Grand débat : le marketing-circus de la communication en tournée dans toute la France

Grand debat 2

Emmanuel Macron en tournée… Ce soir dans votre ville ! Le débat est grand, il est grand le débat ! Six heures en chemise face à la foule ! Six heures de brassage d’air ! Une chemise par débat ! Des maires comme s’il en pleuvait ! Des écharpes de toutes les couleurs ! Du bleu, du rouge, du blanc, de la gaieté, de l’extraordinaire !

Outre l’aspect marketing-circus de l’opération, le grand débat fait penser à ce sketch des Inconnus où la candidate un peu neuneu qui ne connaît pas la réponse essaie de gagner du temps avec cette repartie devenue célèbre : « Vous pouvez répéter la question ? » Pas besoin de débat grand ou petit pour savoir ce que le peuple veut. Les gilets jaunes hurlent leur ras-le-bol depuis des semaines, leurs demandes sont connues, leurs difficultés aussi…

Terré dans l’Élysée, invisible durant des jours et des jours, le Président sort soudain de son bureau et organise un tonitruant : « Vous pouvez répéter la question ? » Dociles, les maires accourent. Se prêtent à la mascarade. Les violences policières pour seule réponse à la détresse qui s’exprimait dans les rues ne les ont pas indignés. Pas choqués. Ils sont là. Assis sagement. Reformulent, façon « politiquement correct », ce que les gilets jaunes martèlent depuis des mois. Ce que le Président savait déjà. Ils répètent la question. La réponse arrive, noyée dans un flot de bla-bla dont ils ne retiendront pas grand-chose. En repartant, les maires s’interrogent : « Au fait, c’était quoi, la réponse ? » Comme une envie de retourner dans la salle pour dire : « Vous pouvez répéter la réponse ? » Trop tard. Le showman est parti vers une autre ville.

Écran de fumée. Gaz lacrymogène, volutes bleutées dans les rues. Nuages opaques dans les salles où se produit Emmanuel Macron. Le maire est enveloppé d’une brume dont il ne sait que penser. De retour dans sa commune, il ressent une sorte de gueule de bois. Saoulé par six heures de parlotte. C’était du puissant. Le crapaud séché qui trempait dans la bouteille a laissé comme un goût bizarre.

Au lendemain du « big débat », voilà l’élu communal partagé entre deux postures : faire celui qui a tout compris. Presque ami du Président. En tout cas, proche collaborateur. Ou bien essayer de faire le tri dans le stock de mots débités par le winner en chemise. Y a-t-il une chance de sauver le poisson que le Président a tenté de noyer ? La survie de la pauvre bête n’est pas garantie.

Pour donner au barnum ce petit air pompeux qui peut faire illusion, il a été décidé de nommer cinq garants. La qualité de la fumée doit être irréprochable. Cinq ramoneurs veilleront à la propreté des tuyaux. Tous choisis dans la sphère technocratique. Indépendance, bonne tenue et impartialité seront au rendez-vous. Pour l’instant, Robert Ménard : pas invité.
Julien Sanchez, maire RN de Beaucaire, non plus. Ça commence mal…

À notre connaissance, le coût de cette opération de diversion n’a pas été communiqué. Son montant pourrait, à lui seul, anéantir l’efficacité recherchée auprès de l’opinion. Ce serait ballot.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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