Canada : le gouvernement veut moins de travailleurs étrangers temporaires

@Justin Trudeau/Wikimedia Commons
@Justin Trudeau/Wikimedia Commons

Porté par une économie florissante, le Canada, réputé pour sa politique migratoire ouverte, amorce depuis peu un changement de cap significatif. Alors que le pays traverse, depuis quelques années, une crise du logement sans précédent, les travailleurs étrangers temporaires à bas salaires attirent l’attention du Premier ministre Justin Trudeau. En janvier dernier, Ottawa avait annoncé l’instauration d’un « plafond temporaire » de deux ans restreignant les nouveaux permis d’études accordés aux étudiants étrangers. Une baisse drastique de 35 %, par rapport à l’année précédente, visant « à relâcher la pression sur le logement », déclarait alors le gouvernement canadien.
Ce lundi 26 août, c’est une nouvelle annonce qui intervient, lors de la retraite du cabinet des ministres fédéraux à Halifax, avec la réduction programmée du nombre de travailleurs temporaires à bas salaires. « Nous n’avons plus besoin d’autant de travailleurs étrangers temporaires. Nous avons besoin d’entreprises qui investissent dans la formation et les technologies, pas qui augmentent leur dépendance à une main-d’œuvre à bas coût », déclare Justin Trudeau. Un revirement notable pour ce chantre du progressisme et de l'ouverture.

Canada : besoin patent de logements et lutte contre le chômage

En 2023, le taux d’inoccupation était de seulement 1,5 %, en moyenne, dans le pays. D’ici la fin de la décennie, trois millions et demi de logements devront être construits pour maintenir des prix abordables. Une estimation chiffrée par la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Le marché immobilier est sous tension, avec un chômage persistant et une inflation qui s’enlise, alors qu’en sept ans, le nombre de travailleurs étrangers temporaires à bas salaires accueillis sur le sol canadien a plus que quadruplé, passant de 16.000, en 2016, à plus de 80.000, en 2013.

Cette nouvelle donne contraint le gouvernement libéral du Premier ministre Justin Trudeau (sorte de Macron canadien), sous la pression de l’opinion publique et des institutions financières, à changer de jurisprudence en matière d’immigration, en mettant un frein provisoire et circonstancié. À la tête du pays depuis 2015, le Premier ministre canadien concède : « Le marché du travail a changé. Le moment est venu pour nos entreprises d’investir dans les travailleurs et les jeunes du Canada », déclare t-il sur son compte X.

Concernant le manque de logements et la hausse du prix des loyers, Trudeau compte mener une opération construction de grande envergure. « Nous avons des terres. Nous avons de nombreux logements à construire. C’est donc exactement ce que nous allons faire », affirme-t-il, dans une vidéo publiée sur X. Au cœur de cette vaste entreprise : les terres fédérales que possède le gouvernement canadien à travers tout le pays. L’objectif lancé par Justin Trudeau est d’y construire de nouveaux logements. Les nouvelles habitations seront proposées à la location, moyennant un bail de longue durée. La promesse : offrir aux Canadiens « des logements abordables ».

Le Québec précurseur 

Une annonce qui survient une semaine après celle du Québec, en tout point similaire, puisque le Premier ministre du Québec, François Legault, décrétait, ce 20 août, un moratoire de six mois sur le programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) à bas salaires dans la région de Montréal. « Le Québec a clairement excédé sa capacité d’intégration », assurait-il, alors qu'en deux ans, le Québec est passé de 300.000 à 600.000 résidents non permanents. Le gel d’embauche de ce type de main-d’œuvre (rémunéré en dessous de 27,47 dollars de l’heure au Québec) entrera en vigueur le 3 septembre prochain. La mesure touchera au plus quelques milliers de personnes, justifiée par « l’explosion » du nombre d’immigrants temporaires enregistrés depuis la reprise économique post-Covid.

Parmi eux, des étudiants étrangers, des demandeurs d’asile et les travailleurs temporaires. Cet afflux « met en jeu l’avenir du français » ainsi que la qualité des services publics, souligne François Legault, tout autant qu’elle encourage le taux de chômage national qui, lui, ne cesse d’augmenter à la faveur d'une immigration temporaire qui ne cesse de grandir. Le Premier ministre québécois engage également les entreprises à « faire un effort pour recruter [les Québécois] avant de faire venir de la main-d’œuvre étrangère ». Parmi les secteurs exemptés par cette restriction législative, celui de la santé, de l’éducation, de la construction, de l’agriculture ou encore celui de la transformation alimentaire, où la main-d’œuvre vient à manquer. Une forme de priorité nationale dont Macron, proche de Trudeau, ferait bien de s'inspirer.

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Anna Morel
Journaliste stagiaire. Master en relations internationales.

Vos commentaires

14 commentaires

  1. Commencent-ils à comprendre les dangers de l’immigration , Parce qu’eux semblent encore pire que les français.

  2. Trudeau aurait-il viré sa cuti ?? J’en doute un peu quand même car n’est pas québécois qui veut.

  3. Exemple A SUIVRE, bien évidemment ! A supposer que les mesures dictées par la sagesse puissent venir à l’esprit du Président de la République actuellement confronté au désordre qu’il a lui même initié dans la gestion du pays….

  4. À la différence près c’est que Trudeau a fait venir des travailleurs européens et asiatiques en majorité. Rien de comparable avec l’immigration africaine qu’on connaît en France.

  5. Au fil du temps, Justin Trudeau a adopté un « look » très tendance. Il lui suffirait de porter une djellabah pour se fondre sans problème dans la population musulmane.

  6. Comme ailleurs dans d’autres pays, ils commencent tous, devant les fissures qui apparaissent et le risque d’effondrement de nos sociétés, à se rendre compte que leurs politiques immigrationnistes anarchiques et surtout mortifères, nous amènent irrémédiablement vers un cahot civilisationnel. Il serait temps ! Ce sont bien des pompiers pyromanes.

  7. Suède, Danemark et maintenant le canada font machine arrière sur l’immigration. A quand la même mesure dans notre pays? Commençons par expulser Manu militari tous les criminels et délinquants étranges .

  8. Macron sous influence européenne ne fera rien sinon continuer la destruction de toutes les institutions de ce pays et l’accueil de toujours plus de migrants .

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