20 mai 2019 : interruption volontaire de vie d’un handicapé ?

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Un de nos collègues, hospitalier, annonce à la famille d'un malade qu'il allait interrompre le traitement - ce qui, en clair, signifie interrompre la vie d'un patient et ce, selon lui, dans le respect de la loi Leonetti-Claeys de 2016 (version 2005 expressément réactualisée pour le cas précis de M. Vincent Lambert, en fait).

Il a été établi par voie d'expertises multiples que l'état clinique de ce patient n'était pas en relation avec une « fin de vie » mais bien plutôt avec celui d'un grand handicapé que des établissements dédiés ont accepté de prendre en charge immédiatement, à l'instar de milliers d'autres dans le pays.

Ces éléments montrent que la loi de 2016 ne s'applique pas dans ce cas, ou alors ces établissements auraient clairement refusé d'agir.

Les différents tribunaux saisis, de manière surprenante pour la plupart, ont cependant donné raison aux médecins hospitaliers d'interrompre la vie de ce patient.

D'ailleurs, il est, dans le cas de la CEDH dont la décision n'a pas été approuvée à l'unanimité, remarquable de signaler que cinq juges sur dix-sept déclarèrent : « Nous regrettons que la Cour, avec cet arrêt, ait perdu le droit de porter le titre de “conscience de l'Europe”. »

Cette affaire assombrit lourdement l'honneur de la médecine française et le silence du Conseil national de l'ordre en la matière est inquiétant car il souligne le risque d'infléchissement de ses membres en faveur de l'euthanasie, dont les thuriféraires promettent à qui veut l'entendre qu'elle entrera dans l'arsenal juridique français très prochainement...

À quoi sert donc d'avoir à juste raison condamné et radié à vie le Dr Bonnemaison et, dans le même temps, faire silence sur les désirs mortifères d'un autre confrère en se réfugiant derrière une loi spécialement adaptée à un grand handicapé qui n'est pas en fin de vie ?

Il me souvient que, durant les « heures sombres » de notre histoire, certains citoyens se sont courageusement élevés contre des lois injustes, souvent au péril de leur vie, pendant que d'autres prétendirent faire leur devoir conformément à ces mêmes lois, se rendant alors complices des atrocités générées par le législateur de l'époque.

Ils ont été justement lourdement condamnés plusieurs années plus tard, et parfois au crépuscule de leur vie.

Chers confrères, il n'est que temps de réagir à ce dangereux relativisme ambiant qui risque de faire de notre profession rien d'autre que le bras armé de quelques groupes de pression sans scrupules rêvant d'une société sans bornes ou limites à leurs désirs.

« Science sans conscience n'est que ruine de l’âme », disait déjà Rabelais.

Bien confraternellement à vous.

Jean-Luc Lanaspre
Jean-Luc Lanaspre
Docteur en médecine

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