Agriculture française en berne : le Sénat pleure sur le lait versé…

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Il n’est jamais trop tard pour bien faire, tel qu’en témoigne ce récent rapport du sénateur LR de Haute-Loire, Laurent Duplomb, par ailleurs membre de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) qui a si longtemps fait à la fois pluie et beau temps sur le monde agricole. En effet, les conclusions du rapport en question sont sans appel quant à l’état de délabrement économique et existentiel de nos paysans, dont l’un se suicide tous les deux jours.

Au-delà des drames humains, les statistiques sont tout aussi cruelles : La France est passé « de deuxième à cinquième exportateur mondial en vingt ans », tandis que « le potentiel productif agricole s’érode d’année en année », notamment à cause de « la baisse du nombre d’exploitations ». Après, le mode de consommation des Français entre aussi en ligne de compte, qui auraient tendance à mieux manger pour consommer moins : « En vingt ans, la part de poulet importé et consommé par les ménages français est passé est passée de 20% à 50%, tandis que la consommation de poulet labellisé plafonne. » Les Français n’auraient donc plus les moyens de mettre du poulet français dans leur assiette… Mieux, les fruits et légumes consommés en famille ne représenteraient plus que 50% de la production hexagonale, le solde étant désormais l’apanage de producteurs étrangers. Pour résumer, la France importe désormais 50% des denrées alimentaires qu’elle consomme annuellement. Il est loin, le temps du bon roi Henri IV mettait tout en œuvre pour que ses sujets puissent manger une bonne poule au pot, chaque dimanche ; poule française, il allait alors de soi…

Néanmoins, pour intéressant que puisse être ce rapport, il dissimule nombre d’angles morts. Ainsi, rien n’est dit sur cet État ayant poussé naguère les paysans à s’endetter pour mieux se lancer dans une surexploitation de nos terres, à bases de pesticides et de plans quinquennaux tous plus soviétiques les uns que les autres. De telles méthodes nous permirent certes de devenir « le deuxième exportateur mondial », avant d’être aujourd’hui rétrogradé au « cinquième rang ». Mais ce sont désormais des méthodes toutes aussi coercitives qui somment les mêmes paysans d’en revenir à une agriculture plus raisonnable ; celle que leurs ancêtres exerçaient autrefois, avant d’écouter les conseils de ces technocrates distingués.

Il est vrai qu’un membre éminent de la FNSEA n’est pas forcément le mieux placé pour remettre en cause un système qu’il n’a pas été le dernier à mettre en place, pour le plus grand malheur de ceux dont le seul tort est de nous nourrir. Ensuite, demeurent trois grands absents de ce savant rapport.

Le premier ? Le rôle mortifère d’une grande distribution n’ayant pas son pareil pour étrangler les producteurs tout en faisant mine de protéger les consommateurs. Mais il est vrai qu’entre ce milieu interlope et ceux de cette droite donnée pour être de gouvernement, les liens sont aussi anciens qu’incestueux.

Le second ? Ces sanctions économiques infligées par la même technocratie à des pays tels que l’Irak ou la Russie. Avant la première guerre du Golfe, en 1990, nos éleveurs exportaient massivement leurs poulets en ce pays, avant que cela ne leur soit interdit. Pareil pour une Russie qui, naguère, achetait massivement nos produits agricoles, avant que cela ne devienne passible des foudres de la loi.

Le troisième ? Il est bel et bien beau d’exiger des Français qu’ils mangent enfin français. Mais faut-il encore en avoir les moyens. Un poulet, pour ne citer que ce seul exemple, n’est pas donné et on ne saurait en vouloir à nos compatriotes les moins fortunés de privilégier le prix plutôt que la qualité. Car telle est aussi l’ADN du commerce sans limites ni frontières : obliger les chômeurs d’ici à consommer des produits fabriqués par les esclaves du lointain. Ne demandons pas aux sénateurs LR d’en finir avec un libre-échange par eux jadis fondé avec leurs compères socialistes…

Ces choses dites, le rapport de Laurent Duplomb demeure malgré tout salutaire ; même s’il n’empêche que les pyromanes ne sont pas forcément les mieux placés pour jouer aux pompiers.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

26 commentaires

  1. On se demande qu’est ce qui fonctionne encore en France ?? Qu’est-ce qu’ils n’ont pas saboté ? Et pourquoi accueille-t-on autant de populations supplémentaires sur un champs de ruines industrielles? et une agriculture qui défaille !
    Quand , parallèlement, on s’escrime à accueillir toujours plus de monde à travers nos loi du regroupement familial et notre accueil de migrants. Pour quoi faire? A quoi seront destinées ces populations supplémentaires? Je veux que l’on m’explique !
    Parce que c’est une chose de dire qu’il y a du complotisme ou de du conspirationnisme, mais il ne faut pas les déplorer, tout en les entretenant !

  2. J’aime (ironie) ces petiytes piques sur l’Union Soviétique et la Russie..;

    (pas sur l’Ukraine qui a vendu ses meilleures terres agricoles à des Magnats américains?

    A par cela, M Gauthier parle de quoi?
    « La Russie a définitivement mis fin aux kolkhoz et sovkhoz, mais réservant la propriété des terres agricoles aux seuls ressortissants russes.
    « Les citoyens étrangers, les entités juridiques étrangères et celles dont la majorité du capital est étranger ne peuvent que louer la terre à destination agricole »

    C’est cela qui dérange?

    Oui, sans doute, car nous, comme les ukrainiens, on vend aux chinois, aux américains à n’importe qui, c’est soit disant normal.

  3. Seule et jeune veuve avec 4 enfants dont 3 en bas âge, mon arrière grand’mère , dont ce n’était pas le  » métier » d’origine, menait à bout de bras une ferme laitière ( =>fromage de comté dans le Doubs) avec : 10 vaches, le cheval, 10 hectares, 1 verger, une vigne et un potager, au tournant des années 1900 avant la catastrophe de la guerre de 14 qui lui a enlevé 2 fils et éborgné le troisième ; Avec ce  » patrimoine terreux/terrien animalier » seul, elle a réussi en 1905 à se faire construire une 3ième et nouvelle ferme (habitation) imposante et parfaitement fonctionnelle pour l’époque, et ses armoires débordaient de linge et de dentelles ! Pour sûr, elle n’était pas contrainte de faire des paperasses et de l’ordinateur sur son emploi du temps, ni d’acheter du matériel et des véhicules hors de prix.! Ses vaches mangeaient de l’herbe, de la luzerne et du foin bien naturels et son cheval , de l’avoine.. .

  4. Pour sauver l’agriculture nous avons autorisé les agriculteurs à vendre à perte (ce qui est illégal) et à se suicider (ça on s’en fiche dans les banlieues et chez les bobos). Nous avons conseillé aux agriculteurs de « monter en gamme » pensant que tout le monde allait pouvoir se payer du bio plus cher et pas meilleur (disons le). Les cantines en bio : une belle bêtise puisque ce n’est pas meilleur mais plus cher à un moment où les communes sont fauchées. Nous avons interdit les fermes de 1000 vaches qui existent en Allemagne et en Ukraine. C’est la seule solution pour avoir du lait bon et moins cher (par une péréquation ces grandes fermes rentables pourraient aider à subventionner les fermes moins rentables mais indispensables en montagne et ailleurs). Nous avons interdit le glyphosate pas dangereux mais condamné par les bobos ultra gauchistes : condamnation politique mais pas scientifique. Nous avons complexifié à l’extrême la vie des agriculteurs français accusés en plus de tous les maux. Pour nourrir les Français il faut produire en grande quantité, pas cher et acheter aux agriculteurs les produits agricoles au-dessus du coût de production. En conclusion nous avons tué ceux qui sont sensés nous nourrir, merci à tous les gouvernements incompétents qui nous font manger polonais, brésilien, allemand, marocain, espagnol voir sud-africain ou chilien

    • Ajoutons à cela le coût du travail en France, très supérieur à ce qu’il est dans les autres pays agricoles de l’UE.

  5. La France a accueilli beaucoup d’africains et orientaux qui ne trouvent pas dans la production agricole française les produits dont ils ont besoin ( trop chers ou trop français).

  6. Tant qu’un poulet élevé au Brésil coûtera la moitié du prix d’un poulet élevé en Bretagne à 500 m à vol d’oiseau de la cantine scolaire à laquelle il devrait être destiné, il n’y aura pas de solutions.

  7. Cette situation est la conséquence voulue de la mondialisation. Les importations font la fortune des multinationales de l’agroalimentaire qui sont incontournables pour que nous puissions simplement manger à notre faim. Plus les contraintes imposées à nos agriculteurs augmentent, plus la libre concurrence de produits issus de pays aux règles sociale et environnementales faibles permet de favoriser les importations avec des marges de plus en plus importantes. Nous sommes sous une dictature des marchés.

    • Très juste. Mondialisation effrénée et règles imbéciles de la PAC ont ruiné la France et son énorme potentiel de production !

  8. Vous oubliez une population de plus en plus nombreuse qui fait ses courses dans des « magasins spécialisés » !
    Leur mode de « fraternité » est autrement plus développé que le nôtre et ils s’approvisionnent en produits de chez eux conformes à leur culture vendus par des gens de leur communauté. Si vous fréquentez les marchés vous avez du rapidement vous rendre compte d’où proviennent une très grande majorité des produits.

  9. Le gamin Macron n’est pas un Pompidou. Il ne lui arrive même pas à la cheville. Certains fustigent les boomers, ces heureux qui auraient profité d’une période favorable, prospère. C’est négliger deux facteurs volontairement ignorés. Une gestion remarquable du Chef de l’Etat et de ses équipes dans une France encore souveraine, sans entraves majeures. Et le courage des français au travail : la semaine n’était pas de 35 heures mais de 47.5 heures pour les salariés, jours et nuits, à 60/70 heures pour l’encadrement. Et pas de Burn out.

  10. Merci à Nicolas Gauthier de mentionner les sanctions entre autres agricoles infligées à la Russie en 2014 suite au rattachement de la Crimée. Résultat des courses, l’agriculture française a été fortement pénalisée alors que la Russie s’en est très bien accommodée, ce que nos médias mainstream « oublient » toujours de rappeler. Décidément, les commissaires européens en général, les dirigeants français en particulier, ont toujours l’art de se tirer des balles dans les deux pieds. Encore bravo !

  11. Il y a un facteur responsable de cette catastrophe et dont personne ne parle : l’idéologie Socialiste et ses variantes écologistes, communistes et autres, selon les pays Européens, qui depuis 1981, saborde la France !

  12. Nos agriculteurs sont surtout tués par la règlementation, petit fils d’agriculteur, j’ai vu la dérive des normes imposées aux travailleurs de la terre, dans les années 50 mon grand père faisait vivre 6 familles sur ses terres (fermiers et métayers) , et tout le monde vivait correctement, à ce jour sur la même surface de terre , vit une famille et pas très bien, voilà ce que moi je vois, même si la terre n’est pas mon métier.

  13. IL faut que les sénateurs, les députés et tous ceux qui « nagent » dans les coulisses de macron comme le gouverne-et-ment ou les cohortes de « conseillers » soient rémunérés avec le même pourcentage de revenus par rapport aux heures travaillées que les agriculteurs … Et ce n’est même pas sûr qu’ils comprennent la leçon économique !
    Ces politicards sont en train de fracasser la France et sa souveraineté dans tous les domaines depuis des décennies et ils continuent en vomissant « les français ne comprennent pas que c’est pour leurs biens que nous mettons en place ces politiques car nous leurs garantissons une souveraineté de chaque instant » …
    Quand est-ce que les français vont comprendre ? Quand tous ceux qui ont un compteur Linky verront qu’ils ont des coupures électriques « à cause de la guerre en ukraine » ou qu’ils mangerons des « cailloux » pour la même raison ?
    Stop ou encore ?

  14. Mais c’est voulu. « La France n’a pas de pétrole mais des idées. », « L’agriculture c’est l’or vert. ». Faut pas venir nous dire que les grosses têtes, qui nous dirigent, ignoraient ce dont ils dirigeaient notre pays. Que l’on vienne nous culpabiliser que nous travaillons pas assez alors qu’il y a plus de 3 millions de personnes sans emplois, plus de 2,3 millions à activité réduite et ce de personnes capables de travailler, on ne compte pas la population majeur divers qui vivent sur le territoire sans travailler. Combien de personnes de plus 50 ans sont en préretraite. La dés industrialisation, phénomène voulus ou subit. Que dire de certains pays Européens semblable à nous mais qui ont gardés leur industrie.

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