Le microcosme s'essaie, comme il l'a fait avec Sarkozy puis Hollande, au Macron-bashing. Et, sur le joli collier qu'il tente d'attacher au cou du Président, il enfile perle après perle les « fainéants », les « cyniques », les « fatalistes », les « sceptiques » et « ceux qui foutent le bordel ». La dernière ? « Les jaloux ». C'est dans un entretien au Spiegel qu'il dénonce cette nouvelle catégorie. Mais si Sarkozy et Hollande méritaient ces colliers-là, avec M. Macron, nous avons changé d'époque et de personnage ; mais beaucoup ne l'ont pas compris. Lui, si.

Ce qui lui permet de dénoncer - avec style – ce réflexe pavlovien des commentateurs :

Certains voudraient me piquer comme un entomologiste le ferait avec un papillon et dire : regardez, c'est le banquier que l'on n'aime pas.

On peut critiquer Emmanuel Macron pour tel ou tel aspect de sa politique, et même de son langage. Mais on ne peut lui contester les deux immenses qualités qui ont fait sa victoire : la lucidité sur la situation d'une classe politique et d'un pays à bout de souffle, et l'énergie pour inventer du nouveau. Deux qualités toujours à l’œuvre dans sa présidence.

On ne peut que le suivre dans sa vision de la fonction présidentielle :

Mais la fonction de président n'est pas une fonction normale, on doit l'intégrer quand on l'occupe. [...] Pour moi, la fonction n'est d'abord ni politique ni technique, elle est symbolique. [...] pour cela, nous avons besoin d'une forme d'héroïsme politique.

Il se défend plus loin de se prendre pour un héros. Fausse modestie de bon aloi. Et bien excusable, car comment, ayant réussi ce qu'il a réussi, ne se prendrait-il pas un peu pour un héros?

Ensuite, quand on est de droite, on ne peut que l'approuver quand il défend ses premières mesures en faveur des entrepreneurs.

Mon prédécesseur avait taxé les gens les plus riches et ceux qui réussissaient le plus comme jamais. Que s'est-il passé ? Ils sont partis. Et est-ce que le chômage a baissé ? Non. […] Je veux que les jeunes gens dans notre pays puissent réussir. […] Je ne céderai pas au triste réflexe de la jalousie française. Parce que cette jalousie paralyse le pays. [...] On ne peut pas créer d'emplois sans entrepreneurs. L’État ne peut pas créer des postes par ordonnance.

En pointant les jaloux, le Président visait aussi bien la cohorte des Insoumis et ce mal bien français consistant à préférer l'égalité niveleuse que tous ceux qui, dans la classe politique, se montrent mauvais joueurs et jaloux de sa propre réussite. Le Président Macron fait le pari de lier son sort à une forme de jeunesse, de réussite et d'audace. Il y a bien là quelque chose d'héroïque qui ne peut laisser indifférent, car c'est une incarnation totalement inédite dans l'histoire politique récente.

On comprend que le Président Macron fasse des jaloux, surtout à droite. Il a entrepris la rénovation d'un système usé jusqu'à l'os, en dehors des partis, il a voulu redonner du lustre à une fonction présidentielle abîmée, notamment par ses deux derniers Présidents. Il veut, enfin, redresser la situation économique du pays en la regardant lucidement, et donc insuffler l'indispensable libéralisme dont les entrepreneurs ont besoin. Tout ce que la droite aurait dû faire depuis longtemps. Elle a donc bien des raisons d'être jalouse.

Mais, une fois la crise de jalousie passée, il faudra demander au Président Macron d'être encore plus de droite, et sur la question migratoire, et sur la question fiscale, les deux boulets qui plombent véritablement le moral et l'économie du pays. Car pour le moment, dans ces deux domaines clefs, nous sommes loin du compte.

Encore un effort, Monsieur le Président, et nous serons vraiment jaloux.

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14 octobre 2017 à 16:21

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