La tête haute et le regard fixé au loin, elle aurait presque le port altier en descendant les marches de son escalier. Ne lui manque que le sourire sur ses lèvres parfaitement assorties au rouge flamboyant de sa robe. Rokhaya Diallo semble sûre de l’effet produit sur son passage. Si fière, d’ailleurs, qu’elle n’hésite pas à publier sa vidéo sur Twitter. Son militantisme de gauche ne lui semble pas incompatible, lorsque l’occasion se présente, de se pavaner dans une robe de haute couture au Festival de Cannes. Et, cerise sur le gâteau, ses escarpins à la semelle rouge sont une fois encore signés Louboutin ! La même griffe de luxe que celle qui avait récemment chaussé Assa Traoré.

Toute de rouge vêtue par la célèbre maison italienne Valentino, Rokhaya Diallo est donc habillée par une marque détenue par la famille royale du Qatar. Magistrale incohérence que les internautes n’ont pas manqué de relever : « Valentino détenu par Mayhoola for Investments, firme Qatari, connue pour son partage des valeurs humanistes et son respect du droit du travail comme tout le monde sait. » « #RokhayaDiallo une rancune à géométrie variable c'est le #woke à mi-temps. »

Si Louboutin et Valentino, entre autres, font du combat indigéniste un business, comment leurs égéries pourtant anticapitalistes peuvent-elles être si flattées de défiler ainsi adoubées ? Elles ne peuvent ignorer que les ouvriers au Qatar ont porté plainte pour « réduction en servitude, traite des êtres humains, travail incompatible avec la dignité humaine, mise en danger délibérée, blessures involontaires et recel », que selon le rapport de Human Rights Watch « les travailleurs migrants représentent 95 % de la main-d'œuvre du Qatar, par conséquent leur importance dans le fonctionnement de l’économie qatari n’est pas contestable. Le pays dépend ainsi en grande partie de cette main-d'œuvre. Beaucoup font face à des abus salariaux qui concernent plusieurs secteurs de l’économie qatari, et divers professions notamment les agents de sécurités, serveurs de restaurants, ou encore les ouvriers du bâtiment. Ainsi, beaucoup se retrouvent coincés dans un système d’endettement qui les contraint à rester dans un emploi indigne. »

Alors cette journaliste pourra toujours venir ferrailler sur des plateaux télévisés ou rechercher en résidence à l’université de Georgetown, celle qui se définit elle-même comme « une féministe intersectionnelle et décoloniale » vient de perdre toute crédibilité.

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12 juillet 2021 à 16:46

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