Affaire McKinsey : « Que ça aille au pénal. » Chapeau, l’artiste !

MACRON

« S’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal. » Voici la réponse d’Emmanuel Macron quand on lui parle de scandale d’État à propos de l’affaire McKinsey. Une façon de botter en touche et de jeter un écran de fumée sur les millions d’euros perçus par les cabinets de conseil, notamment McKinsey, durant son quinquennat. Invité de « Dimanche en politique », sur France 3, le Président-candidat était visiblement énervé lorsqu’il a été interrogé sur cette affaire.

Pour se défendre, le Président-candidat n’a pas hésité à enfoncer les portes ouvertes : « Aucun contrat n’est passé dans la République sans qu’il respecte la règle des marchés publics. » Heureusement, est-on tenté de dire, il ne manquerait plus que ça ! Et d’ajouter : « Mise en concurrence, transparence, responsabilités de celles et ceux qui signent. » Comme ce n’est pas lui qui signe et qu’il est constitutionnellement irresponsable, traduire : « Ce n’est pas la peine de venir me chercher. » Tiens, d’ailleurs, sa phrase « Que ça aille au pénal », du ton provocateur qu’on lui connaît, n’est pas sans nous en rappeler une autre, au temps de l’affaire Benalla, reléguée aujourd’hui au rang d’histoire ancienne qui n’intéresse plus personne. C’est légal, donc, il n’y a rien à dire. Argument qui nous rappelle une autre affaire touchant aussi la Macronie : celle des Mutuelles de Bretagne avec Richard Ferrand – là aussi, une histoire qui remonte à l’Antiquité, le monde tournant tellement vite, vous savez. Christophe Castaner, alors porte-parole du gouvernement, avait déclaré, en mai 2017 (la période bleue du règne) : « Une chose est sûre : il n’y a rien d’illégal, il n’y a rien qui ne serait pas moral. » En déroutant le problème sur le plan strictement juridique, Emmanuel Macron jette son premier fumigène sur cette affaire McKinsey.

Le deuxième fumigène (rappelons qu’un fumigène a pour fonction d’enfumer) lancé par le candidat-Président est d’affirmer que cet appel à des cabinets de conseil n’a rien de nouveau et qu’on ferait bien d’aller voir ce qui s’est fait avant. « Je ne suis pas persuadé que, sous ce quinquennat, il y a eu moins [Emmanuel Macron a voulu dire « plus ». Lapsus révélateur ?] de contrats que sous certains autres, y compris de ceux qui nous attaquent aujourd’hui. » Suivez mon regard… Notons que le chef de l’État dit « Je ne suis pas persuadé que » et non « J’ai la certitude… » Manque de chance, le rapport du Sénat, rendu le 17 mars, affirme que les contrats avec ces cabinets avaient plus que doublé entre 2018 et 2021. 2021 serait une année record : un milliard d’euros ! Soit, pour donner quelques éléments de comparaison, en gros, le quart du budget du ministère de la Culture ou encore l’équivalent (à cent millions d’euros près…) des économies attendues de la réforme des APL, comme l’avait claironné Emmanuelle Wargon devant le Sénat, en novembre 2021. Tiens, d’ailleurs, il paraît que cette réforme avait été concoctée par McKinsey. Rien ne se perd, tout se transforme ! Mais soyons honnêtes, ce cabinet n’a empoché « que » 3,88 millions d’euros pour concocter cette réforme. Une paille au regard des économies escomptées en faisant les poches de ceux qui bénéficient de cette allocation.

Troisième fumigène d’Emmanuel Macron : c’était la guerre (du Covid). Désormais un grand classique. « Quand tout le monde est sur le pont », que ça dormait sur des lits de camp dans les bureaux des ministères, il a fallu faire appel à du renfort, à toutes les compétences, à toutes les bonnes volontés, aussi. Et d’évoquer l’appel aux réservistes, aux bénévoles, histoire de faire pleurer dans les chaumières. Mettre dans le même élan solidaire les cabinets de conseil, les réservistes et les bénévoles dont le coût de prestation devait être un tantinet plus bas, il fallait oser. Il a osé !

Quatrième et dernier fumigène : McKinsey n’a pas payé l’impôt sur les sociétés ? « Je me bats depuis le début de mon mandat pour que toutes les entreprises qui travaillent en France, qui font des bénéfices en France, payent l’impôt. » « Mais ce n’est pas le cas visiblement », ose avancer le journaliste qui frôle le crime de lèse-majesté. Réponse à tout : « Mais non, parce que les règles n’étaient pas celles-ci... » Je me suis battu à l’international, avec Trump, ça n’a pas pu se faire (évidemment !), avec Biden, on a pu (re-évidemment !). Et, brochant sur le tout : « L’Europe est en train de le transcrire » [ce changement de règles]. Chapeau l’artiste !

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

64 commentaires

  1. Et oui, il a raison, il faut aller au pénal, on aimerai bien connaître les agissements de Macron dans de nombreuses affaires louches depuis 2012, nous avons affaire à un ancien banquier dans le regroupement d’entreprises, un milieu qui n’est pas celui d’enfants de coeur et qui doit surtout rapporter à la banque. Dans tous les cas, élu ou non (je ne souhaite que ça) il faudra qu’un jour il rende des comptes et le plus tôt sera la mieux.

  2. Aurait-il enfin compris que les ressorts placés sous son siège sont en train de se renforcer et qu’ils ne vont pas tarder à se détendre.
    Il ne va pas tarder à se retrouver coller au plafond .

  3. Le portrait de l’individu est conforme à son statut de psychopathe : ce qu’il est vraiment : méprisant, insultant, imbu de lui-même, une caricature d’inhumanité, aucune empathie n’émane de ce personnage qui surjoue les élans du coeur dont on se demande s’il n’a pas une prothèse à la place.

  4. L’art de détourner le propos. Il ne s’agit pas de malversation, mais d’incompétence. Comme il n’aime pas la France et les français, il n’aime pas non plus les fonctionnaires qui servent la France. De juteuses théories de conseils privés sont pour Macron plus crédibles, plus modernes, plus fiables. Cet individu est à vomir…

  5. Ce mythomane serait à 30% d’intentions de vote dans les sondages au 1er tour ?
    Allons….avec le logiciel Dominion, peut-être. Mais en toute transparence et en parfaite légalité, je n’y crois pas. J’espère que l’opposition va dépêcher du personnel dans chaque circonscription pour contrôler la sincérité du scrutin.

  6. Il a décidé cela (les conseils de Mc Kinsey) pendant son quinquennat de Président, donc il y a immunité. C’est donc encore une imposture, un enfumage. Il ne peut en aucun cas être accusé. Cité comme témoin Oui….Mais pour ces frais et financements de Campagne, là il y aurait beaucoup à aller fouiner ! et l’UMP de Sarkozy serait un enfant de choeur à côté, il parait !

  7. Mais sa place est en prison pour fraudes , manipulations , mensonges , destruction , incompétence , crimes et j’en passe ….

  8. Cela ressemble à l’affaire Benalla « qu’ils viennent me chercher »… le magicien de la finance surtout fort pour dépenser l’argent public qu’il n’a pas nous enfume en ce moment avec l’Ukraine. Comme si ses discours pouvaient influencer Poutine qui a parfaitement compris à qui il avait à faire.

  9. Le vernis craque et il va craquer définitivement ! Il est grand temps qu’il parte. Il faut voter contre macron

  10. Et bien oui que cela aille au pénal !!!! J’attends avec impatience et surtout inquiétude quand on voit nos juges et surtout nos lois, j’ai bien peur d’attendre longtemps…..

  11. J’espère qu’un jour, Mac Kinsey, tout comme Alstom et le voyage à Las Vegas iront au pénal. Pour le moment, le procureur de Paris étant un affidé de Macron, ce dernier ne risque rien.

  12. « S’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal. »!!

    N’a-t-il pas dit, aux pires moment des gilets jaunes :  » Qu’ils viennent me chercher » !!

    Pas folle, pas courageuse et pas téméraire la guêpe qui s’apprêtais à monter dans un hélicoptère pour être évacué comme un trouillard. Je doute fort, à ce sujet, lui qui en plein la bouche de Zélinsky, qu’il eût agit comme lui dans un conflit opposant la France et un autre pays limitrophe.

  13. Des décisions qui seraient passibles des tribunaux. Il y aurait contre Sarkozy le Traité de Lisbonne qui s’est assis sur le résultat du referendum européen. Contre Hollande, il y aurait la pétition de 700000 noms au Conseil Economique et Social, demandant un referendum sur le mariage pour tous, passée par profits et pertes. Pour Macron, il y a Alstom, la fermeture de Fessenheim et maintenant Mac Kinsey . Pas étonnant que la démocratie soit en lambeaux ! Chacun y a mis du sien.

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