Un inconnu vous offre des fleurs : puissent les antifas en prendre de la graine !

Coffin fleurs

Alors que le hashtag #AliceCoffin montait sur les réseaux sociaux, Aurélien Taché - en chevalier servant, dirions-nous, si l'on était taquin - a volé au secours de la militante : « De l’extrême droite qui ne supporte pas que les femmes prennent la parole… tout mon soutien à Alice Coffin, agressée par des identitaires lors d’une intervention à Rouen. Combien encore de victimes ? Combien encore de passages à l’acte ? Il nous faut réagir vite. » C’est vrai qu’il y a quelques jours, c’était la fête des Mères et l’on ne compte plus, au cours de ce dimanche tragique, le nombre de « victimes » et de « passages à l’acte ». « Réagir vite », oui, mais comment ? Fermer Interflora, pour commencer. N’est-ce pas un scandale que, dans notre pays, les pivoines soient comme les armes aux États-Unis : en vente libre ! Car la vidéo de l’incident s’est répandue très vite, et le spectacle d’un gentleman en veste offrant, le genou à terre, un bouquet de fleurs à une Alice Coffin assise, dispensant sa conférence, a rendu passablement burlesque le tweet d'Aurélien Taché. Nous ne reviendrons pas sur le désormais épisode culte des serre-tête, mais le député a décidément besoin de lunettes. Dire que l'année de l'accession de François Mitterrand au pouvoir, « Soudain, un inconnu vous offre des fleurs » était le célèbre slogan publicitaire d'un déodorant. Aujourd'hui, d'aucuns y voient des idées nauséabondes.

Nombre de jeunes filles rêveuses ont répondu que les agressions façon Jane Austen de ce genre-là, elles en voulaient bien tous les jours : des roses, des blanches, des jaunes, par bottes entières avec, en plus, du feuillage et un brin de bolduc pour tenir le tout… qu’elle allaient de ce pas troquer sur leboncoin leur bombe lacrymogène contre une batterie de vases en cristal, ronds, rectangulaires, soliflores ou Médicis.

Il est assez inquiétant qu’un député français galvaude à la légère un tel mot - lourd de sens dans une société livrée à la loi du plus fort - et insultant pour les Français qui, quotidiennement, subissent de vraies violences.

Selon Aurélien Taché, « l’extrême droite ne supporte pas que les femmes prennent la parole… » Passons sur le fait que, dans la famille Le Pen, on n’a pas dû avoir la consigne pour aller à l’essentiel : qui, par ses menaces à peine voilées, a dissuadé, il y a plusieurs mois de cela, Sylviane Agacinski d’intervenir à l’université de Bordeaux ? Quant à moi, à Orléans et au Mans, j’ai eu droit, il y a quelque temps, à un comité d’accueil d’antifas et de militants LGBT, avec un bouquet bien fourni de noms d’oiseaux et de crachats en lieu et place de la gerbe de dahlias. Je précise, du reste, aux Black Blocs qui nous liraient (on ne sait jamais), que si j’ai le choix, la prochaine fois, je préférerais des lys ou du lilas.

Certains aiment à brocarder le tropisme « tout-est-foutuiste » de la droite scregnegneu qui ne saurait que se lamenter parce qu’aujourd’hui est pire qu’hier, mais mieux que demain.

C’est une belle leçon d’élégance que ces jeunes « ordinaires », comme ils se désignent - mais c’est à présent synonyme de réactionnaire -, ont donné à une féministe réputée pour ses anathèmes vengeurs. Nul besoin d’escalade dans l’animosité ni d’humiliation, l’éducation aujourd’hui est la plus percutante des transgressions. Et si certains y voient une agression, une seule solution : l’opticien.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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