômage.

Aujourd’hui, de nombreuses entreprises contraintes de fournir à leurs salariés ce genre de formations recourent aux services de Egae : « On achète le label De Haas pour être tranquille », explique, au Figaro, un DRH de grand groupe français. « Pourquoi fait-on appel à Caroline De Haas, alors même qu’elle est une figure contestée, très clivante et sans autre expertise que celle qu’elle s’est s’auto-attribuée ? », s’interroge Emmanuel Tellier. La Calamity Jane de la formation en entreprise intervient aussi dans des institutions, des collectivités locales… ou à HEC. Elle participe donc à la formation – à la rééducation ? - des futures élites entrepreneuriales françaises.

Outre qu’elle plonge la galaxie féministe dans la confusion – on rapporte que Marlène Schiappa ne la porte pas dans son cœur –, elle s’attaque régulièrement à tout ce qui est mâle : Alain Finkielkraut en a souvent fait les frais.

Vous l’aurez deviné, un certain de type de mâle seulement. Ne craignant aucune contradiction, elle a participé à la marche contre l’islamophobie de 2019 aux côtés d’islamistes radicaux un brin misogynes, trahissant sa propre cause. Un grand écart qui ne lui pose aucun problème moral, ou même intellectuel.

Comme le dit Ivan Rioufol : « Impossible de prendre au sérieux ces femmes qui dénoncent le patriarcat tout en baissant les yeux devant des barbus machistes. »

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

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