Alexis Poulin : « Il y a un laisser-aller complet du gouvernement sur la gestion de la crise sanitaire »

alexis poulin

Le jeudi 27 août, le Premier ministre Jean Castex a tenu une conférence de presse, aux côtés d'Olivier Véran et Jean-Michel Blanquer, au cours de laquelle il a fait le point sur l'évolution de la situation sanitaire en France, à quelques jours de la rentrée.

Au micro de Boulevard Voltaire, réaction d'Alexis Poulin aux annonces faites par l'exécutif. Il dénonce « une communication volontariste », mais « une action désordonnée ».

 

 

Vous avez suivi la conférence de presse de Jean Castex et d’Olivier Véran. Ils déclarent la guerre au Covid-19. Cette rentrée s’annonce sous pression puisqu’on ne sait pas comment les enfants seront scolarisés. A priori, la France entière devrait être masquée en permanence.
On a l’impression que derrière un discours volontariste, il y a un certain manque de clarté.
Comment voyez-vous cette rentrée ?

Une fois encore, le gouvernement fait montre de communication volontariste et d’action extrêmement désordonnée. On se rappelle bien sûr du « nous sommes en guerre » d’Emmanuel Macron. Et puis là, on se rend compte qu’il y a eu les vacances et on a vu le président sur son jet ski, tout le monde prenait du bon temps et il ne fallait pas embêter les Français en vacances.
La rentrée sera extrêmement compliquée, à tel point qu’on ne sait pas comment les enfants seront accueillis dans les écoles. On a l’impression d’une démission générale du gouvernement et d’un laisser-aller complet avec des chiffres quotidiennement sortis du chapeau. On va reprendre une constance de presse hebdomadaire et non quotidienne pour sortir les chiffres du chapeau. Nous Français, nous n’avons pas l’impression de comprendre quelle est la stratégie du gouvernement. Va-t-on porter des masques pendant un an ? Quel est le plan pour que la France se remette de ce grand confinement qui met l’économie à plat ventre ?

L’été a été particulièrement difficile. Les faits divers toujours plus sordides les uns que les autres ont essaimé l’actualité. Le gouvernement s’est peu exprimé à ce sujet-là, hormis Gérald Darmanin qui a déclaré la guerre aux dealers et qui a saisi deux scooters hier. On a dû mal à saisir l’ensemble de la stratégie du gouvernement pour lutter contre cette insécurité.

Il n’y en a pas à part la communication. Gérald Darmanin est l’élève de Nicolas Sarkozy en la matière. Nicolas Sarkozy a été très fort sur les annonces. Il a été un des présidents qui a démantelé la police de proximité et qui a enlevé des moyens à la police durant son mandat. Il a d’ailleurs fait son mea-culpa en disant «  j’aurai dû en faire plus sur l’insécurité ». Il n’a rien fait et c’est bien dommage. Gérald Darmanin est dans l’effet d’annonce, dans la posture et dans la petite phrase, mais il n’est certainement pas dans l’action. À part, donner des amendes pour ceux qui ne portent pas de masques et ceux qui consomment de la drogue, ce n’est pas cela qui va faire peur aux dealers, bien au contraire. C’est rigolo de voir cette politique qui est tout sauf sécuritaire et tout sauf réelle. Je ne crois pas que les citoyens croient encore à ce blabla inutile. Un ministre de l’Intérieur ne devrait pas dire cela.

Une grande manifestation est annoncée le 12 septembre. On peine à savoir qui ne manifestera parmi les différents corps de métiers. Concrètement, cette année sera-t-elle un annus horribilis pour le gouvernement ? La contestation sociale reprendre-elle de plus belle ?

C’est un bon calcul de la part d’Emmanuel Macron de diviser avec des lois sanitaires qui ne prouvent pas leur efficacité. Masques ou pas masques, on divise la population et les uns vont frapper les autres. Certains vont dire que ceux-là sont criminels ou idiots. Cela ne coûte pas cher pour détruire la contestation sociale.
À la sortie du confinement, plus de 20 000 personnes étaient devant le tribunal pour défendre la famille Traoré. S’il s’agit de défendre les droits sociaux, je crois qu’on aura encore plus de monde dans la rue. Les gens ne sont pas dupes. À un moment, ces lois sanitaires liberticides n’ont pas lieu d’être à part filer la peur. Lorsqu’on regarde les chiffres, l’épidémie est toujours là et il va falloir vivre avec, mais cela ne sert à rien de faire peur et d’avoir une politique répressive, alors que derrière, des entreprises vont fermer boutique. Les gens ont tout simplement peur pour l’avenir parce qu’ils ont un président qui a passé l’été à Brégançon à faire du jet ski, à aller au Liban et à parler de la Turquie en Méditerranée. Visiblement, Emmanuel Macron découvre l’État du pays à la rentrée en disant «  il va falloir que je me réinvente » pour préparer 2022 avec des contrats aidés pour sauver les chiffres du chômage qui vont malheureusement exploser.

Alexis Poulin
Alexis Poulin
Co-fondateur du média Le Monde Moderne

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois