Avortement : Amy Coney Barrett, juge à la Cour suprême sans qui rien ne serait arrivé

Amy Coney Barrett

En rendant la liberté à chaque État américain de légiférer sur l'avortement, la Cour suprême a pris une décision historique. Premier acte, peut-être, d'une révolution conservatrice pensée, calculée et stratégiquement mise en place par Donald Trump, qu'il a salué ce 24 juin d'un « Dieu l'a voulu ! »

Le temps d'un seul mandat présidentiel, et saisissant l'occasion de nomination à vie de trois juges à la Cour suprême pour des sièges vacants, l'ancien président a réussi l'exploit de faire basculer la majorité de l'institution côté conservateurs. À l'heure où il est beaucoup question du droit des femmes, il en est une, dernière juge en date entrée à la Cour suprême, le 26 septembre 2020, Amy Coney Barrett, dont le parcours et la personnalité sont emblématiques.

Cette fervente catholique fait partie de ces 40 % d'Américains hostiles à l'avortement et totalement passés sous silence de nos médias (d’après un sondage Gallup, début mai, 55 % des Américains se revendiquaient « pro-choix », contre 39 % de « pro-vie » opposés à l’IVG). Éminente juriste aux compétences unanimement reconnues même par ses adversaires, Amy Coney Barrett est originaire de Louisiane, où elle a été élevée au sein d'une famille nombreuse par des parents catholiques. Elle a étudié le droit à la faculté de droit Notre-Dame-du-Lac, dans l'Indiana, avant d'y enseigner et d'obtenir, à trois reprises, le prix de « professeur émérite de l'année ». Nommée à la Cour fédérale en 2017, c'est auprès du défunt juge Antonin Scalia, le héros des conservateurs, qu'elle s'approprie la doctrine dite « originaliste », cette fameuse méthode d'interprétation du droit qui s'oppose aux évolutions législatives non conformes à l'esprit des pères fondateurs de la Constitution et sur laquelle se sont appuyés, ce 24 juin dernier, les juges de la Cour suprême pour renverser la jurisprudence Roe v. Wade.

Pour l'empêcher d'accéder à la Cour suprême, ses adversaires agitaient le spectre de son sectarisme religieux. Aujourd'hui, ils tentent de la faire passer pour une menteuse lors de son audition préalable devant le Sénat, lui reprochant d'avoir caché ses intentions. C'est mal connaître cette catholique romaine membre d'une communauté religieuse « People of Praise » qui réunit catholiques, luthériens, anglicans, méthodistes, pentecôtistes et chrétiens non confessionnels partageant un baptême et un enseignement commun, un engagement à s'aimer et à se soutenir. Elle n'a jamais fait mystère de son hostilité à l'avortement, de son attachement au mariage traditionnel, à la famille et à sa religion.

Amy Coney Barrett, qui a sept enfants (dont 2 Haïtiens adoptés et un enfant atteint de trisomie 21), est l'archétype même de ces femmes qui font donc mentir Emmanuel Macron, persuadé que les mères de familles nombreuses sont prédestinées à l'ignorance et à la bêtise.

Plus qu'un cerveau il arrive à ce genre de mère de famille d'avoir aussi un courage certain, car depuis leur décision, les juges de la Cour suprême sont la cible de propos violents sur les réseaux sociaux. Des menaces prises très au sérieux pour les prochains mois, selon notre consœur Gaëlle Baudry. Un bataillon de militantes « pro-choice » s'est rendu jusqu'au domicile d'Amy Coney Barrett pour lui déposer des poupées d'un goût douteux. Un événement dont nos médias n'ont pas parlé : il y a des violences faites aux femmes qui méritent les #MeToo et celles qui n'intéressent personne...

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Que je sache, le spectre de la Renonciation ne se profile pas en France.
    Laissons la Constitution tranquille, et commençons par la Respecter en de nombreux domaines.

  2. Enfin une VRAIE femme s’est levée au lieu de « s’écraser ». Bavo , Amy , vous nous redonnez espoir dans ce monde de fous…

  3. A la porte de Amy Coney Barrett, que de très jeunes femmes, des lycéennes pour la plupart, pour qui la maternité se résume à l’avortement. L’exemple même de la décomposition d’un monde, le nôtre.

    • Elles ignorent là pilules, le préservatif et autres stérilets ? Sans compter qu’elles pourraient manifester pour la pilule masculine! Concevoir pour avoir quelque chose à détruire. Des cerveaux pas finis à n’en pas douter.

  4. Ce qui donne raison à Macron , (dans l ‘ immense majorité des cas) , c’est L ‘HEURE !
    Car elle tend plutôt vers la Fin du TEMPS que son Avènement .
    Un peu de réalisme , le Grand Scénario c’est «  This is the End » , en plein dedans .
    On oublie trop souvent le côté eschatologique essentiel du Passage sur Terre , que d’ aucuns ont l’ ignorante tendance à tenter de prolonger à tous prix …

  5. La bêtise rend méchants et violents gauchistes et  »féminardes » : en colère contre leur propre médiocrité et contre le réel il leur faut des boucs émissaires. Les juges américains ont simplement dit que ce serait aux démocraties de chaque état fédéré de décider sur cette  »question de santé des femmes  ». C’est ça les USA, immense pays, depuis toujours. Pris au piège de leur propre bêtise les avorteurs écument de rage. Et ne répondent jamais à la question: l’enfant à naître est-il une tumeur ?

  6. La video est explicite : ces femmes portent dans leurs mains leurs enfants qu’elles viennent de sacrifier sur l’autel de l’égoïsme sordide . Iraient-elles en Afrique porter un tel message ?

  7. Ces féministes , la plupart jeunes, le regretteront un jour ! Un avortement n’est pas un acte anodin
    Quel médecin , acceptera de participer à un infanticide ? Je ne remets pas en cause l’avortement mais dans le respect de la loi Veil qui malheureusement a été dévoyée
    En tuant Dieu on a tué l’Homme, le sens du sacré a disparu, cette société part à la dérive !

  8. Ca me fait mal de l’avouer, mais sur le coup je suis d’accord avec Macron. Parfaitement éduquée, c’est à dire ayant un minimum de connaissances en mathématiques, régle de trois, savoir ce qu’est une croissance exponentielle. Dans des pays pauvres, avoir 8 enfants est suicidaire. Pas réellement suicidaire, juste inconscient, sachant pertinemment que de ces 8 enfants il est peu probable qu’une majorité arrive aux 40 ans. Famines, guerres, épidémies s’occuperont d’eux. Attendons l’hiver prochain…

    • Je ne vois pas bien ce que la règle de trois vient faire là dedans.
      On peut admettre qu’une femme « éduquée » pourra avoir une grande famille, mais ce sera par choix.
      Les autres devraient penser à la contraception.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois