ABCD de l’égalité : Jean-Michel Blanquer contre Najat Vallaud-Belkacem
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Non content de détricoter la réforme du collège de son prédécesseur, voici que le ministre de l’Éducation nationale dénonce les ABCD de l’égalité. Vous vous souvenez de cette expérimentation mise en place par Vincent Peillon, sous l’instigation de Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des femmes ? Les rumeurs les plus folles couraient sur les travaux pratiques auxquels elle donnait lieu. Elle suscita tant de remous qu’elle fut abandonnée en 2015. Mais les extravagances idéologiques, en matière d’égalité et d’éducation sexuelle, n’ont pas encore toutes disparu.
À la source du débat, une confusion entretenue entre la lutte légitime contre les inégalités filles-garçons, notamment dans leurs choix d’orientation scolaire, et la volonté de « déconstruire les stéréotypes de genre ». Najat Vallaud-Belkacem eut beau répéter que la théorie du genre, ça n’existe pas, les faits, comme on dit, sont têtus. Les mots aussi.
Dès juin 2012 – elle était pressée, la petite ! –, on peut relever dans la lettre de mission à l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) commandant un « rapport sur l’égalité entre les filles et les garçons dans les modes d’accueil de la petite enfance » des propos sans ambiguïté du ministre des Droits des femmes : "Les places et rôles des hommes et des femmes, le féminin et le masculin sont avant tout des constructions sociales et il importe d’analyser comment, dans une société, s’élabore la différence des sexes et se construisent le féminin et le masculin, notamment à l’usage des enfants."
Mélange volontaire du combat contre les inégalités et de ce qu’il faut bien appeler l’idéologie du genre !
Jean-Michel Blanquer dénonce cette lubie dangereuse. Interrogé sur France Inter, il a déclaré que les ABCD de l’égalité, ce n’était pas la bonne solution : il fallait plutôt apprendre aux enfants "le respect d’autrui". Ce n’est pas en clivant les parents ni en introduisant insidieusement à l’école un débat sur le genre qu’on œuvre pour une plus grande égalité entre les filles et les garçons.
Au lieu d’apprendre aux élèves qu’ils peuvent changer de sexe, mieux vaudrait évoquer ces grandes figures féminines qui ont marqué notre Histoire. Au Moyen Âge, dont Régine Pernoud a montré la richesse méconnue. Au XVIIe siècle, avec Madame de Sévigné ou Madame de La Fayette – eh oui, Nicolas, il faut lire La Princesse de Clèves ! Ou encore Marie Curie, et toutes ces femmes qui ont fait progresser la science.
Mais Jean-Michel Blanquer a du pain sur la planche, s’il veut faire triompher le bon sens. Suggérons-lui de dénoncer aussi des sites qui eurent l’aval des autorités, pas seulement de gauche. Comme la Ligne Azur, qui noua un partenariat avec l’Éducation nationale en 2009, quand Luc Chatel était ministre. Ou, pire encore, Onsexprime, conçu sous l’égide de Santé publique France, agence dépendant du ministère chargé de la Santé, où l’on peut lire, entre autres, ce conseil d’emploi du préservatif à destination des adolescents : "Si, dans le feu de l’action, tu n’arrives pas à ouvrir l’emballage, que tu as du mal à le mettre, ça peut casser l’ambiance. Alors, avant, entraîne-toi, seul dans ta chambre, à le mettre et à jouir dedans.". L’école n’est-elle pas un « lieu de vie » ?
Le Président Emmanuel Macron a déclaré l'égalité entre les femmes et les hommes « grande cause nationale » du quinquennat. Ce n’est pas ce genre d’annonces de circonstance qui fera avancer la cause des femmes. Il ferait mieux de rendre hommage au savoir et de le remettre au centre du système éducatif. Car c’est par le savoir qu’on se débarrasse des préjugés et qu’on apprend la tolérance et le respect de l’autre.
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