Elle était rudement sympa, la dernière braderie de Lille, amputée d'un périmètre de 10 % avec ses 29 points de contrôle d'accès, sa police, ses 170 agents municipaux et ses blocs de béton disposés tout autour pour empêcher tout acte terroriste à la voiture-bélier : comme il fait bon vivre dans notre pays du "vivre-ensemblisme" !

Des blocs de béton ? Oui, et même 1.800 tonnes. Fichtre ! Sauf que Lille n'est pas la seule à orner ses rues de ce si bel alliage. Une trentaine de villes en France (dont Paris, Calais, Marseille, Bordeaux, Biarritz) mais également des dizaines d'organisateurs d'événements ont déjà sollicité PME ou TPE spécialisées dans la fabrication de béton prêt à l'emploi. Une aubaine, forcément, pour celles qui menaçaient de péricliter. En ces temps modernes où sévit le terrorisme, ces entreprises, qui « croulent » sous les demandes, se frottent les mains.

« Dispositifs anti-intrusion et de filtrage » ainsi nommés par le ministère de l'Intérieur. Plutôt que de rétablir de stricts et salutaires contrôles aux frontières devenues, depuis des lustres, des passoires potentiellement et effectivement mortelles, l'État continue de permuter les causes avec les conséquences. Nous ne pourrons, au rythme des attentats, bientôt plus faire un pas sans buter contre un hideux bloc de béton. Béton que l'heureux entrepreneur Abdel Feghoul se propose de rendre esthétique afin d' ôter l'"aspect anxiogène", qui pourrait effrayer les enfants. Évidemment, ça changerait tout... Ou, comme si les panneaux géants défigurant nos rues et nos paysages ne suffisaient pas, de suggérer de les affubler de publicités...

En France, en Espagne, en Angleterre, en Suède, en Allemagne, en Belgique, en Italie, en Autriche, ainsi partout où s'exprime le fabuleux « multikulti » - qui, selon une déclaration d'Angela Merkel en 2010, a pourtant "totalement échoué" -, ces gentils blocs de béton représenteraient donc une chance de rester en vie ? Même pas ! À entendre le porte-parole du gouvernement autrichien, il faut surtout y croire : la pose de ces obstacles ne constituant qu'une "mesure placebo"... Un placebo en béton.

Si le béton ne résout pas totalement le risque d'attentats, mais comment diantre fait-on pour contrer les éventuelles attaques chimiques ? Là, ça se corse. En effet, l'État islamique possédant "les connaissances, ayant les capacités et les moyens" de perpétrer ce style d'attentat, qui plus est ayant "déjà pris sa décision", la seule chose "qu'il reste à connaître", selon Nitzan Nuriel, l'ancien chef du bureau de lutte contre le terrorisme israélien, "c'est l'opération au cours de laquelle il aura lieu". Le béton ne servira à rien pour se prémunir d'une attaque, par exemple, au gaz moutarde. Devrons-nous bientôt nous balader avec un masque à gaz en bandoulière comme au bon temps de la défense passive en 39 ?

Mais revenons à nos barricades, plots et autres chicanes en béton, nouveaux mobiliers urbains de nos temps postmodernes. Tout ceci ne vous rappelle-t-il pas, finalement, ces temps anciens où l'on traversait l'Europe sans avoir besoin de passeport mais où l'on ne pénétrait pas dans une ville comme ça, une fois les lourdes portes cloutées refermées, les grilles en fer forgé tombées et que le chevalier du guet parcourait nuitamment les rues pavées, accompagné de quelques braves miliciens de ville édentés ? Ces temps anciens, vous avez leur nom sur le bout de la langue... C'est ça : le Moyen Âge. Mais à l'époque, on construisait des cathédrales ; pas des murs en béton...

On connaissait La France Orange mécanique. Nous aurons bientôt "La France pelle mécanique". Car il va en falloir, des engins, pour ériger tous ces camps retranchés.

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12 septembre 2017 à 3:11

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