Antisémitisme : Sciences Po Paris hors de contrôle ?

IEP_de_Paris © Celette - Wikipedia

Rien ne va plus, à Sciences Po. Côté direction, la série noire continue avec l’annonce, ce 13 mars, de la démission de Mathias Vicherat, ancien camarade de promotion de Macron. Après s’être mis en retrait, mi-décembre, pour des histoires de violences conjugales, il avait repris son poste fin janvie. Mais son renvoi (ainsi que celui de sa compagne) devant un tribunal correctionnel l’oblige maintenant à démissionner de Sciences Po « afin de préserver l’institution ».

Une institution qui ressemble à un bateau ivre. Dans cette atmosphère d’interrègne, les étudiants s’en donnent à cœur joie. Mardi 12 mars, l’amphithéâtre Boutmy a été occupé par des activistes à l’occasion de la Journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine. Un communiqué de l’école relate des incidents avec des pudeurs de violette : « Un membre de la communauté étudiante a été empêché d’accéder à l’amphithéâtre. Des propos accusatoires ont été prononcés à l’encontre d’une association étudiante. » Ancien élève de Sciences Po, le député RN Jean-Philippe Tanguy fustige, sur X, la lâcheté des mandarins universitaires incapables de nommer l’antisémitisme. Car l’association concernée n’est autre que l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et la personne empêchée d’entrer, sa représentante.

Le témoignage de l’UEJF auprès de BV

« Identifiée comme juive - tout le monde se connaît, à Sciences Po -, elle a été bloquée à l’entrée de l’amphithéâtre, avec cette explication : "Non, les sionistes ne rentrent pas" », explique à BV Léa - elle ne donne que son prénom -, responsable presse de l’UEJF. Ça ne s’arrête pas là, comme elle nous le raconte : « Les orateurs ont alors déclaré que des membres de l’UEJF se cachaient dans l’assemblée, que ceux-ci allaient prendre les participants en photo et les envoyer à CNews ! D’où l’injonction de mettre des masques pour ne pas être identifié. Les quelques étudiants juifs qui étaient présents se sont retrouvés à visage découvert au milieu des autres, avec les mauvais regards qu’on imagine à leur encontre. » Sur l’estrade, le mot d’ordre est clair: « On ne laisse pas entrer les sionistes ! »

Une rhétorique antisioniste qui dissimule à peine son antisémitisme. Sciences Po en est le symbole, mais toutes les facultés sont concernées. « À Paris VIII, à Saint-Denis, il n’y a plus d’étudiants juifs, explique Léa. Partout, les étudiants juifs fuient les difficultés en changeant de master, de fac, ou se font faire des certificats médicaux pour ne pas assister aux cours, ou n’assistent qu’aux cours obligatoires, ou se mettent en alternance… » Latent auparavant, cet antisémitisme s'est brutalement révélé au lendemain du 7 octobre. Selon Léa, on peut lire sur les boucles WhatsApp de plusieurs promotions des phrases comme : « Les sionistes, faites-vous discrets ! »

Une fabrique des élites en faillite?

Pour l’UEJF, ces dérives ont une origine très politique. « Cet antisémitisme vient de groupuscules qui instrumentalisent la cause palestinienne, respectable en elle-même, analyse Léa. Cette attitude est influencée et validée par LFI, qui ne fait pas mystère de sa position. Les idées de cette minorité se diffusent auprès d’autres étudiants. »

Pour Emmanuel Macron, les propos tenus dans dans l’amphithéâtre Boutmy sont - comme toujours - « inqualifiables et parfaitement intolérables ». Mais au fait, cet amphithéâtre Boutmy, d’où tire-t-il son nom ? D’Émile Boutmy, le fondateur de l’école - un dreyfusard… Marqué par la défaite de 1870, il voulait aider à la création et à la formation d'« élites » aptes à gouverner. Esquissant le programme de cette école, il avertissait : « On tombe toujours du côté où l’on penche. » Après les deux directions du trouble Richard Descoings, décédé en 2012, et de Frédéric Mion, démissionnaire en 2021 à la suite de l'affaire Duhamel, Emmanuel Macron saura-t-il empêcher l’effondrement de Sciences Po en nommant un nouveau directeur ?

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Des gauchistes pro hamas soutenant les assassins et prêts à tuer des juifs. Retour aux années 30. Cette clientèle « d’ultra gauche macron deuxième tour  » est à vomir. Pas question pour les pleutres de renaissance de bouger un petit doigt ce sont leurs amis précieux pour lutter contre le RN.

  2. Quand il y a eu des attaques islamiques, on entendait partout et chez les médias en particulier : pas d’amalgame, surtout pas d’amalgame avec « nos » concitoyens musulmans. LFI en tête, ils criaient tous à l’islamophobie. Par contre, rien sur « le pas d’amalgame » en ce qui concerne « nos » concitoyens juifs. Là, c’est le silence complet de la part de LFI sinon pour stigmatiser tous les juifs en faisant l’amalgame avec ce qui se passe en Israël et le conflit palestinien. Aucun journaliste n’a soulevé ce point. Alors les Sciences Po et Cie s’en donnent à cœur joie. Ecœurant !

  3. L’antisémitisme est condamnable par les lois alors condamnons tous ces abrutis gauchistes pro hammas !

  4. L’endoctrinement est une méthode de la gesta Po.
    Tous ces gens sur l’estrade (vidéo vue à la télé) sont cachés courageusement derrière des masques, ainsi que beaucoup d’autres. La direction de Sciences Po peut -elle affirmer que ce sont bien des étudiants ?
    Après tout, beaucoup de fichés S dangereux sont sortis de prison grâce à Belloubet et au Covid (certains avaient pris 10 ans seulement). Pourquoi ne les retrouverait-on pas ici ?

  5. L’un de mes enfants a « fait Science Po ». J’en suis fier et je suis heureux que ça lui ait plu et servi. Mais nous sommes nombreux à avoir constaté dans notre entourage un changement très important de sa conscience politique et sociétale « à gauche toute » dès sa sortie … Donc l’endoctrinement reçu dans cette Haute Ecole de la République n’est pas un vain mot.

  6. Cette dérive de Sciences Po ne date pas d’hier. Elle est devenue particulièrement visible avec l’adoption du Wokisme par quelques décalés, militants agissants, soutenus en sous-main par la hiérarchie. Pour avoir pratiqué quelques étudiants en sortie de cette école, nous pouvons assurer qu’ils sont loin d’être la crème de l’élite. Leur première faiblesse, ils se font la grosse tête. Vous les placez face à une situation concrète, ils perdent les pédales, incapables d’une vision globale de leur affaire, se limitent donc au traitement du vernis immédiatement perceptible par le commun des mortels. Et ils prennent de haut toute remarque sur l’ébauche superficielle de leur approche. Pour l’entreprise, un mauvais investissement. Dans une promotion, il y a certainement des bons mais ils doivent se compter sur les doigts d’une main. Ces derniers débordements ne m’étonnent pas du tout.

    • A partir du moment où le concours d’entrée a été frelaté tout le reste en découle….Y entrent les gamins glandos des supposées « élites paisiennes et quelques chanceux de la discimination positive…..Problème, l’étiquette Science Po est toujours valide pour accéder aux « bons » plan surtout pour ls fils de riches qui ont de l’entregent (et autres Attal…) …..C’est pitié, cette école fut vraiment hors pair….avant quand c’était mieux….pour les gens normaux

  7. On sait très bien qui comment et pourquoi fait monter l’ antisémitisme en France ce qui est totalement intolérable et inadmissible. On sait très bien qui comment et pourquoi l’ insécurité est grave en France. Mais le politiquement correct de nos politicouards met la poussière sous le tapis pour ne pas se salir. L ‘ extrême droite n’ rien à voir dans cette ignominie là France est chrétienne et non terre d’ islam.

  8. « Non, les sionistes ne rentrent pas » !! Il faudrait rapporter ces propos au « député » Thomas Portes qui demande des preuves d’antisémitisme pour pouvoir les condamner !! Dire que « ça » c’est payé 7000€ par mois, avec en partie mes impôts, me donne envie de vomir.

  9. « inqualifiables » a dit Macron… mais si c’est qualifiable, c’est de l’antisémitisme ! et c’est intolérable et condamnable. Sciences Po Paris n’est pas le seul IEP à avoir viré depuis longtemps dans le wokisme, l’antisémitisme, celui de Grenoble a fait aussi la une des journaux en virant un enseignant jugé islamophobe par le noyau dur des étudiants et enseignants d’extrême gauche. N’est-il pas trop tard ?

  10. La gauche c’est le bien. La gauche soutient le Hamas. Le Hamas est le bien. Et vous voulez confier le pays à de tels simplets.

  11. Le label de qualité affiché de sciences po s’est délité dès que l’école a accepté des élèves ne passant pas le concours d’entrée qui était le sésame d’un niveau culturel certain.

  12. Un nouveau directeur ne sert à rien tant que les fauteurs de trouble ne sont pas virés . Encore une fois Macron se contente de ces belles paroles , entendues maintes fois mais jamais aucunes actions derrière pour remédier au mal , au cancer qui gangrène ce pays . Et nous savons tous qui sont les coupables .

  13. L’antisemitisme a visage decouvert … des rouges proches de staline et ses procès comme celui des médecins juifs et les milliers de morts qui ont suivi

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