A l’Assemblée, sur le pouvoir d’achat : l’intérêt du peuple à l’épreuve des intérêts politiques

argent

C’est un projet de loi ô combien symbolique qui agite les bancs de l’Assemblée nationale, depuis plusieurs jours : les 577 députés débattent de la loi Pouvoir d’achat censée adoucir le choc de l’inflation galopante et aider les Français en grande difficulté économique. Parmi les mesures présentées par le gouvernement et sa majorité, le triplement de la prime Macron, la revalorisation des « prestations sociales », la « protection du consommateur » ou encore la « souveraineté énergétique ». Un projet de loi finalement assez vague, sans réelle mesure symbolique ou concrète. Du pain bénit pour l’opposition consciente que l’exécutif est prêt pour le bras de fer.

« On entre dans le dur », déclarait Élisabeth Borne, en début d’après-midi. Le Premier ministre en a appelé à l’esprit de responsabilité des oppositions et à la trouvaille de compromis. « Un enfumage », pour la NUPES. « Ce gouvernement n’a rien appris », déplore, de son côté, Marine Le Pen. À gauche de l’Hémicycle, on reste campé sur la revalorisation du SMIC et l’augmentation des salaires. Dans la majorité, on plaide pour les primes. Au RN, on ne change pas de cap. La consigne est claire dans le groupe présidé par Marine Le Pen : « Notre ligne, c’est notre programme, pas les positions des uns et des autres ».

NUPES-RN : le duel du valet !

S’accuser mutuellement et à tour de rôle d’être les alliés objectifs de la majorité, tel semble être le jeu entre l’inter-groupe de gauche et celui du RN : « Vous êtes les bouffons rouges du roi Macron », avait lancé Jean-Philippe Tanguy à ses collègues Nupes. Le député RN de Moselle et candidat malheureux à la présidence de la commission des finances a déploré, tard dans la nuit, l’absence de soutien de la gauche de l’Hémicycle tandis qu’il appelait de son côté à voter favorablement un amendement déposé par le député insoumis François Ruffin. En bref, le RN se targue de ne pas sombrer dans « un cynique calcul de comptable », souffle un député. Il refuse de rentrer dans le jeu du « Je ne voterai pas un amendement de bon sens parce que les collègues n’ont pas voté le mien ».

Quelques minutes avant les questions au gouvernement, ce 19 juillet, la députée Edwige Diaz ne disait pas autre chose. Buvant rapidement une grenadine dans la fournaise du Bourbon, la jeune élue girondine lance : « Notre objectif, c’est de tenir nos promesses en défendant de notre mieux le pouvoir d’achat des Français. Ce n’est que comme cela que nous pourrons montrer qui nous sommes et quels sont nos valeurs et nos principes, loin des fantasmes et des caricatures. » Une épreuve du feu, donc.

En d’autres termes, « il y aurait un coupable et deux complices qui se renvoient la responsabilité », s’amuse, dépité, un député LR. Les Républicains sont moins audibles, se contentant de tenir une position comparable à celle du RN : une opposition responsable. Certains d’entre eux ont tout de même appelé à réintégrer les pompiers non vaccinés dont le nombre manque cruellement sur les nombreux départs de feu. C’est en tout cas le sens de la question posée par le député Yannick Neuder, soutenu par les applaudissements de ses collègues. Mais ils manquent clairement et d’espace et de décibels pour percer le plafond des deux oppositions.

« Nous sommes prêts à faire des compromis », s’exclamait Bruno Le Maire devant les députés, cet après-midi. Mais pour l’instant, la guerre de position s’enlise partout.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

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