Anne Hidalgo : comment utiliser la crise sanitaire pour exister dans le paysage

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Elle a beau se rêver en recours de la gauche socialiste aux prochaines élections, Anne Hidalgo demeure Anne Hidalgo. Que voulez-vous, on ne change pas sa nature profonde, et la sienne, c’est : « Je, me, moi, je décide. » Et si ça râle, le maire de Paris a un argument tout prêt : on lui en veut parce qu’elle est une femme.

Moyennant quoi, elle n’hésite pas à envoyer ses adjoints au casse-pipe. C’est de bonne guerre et les sous-fifres sont là pour ça : « Je décide, il exécute », comme disait aimablement l’un de nos Présidents de son Premier ministre. On peut donc fort bien imaginer, supputer, supposer, présumer que la proposition lancée par son premier adjoint, la semaine passée, ne devait rien au hasard.

Jeudi dernier, suite à la conférence de presse du Premier ministre qui annonçait le reconfinement de Nice et Dunkerque pour la durée du week-end, Emmanuel Grégoire, son premier adjoint, proposait aux Parisiens un reconfinement strict de trois semaines, après quoi, disait-il, tout reprendrait comme autrefois. « La situation actuelle est la pire parce que ce sont des demi-mesures avec de mauvais résultats », disait-il à France Info. « On ne peut pas s’imposer de vivre dans une semi-prison pendant des mois », aussi la mairie s’apprêtait-elle, selon ses dires, à proposer ce confinement de trois semaines au préfet et à l'agence régionale de santé afin « d'avoir la perspective de tout rouvrir » après, y compris bars, restaurants et lieux culturels.

« Fadaises », a répondu le Premier ministre, énervé. En visite au Centre hospitalier de Nantes, il n’a pas mâché ses mots : « Vous avez entendu la mairie de Paris dire qu’il faut qu’on confine trois semaines et puis c’est fini. Mais vous savez très bien qu’avec les variants, etc., ce n’est pas possible. Il ne faut pas raconter des fadaises. Il ne faut jamais raconter des fadaises. » À la niche, le premier adjoint, et que ça saute !

On aurait pu croire que Mme Hidalgo prendrait la défense d’Emmanuel Grégoire. Ce serait mal la connaître. Obligé de rétropédaler en pleine côte, le fusible a dit qu’on avait mal compris, qu’il n’avait jamais été question de… Obligé de se couvrir la tête de cendres après s’être attiré les foudres des maires d’arrondissement, il tenait, lundi, une conférence devant ses « chers collègues » (en visio, qu’on se rassure). C’était « une déclaration précipitée », il allait faire pénitence, se mettre au piquet le bonnet d’âne sur la tête, copier cent fois « je dois tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler ».

Et pendant qu’il ramait, Anne Hidalgo l’enfonçait. Elle s’est fendue, lundi, d’une déclaration où elle qualifie carrément les propos de son adjoint de « fake news ». « Nous n’avons pas proposé de confinement strict de trois semaines. Dans le débat public qui s’ouvre, cette question-là est sur la table et il ne faut pas l’écarter, elle n’est pas un sujet tabou et je pense qu’on aurait tort de considérer qu’il y a des hypothèses qui par principe doivent être écartées mais ça n’est pas une hypothèse sur laquelle nous avons travaillé », dit-elle. D’ailleurs, elle a des propositions mirobolantes : « Organiser des cours à l’extérieur dans les parcs et jardins (sic), ouvrir des lieux (gymnases, musées, théâtres, maisons des associations…) pour permettre aux bacheliers et étudiants de réviser au calme. »

Le Parisien a enquêté auprès des lycéens : ça les fait doucement rigoler. Enquêté aussi à la mairie de Paris où l’on confirme que l’hypothèse d’un reconfinement strict de la capitale a bien été envisagée.

Quant à la presse étrangère, elle voit dans cette histoire une tentative d’Anne Hidalgo pour exister. Comme l’écrit le Frankfurter Allgemeine Zeitung repris par Courrier international : « La socialiste caresse l’idée d’une candidature à la présidentielle et cherche visiblement à gagner en visibilité dans la crise sanitaire. »

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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