Bordeaux : procès de la violence des « antifas » contre des jeunes de droite 

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« J’ai suivi le mouvement, j’ai vu une bagarre et j’y suis allé. » Ce lundi 5 juin, six jeunes hommes, présumés agresseurs de Pierre Le Camus, ancien candidat du Rassemblement national aux législatives, Thomas Le Camus, son frère et leurs amis comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Bordeaux.

Des « moutons » ?

Ils ont vécu, voilà presque un an, une soirée particulièrement choquante. Le 9 juillet dernier, vers 1 heure, alors qu’ils étaient attablés à la terrasse du Mushroom Café (Bordeaux) et profitaient d’une douce soirée d’été, Pierre Le Camus et ses amis ont été la cible d’une violente agression. Une quarantaine de personnes, venues pour la plupart d’un bar voisin, déferlent et leur assènent une pluie de coups, d’insultes et de menaces. Le mobilier du restaurant leur sert de projectiles. Thomas Le Camus, au sol, reçoit de nombreux coups au thorax et à la tête. Il s’en sortira avec des œdèmes, des contusions et dix jours d’ITT. Son frère, Pierre, connu pour son engagement politique au sein du Rassemblement national, et également visé par cette extrême violence, se voit prescrire quatre jours d’ITT. Après près de trois minutes de violence, les agresseurs finissent par se disperser aux cris de « Bordeaux antifa ». Près d’un an après les faits, le traumatisme reste toujours présent chez les victimes. Quelques minutes avant le début de l’audience, Thomas se confie à BV : « L’attaque était hyper sévère. J’avais du sang partout. J’ai subi plusieurs opérations après. » Et son frère, implanté localement pour le RN, d’ajouter devant le tribunal : « Je me sens en sursis. Je me demande si mon engagement politique ne me met pas en danger dans la vie quotidienne. »

À la barre du tribunal, six jeunes hommes, tous membres des Ultramarines, groupe de supporters de l’équipe de football de Bordeaux connu pour de nombreux faits de violences, doivent répondre de leurs actes. À les écouter, l’histoire commence de la même façon. Réunis au Sherlock Holmes, pub où les Ultramarines semblent avoir leurs habitudes, les six prévenus affirment alors avoir vu un mouvement de foule partir de leur rue et se diriger vers le Mushroom Café, à 250 mètres de là. Tous racontent s’être greffés à ce groupe d’une trentaine ou quarantaine de personnes. « Parmi la foule, j’en connaissais certains », se justifie l’un d’eux. « Je suis curieux, donc j’ai voulu voir ce qui se passait », ajoute un autre, selon lui attiré par les cris. Un dernier se cache derrière une prétendue rumeur, non avérée à ce jour : « Il y avait une rumeur comme quoi une personne de type maghrébin s’était faite insulter qui circulait », assure-t-il devant la cour. Des justifications qui ne semblent pas convaincre la procureur. À l’un d’eux, la magistrate demande : « Il y a un mouvement de foule et vous suivez. Êtes-vous un mouton ? Si des personnes que vous connaissez courent, alors vous courez ? Si des personnes que vous connaissez se bagarrent, alors vous vous bagarrez ? » « Ce soir-là, oui, bêtement [j’ai été un mouton] », répond le prévenu.

Une mouvance antifa

Une fois arrivés devant le Mushroom Café, pour justifier leur entrée dans la bagarre, de nouveau, les prévenus assurent avoir suivi le mouvement. « J’ai vu des gens que je connaissais, j’ai voulu les défendre », lance le premier. « Sur ces images, on n’a pas le sentiment que vous avez une logique de défendre qui que ce soit », lui rétorque le président du tribunal. Le suivant abonde dans le même sens. « Je suis allé défendre mes potes bêtement », explique-t-il. Et un dernier conclut : « J’ai pété un câble, je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne suis pas quelqu’un de violent. » Cette version des faits finit par lasser le tribunal…

À aucun moment les mis en cause - qui réfutent toute organisation et préméditation, malgré la rapidité de l’action et le mot d’ordre de fin lancé par l’un d’eux - n’assument le mobile politique de l’agression, en dépit des éléments versés au dossier par Maître Dassa, l'avocat de Pierre Le Camus. Sur des photos et des vidéos dévoilées lors du procès, on voit au moins deux prévenus prendre la pose, lors d’une manifestation antiraciste, derrière un drapeau antifa. « C’est un hasard », se défausse l’un d’eux. « Ils n’ont pas de chance, ils sont toujours au mauvais endroit, au mauvais moment », chuchote quelqu'un dans l’assemblée, avec ironie. Pour Grégoire de Fournas, député RN de Gironde, il y a peu de doute quant au caractère politique de l’agression. « Ce n’est pas la première fois que les Ultramarines sont liés à la mouvance antifa », note le parlementaire, qui évoque au micro de BV les quelques banderoles antifas déployées lors de matchs de football et les cris caractéristiques. Avec sa collègue Edwige Diaz, comme lui députée de Gironde, Fournas demande donc la dissolution du groupe Ultramarines responsable de nombreuses violences. Il y a quelques jours encore, l’un des membres d'Ultramarine était impliqué dans l’agression d’un joueur de Rodez, conduisant à l’interruption du match.

Ce mardi, les avocats des parties civiles plaideront. Nul doute que le mobile de l’agression sera au centre des débats. Revanche ? Expédition punitive ? Réponse agressive à des propos prétendument provocateurs ? Ou violence gratuite ? La séance est suspendue.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

18 commentaires

  1. On peut déjà noter qu’il a fallu presque un an pour avoir un procès alors que dans l’affaire Trogneux, tout est bâclé en même pas un mois. On verra maintenant les peines, mais je suis certain qu’à ceux là on leur trouvera des circonstances atténuantes.

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