C’est le site Next INpact, spécialisé en veille Internet, qui nous apprend la bonne nouvelle, le 5 mai dernier. En effet, « les notions de “liste blanche” et “liste noire” sont racistes », estime le NCSC. Précisons que ce NCSC n’est autre que le National Cyber Security Centre, agence dépendant directement du gouvernement britannique.

Ces vocables par lesquels arrive le scandale seront donc désormais remplacés par ceux de « liste d’autorisation » et « liste de refus ». Ce qui serait « plus clair et moins ambigu ». Plus « clair » ? C’est-à-dire, plus blanc ? Ou moins noir ? Citée par nextinpact.com, une certaine Emma W., « responsable des conseils et de l’orientation » du NCSC, rappelle ainsi : « Il y a quelques mois, une cliente du NCSC m’a contactée pour me demander si nous envisagerions d’apporter une petite, mais importante, modification à certains des termes que nous utilisons sur notre site. »

Et la lumière fut. Blanche ? L’histoire ne le dit pas. Emma W., encore : « Quand elle m’a posé la question, je me suis immédiatement cogné la tête pour ne pas y avoir pensé plus tôt. » De là à se faire des bleus et à déclencher la colère noire de la Ligue de défense des Schtroumpfs ? L’histoire ne le dit toujours pas, entre trous de mémoire et trous noirs, on imagine.

Alors que la planète, actuelle pandémie coronavirienne oblige, est en grande partie bloquée par une sorte de black-out – oups… de white-out, non ! Ou de machin-out, c’est plus sûr – et que s’annonce la grande récession économique, il est réconfortant d’observer que certaines citoyennes d’élite prennent enfin les véritables problèmes à bras-le-corps.

Mais alors, par quoi remplacer ces listes, qu’elles soient « noires » ou « blanches ». Des listes jaunes ? Attention, terrain miné, car pouvant faire rire jaune la minorité asiatique, laquelle pèse tout de même un peu plus d’un milliard de petits Terriens. Bref, ça ne serait pas blanc bleu. De quoi broyer du noir et attraper une angine blanche. De quoi, aussi, être rouge de honte ou vert de rage, au risque d’offenser la légitime sensibilité des communistes et écologistes qui sont évidemment nos amis, veillons à ne pas l’oublier.

Bref, c’est compliqué de vouloir tout bien faire en ne mécontentant personne. Au fait, pour passer dans un registre plus léger, car musical, l’hymne de James Brown « I’m Black and I'm Proud » pourra-t-il encore être diffusé sur les ondes ? Il est vrai que les Noirs refusant d’être assignés à leur noiritude pourraient se sentir à juste titre discriminés.

De même, il y a un paquet de groupes de rock qui vont devoir rectifier leurs raisons sociales. The Black Crowes, Black Sabbath et Black Flag devront-ils se rebaptiser ? Et quid de Whitesnake, The White Stripes et White Rabbits ? Quant à la trilogie cinématographique des Men In Black, voilà qui pose problème, puisque mettant en scène deux policiers, l’un qui est black et l’autre white. On proposerait bien cinquante nuances de gris, mais le titre est déjà pris.

En fait, c’est Johnny Hallyday qui avait raison, lorsque chantant noir c’est noir ! Il n’y a plus d’espoir, ajoutait-il même, et ce, non sans quelque raison.

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21 mai 2020 à 16:49

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