Après les généreuses subventions, un nouveau bateau pour SOS Méditerranée

Navire Avenir. Au-delà de l’anagramme, ce nouveau bateau, bientôt affrété par SOS Méditerranée, permettra d’optimiser et accélérer les opérations de sauvetage en haute mer. Le chantier naval, toujours en cours, peut compter sur de nombreux soutiens publics et privés.

Accueillir 370 migrants

L’histoire de ce navire débute en 2020, dans le somptueux décor de la villa Médicis, à Rome. Sébastien Thiéry, politiste et cofondateur du Pôle d’exploration des ressources urbaines (PEROU), alors pensionnaire de l’Académie de France, travaille à faire inscrire les actes d’hospitalité au patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO. Au même moment, le Centre Pompidou-Metz, qui s’apprête à célébrer ses dix ans, le contacte pour qu’il propose une œuvre anniversaire originale. Le militant décide alors d’allier les deux projets. Après avoir œuvré pendant près d’une décennie avec son association pour « intégrer les réfugiés » à Calais ou Paris dans « une ville hostile », il décide de de voir plus grand. Aidé d’une cohorte d’architectes, d’« experts du sauvetage en mer » (comprendre : les militants de SOS Méditerranée), de soignants et de migrants, il décide de lancer la construction d’un nouveau bateau, totalement dédié au sauvetage en Méditerranée. Une fois les premières esquisses et plans réalisés, débute le chantier qui devrait prendre fin d’ici le printemps 2025, date annoncée de l’inauguration. Long de 69 mètres et large de 22,5 mètres, ce catamaran devrait pouvoir accueillir 370 migrants, une quarantaine de membres d’équipage, un hôpital de bord totalement équipé (premiers secours, oxygènes, gynécologie, cellules psychologiques…), une cuisine ainsi qu’un dortoir modulable.

Ce navire, qui sera confié à SOS Méditerranée dès sa mise à l’eau pour la somme de 14.000 euros par jour – soit le coût moyen quotidien d’une opération de l’association -, « ne doit être envisagé que comme le premier navire d’une flotte européenne voire mondiale », confie Sébastien Thiéry à nos confrères de La Provence. Le politiste voit grand et envisage déjà la construction de neuf bateaux similaires pour sauver et débarquer encore plus de migrants sur les côtes européennes.

Soutien financier

Avec une conception estimée à 800.000 euros et un budget chantier d’environ 30 millions d’euros, le projet bénéficie de nombreux soutiens. Outre l’appui du Centre Pompidou-Metz, le PEROU a organisé une levée de fonds afin de financer une part de la construction du bateau. Mais l’association peut surtout compter sur l’apport financier et matériel de mécènes (Lafayette Anticipations, FRAC…) et d’organismes publics. Lauréat de l’Institut français de Palerme, le collectif a pu, au printemps 2022, se concentrer sur la création du pavillon et sur les aspects juridiques de la mise à l’eau. Présenté comme une œuvre d’art, le projet Navire Avenir a également bénéficié du soutien du ministère de la Culture dans le cadre de l’appel d’offres Mondes nouveaux. Avec ce programme de soutien à la création artistique, les artistes peuvent recevoir une bourse d’étude allant jusqu’à 10.000 euros pour mettre au point leur œuvre. Une généreuse enveloppe qui a notamment permis au PEROU d’organiser une procession pour présenter la maquette du bateau. L’association devrait continuer à se tourner vers des acteurs publics et privés pour finaliser le financement du bateau.

Les promoteurs du projet assurent également que le bateau battra pavillon européen, une première pour SOS Méditerranée toujours à la recherche d’un État prêt à cautionner ses quelques entraves au droit maritime. À ce premier soutien de poids s’ajoute un partenariat avec l’Union européenne régulièrement mis en valeur par le PEROU.

SOS Méditerranée se réjouit déjà de la mise à l’eau annoncée de ce nouveau navire qui permettra à l’association de multiplier ses opérations de sauvetage. Avec plusieurs milliers de migrants rescapés à son compteur, l’association entend poursuivre ses actions dans la Méditerranée, quitte à créer un appel d’air migratoire sur les côtes libyennes.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 05/04/2023 à 20:02.
Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

37 commentaires

  1. « Il serait économiquement et moralement justifié, que les ONG « sans frontières » qui servent de transporteur en Méditerranée et qui assurent le marketing des trafiquants d’êtres humains entre les clients et la marchandise en Afrique et sur le marché européen, au lieu de dépendre de subventions publiques, puissent toucher un honnête pourcentage du prix exigé par les passeurs auprès de leurs clients.

    Ce serait plus conforme au droit international des affaires et pourrait même faire l’objet d’une directive de l’Organisation Mondiale du Commerce permettant de valoriser la caution morale qu’apportent ces organisations humanitaires occidentales pour le reste du monde ».

  2. On a reproché à un ministre de vouloir les renvoyer par charter, mais maintenant on va les chercher par paquebots entiers!

  3. Il faut vraiment se foutre du monde pour espérer nous faire encore croire que ce nouveau bateau permettra « d’optimiser et accélérer les opérations de sauvetage en haute mer ». Tout le monde sait qu’il s’agit d’accélérer l’invasion migratoire car nous avons tous vu les videos de soi-disants naufragés, tous équipés de gilets de sauvetage et sagement assis dans ces très grands « Dinghys » prévus pour ça… Tout ça filmé sur une mer particulièrement calme dont on évite soigneusement de montrer les côtes toute proches ainsi que les guignols qui croient encore pouvoir nous manipuler. Ces mascarades ne font plus recettes qu’auprès de la « ménagère (un peu crédule !) de cinquante ans » et de nos dirigeants européens qui rêvent d’une Europe multiraciale.

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