Bouleversement anthropologique ? Non : retour avant Clovis !

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Il y a vingt ans s’éleva une de ces polémiques dont la France a le secret, lors de la visite pastorale de Jean-Paul II, venu fêter, à Reims, l’anniversaire du baptême de Clovis. En cause : le caractère « politique » du voyage du pape et son coût payé par le contribuable. À l’élan révolutionnaire répondit un élan de liberté : des milliers de Français firent route vers Reims. Il fallut fréter des centaines de cars supplémentaires. Le soir, presse et télévision dénonçaient, entre autres sujets, « le modèle » du mariage catholique.

La même année, un historien, Michel Rouche, sortait un livre, Clovis, sur ce général d’armée romaine du VIe siècle qui, par son mariage avec Clotilde et son baptême, mit un terme, en Gaule, à la matrilinéarité germanique, ce mode de descendance par les femmes où la paternité n’est qu’un lien parmi d’autres, charnel ou symbolique. Avec cette loi de la PMA, c’est bien à une matrilinéarité germanique que nous reviendrions dans notre Code civil français.

Donc, outre que Macron met ses pas dans ceux de son prédécesseur, ce projet de filiation revient, tout simplement, à des coutumes archaïques, source de violences (dont témoignent les opéras de Wagner), qu’avait balayées le droit romain, source de notre droit - le plus performant d’Europe.

L’écologie « intégrale » est devenue la religion universelle de notre planète. En 2019, ne s’agenouille-t-on pas partout devant une grande prêtresse de 17 ans ? Or, l’écologie est aussi une philosophie politique relevant de l’économie. Et PMA et GPA ne font qu’obéir à la loi du marché de la procréation. Ne parle-t-on pas de « banques de sperme » ?

Le mariage monogame occidental, lui, pierre angulaire de la civilisation gréco-latine, fut un puissant dispositif de stabilité sociale.

Avec la loi Taubira, il n’y a aucune raison, dit Jean-Pascal Gayant, professeur de sciences économiques, dans Le Monde du 15 août, « de ne pas voir émerger des revendications d’unions de plus de deux personnes ». Avec la loi de la PMA, c’est tout simplement la multiparentalité qui fait « un singulier retour par la petite porte de l’histoire ». C’est envisageable : mais qu’on le sache. Pas besoin de pincer toutes les cordes - sentimentale, métaphysique, religieuse - et d’imaginer un nouveau droit pour nous casser la tête, et la tirelire de l’État.

Vivons-nous une révolution anthropologique ? Bien sûr que non ! Il faudra toujours du mâle et de la femelle pour faire de l’homme. En revanche, nous risquons de vivre incohérence et discorde dans la société. En fondant une société sur la descendance de l’homme et de la femme et non sur celle de la mère seule, Clovis « faisait sortir les enfants de l’indistinction et de la proximité incestueuse de la famille large par l’omniprésence du père séparateur ». Cette loi de filiation sacrerait un retour en arrière. Le 6 octobre, à nos ballons !

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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