27 avril 1969 : de Gaulle démissionne

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Ce fut son choix. Il l’a pleinement assumé. Certains y ont vu la fin d’un monde ou la fin d’un règne, d’autres ont pris plaisir à voir partir ce vieux général qui avait pourtant su redresser la France. Beaucoup ont rigolé qu’à trop vouloir lier son sort personnel au destin du pays et à la volonté du peuple, le vieux Président mi-bonapartiste mi-monarchiste se soit pris les pieds dans le tapis du référendum et qu’il soit finalement tombé. En ce dimanche 27 avril 1969, les résultats du référendum sur la réforme du Sénat et la régionalisation (2 avril 1969 : Tous en campagne !) sont sans appel : le « non » l’emporte avec 52,58 % des voix, contre 47,42 % pour le « oui ». De Gaulle avait lié le succès de ce vote à son maintien au pouvoir.

Pourtant, moins d’un an auparavant, l’homme du 18 juin avait gagné la bataille de mai 1968 qui avait vu le pays presque paralysé pendant un mois. En dissolvant l’Assemblée nationale, en convoquant de nouvelles élections, il obtient une écrasante majorité au palais Bourbon et réduit la gauche de François Mitterrand (1916-1996), celle de Waldeck Rochet (1905-1983) ainsi que le centre de Jean Lecanuet (1920-1993) au silence : seulement 57 députés pour le premier, 34 pour le deuxième et 27 pour le troisième. « Si nous ne faisons pas de bêtises, nous sommes au pouvoir pour trente ans », confie-t-il à Alain Peyrefitte (1925-1999).

Prenant en compte une partie des aspirations des Français, le Général se lance alors dans une politique de réforme. L’aggiornamento politique et territorial lui semble indispensable. D’où cette volonté de fusionner le Sénat et le Conseil économique et social ainsi que constitutionnaliser les régions comme collectivités territoriales. Il aurait pu prendre la voie législative et vaincre sans coup férir. Il préfère celle du référendum et de la vox populi.

Le Général demande son avis à Robert Grossmann, fondateur de l’Union des jeunes pour le progrès (UJP), sur le résultat du référendum. Le jeune militant croit en la victoire du « oui » dans sa terre natale, l’Alsace. Le général lui répond : « Si c’est “non”, je m’en vais. Il s’agit d’un sujet essentiel. Si les Français me désavouent, c’est qu’ils ne sont pas d’accord avec ma politique. »

Le vendredi 25 avril, le chef de l’État s’adresse une dernière fois aux Français lors d’une allocution télévisée : « Françaises, Français, vous à qui, si souvent, j’ai parlé de la France, sachez que votre réponse, dimanche, va engager mon destin [...] Si je suis désavoué par une majorité d’entre vous, ma tâche actuelle de chef de l’État deviendra évidemment impossible et je cesserai aussitôt d’exercer mes fonctions. »

Deux jours plus tard, à 22 h 30, alors qu’il ne fait plus de doute que le peuple a rejeté la réforme du Président, le Général ordonne à Bernard Tricot (1920-2000), secrétaire général de l’Élysée, de transmettre l’annonce de sa démission à l’Agence France-Presse le lendemain, en fin de matinée. Puis le Général change d’avis et rappelle Tricot. Il lui demande que le communiqué soit publié dès minuit. La dépêche tombe à 0 h 11. Elle porte le numéro 001 et tient en deux lignes : « Flash. Le général de Gaulle communique : “Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi”. » De Gaulle s’en va en terre irlandaise deux semaines plus tard. Il y séjournera pendant six semaines.

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