A-t-on le droit de ne pas encadrer le Président ?

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La question mérite qu’on en débatte. Autre question qui rentre dans le même cadre doré à l'or fin : le portrait officiel du président de la République est-il un symbole de la République ? Pourquoi pas, d’ailleurs, la création d’une commission ad hoc, d’un comité Théodule, Haut, consultatif et forcément d’experts ? Avec cette fâcheuse manie qu’ont certains écologistes et autres gilets jaunes de décrocher le portrait officiel d’Emmanuel Macron de nos mairies, le problème doit être pris au sérieux. Et rapidement.

On ne reviendra pas sur la décision du tribunal de Lyon de relaxer deux « décrocheurs de portrait » au motif de l’urgence climatique. L’acte de ces militants, un vol caractérisé, se justifiait, selon le juge, car ils agissaient « dans le cadre d’un devoir de vigilance critique ». Tout à été dit, semble-t-il, sur cette décision et sur notre Justice quand elle veut bien se donner la peine incompressible (ou incompréhensible) d’être militante. Il faut croire qu’elle est bien indépendante du pouvoir. Indépendante de l’air du temps, surtout s’il est présumé devenir irrespirable ? Cette affaire semble démontrer le contraire. Et cette décision n’illustre-t-elle pas que la religion écologiste est en train de supplanter la religion républicaine ? « Que les vieilles cérémonies cèdent la place au nouveau rite », chante-t-on dans le Tantum ergo ! Encore une question que la même commission ad hoc pourrait, du reste, aborder.

Et on revient à cette question essentielle : le portrait officiel du Président est-il un symbole de la République ? Le drapeau tricolore, la devise « Liberté, Egalité, Fraternité », « La Marseillaise », Marianne (qu’elle soit en marbre, en plâtre ou en chocolat), le Grand Sceau de France qui représente, non pas Marianne comme on le pense souvent, mais une Junon assise, incarnant la liberté, sont des symboles de la République. Pas le portrait du Président.

Or, un épisode inédit de la fronde des portraits s’est produit ce week-end. Le maire LR de Vienne (Isère), Thierry Kovacs, a prêté le portrait officiel de sa mairie aux gilets jaunes. Une décision effectivement discutable quand on sait que ce portrait a été trimbalé dans les rues de la ville à l’occasion d’une manifestation la tête à l’envers. Ce maire devait bien se douter qu’on n’allait pas l’arborer comme le portrait de Staline, à la meilleure époque, dans les rues de Moscou, ou faire répandre des pétales de roses à son passage par de charmantes jeunes filles, comme au bon vieux temps où l'église était au milieu du village.

Néanmoins, fallait-il pour autant que la candidate de La République en marche à la mairie de Vienne, une certaine Florence David, en rajoute dans l’emphase ? Citons-la : « Ce n’est pas le gouvernement que je défends mais les symboles de la République, que le maire LR sortant a décidé de les (sic) jeter en pâture aux gilets jaunes. » Le portrait du Président érigé en Saint-Sacrement républicain ? Il est vrai qu’Il voulait incarner. Notons, au passage, que les gilets jaunes sont en quelque sorte bestialisés : la pâture n’est-elle pas la nourriture que l’on donne aux animaux ? Cela dit, Christophe Castaner au plus fort de la crise des gilets jaunes avait osé le mot  « brute ».

Question byzantine et peut-être iconoclaste : un selfie avec le Président Macron, sorte de magie moderne comparable à la guérison des écrouelles, ne doit-il pas être, lui aussi, considéré comme une sorte de symbole de la République ? Le symbole d'une République de l'instantané.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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