Jim Comey, directeur du FBI limogé par Donald Trump et membre actif du « club de l’État profond » - avec ses amis Brennan, Mueller et Clapper -, vient de sortir un livre ciblé sur Trump : A Higher Loyalty, Truth, Lies, and Leadership. Un livre qui va lui faire gagner beaucoup d’argent… tout en donnant des leçons de morale. Il est passé à la télévision ce dimanche 15 avril (chaîne ABC), annonçant la couleur : "Trump est inapte à la présidence, [non pas mentalement ou médicalement, mais] pour des raisons morales". Car le président se comporte comme "un boss de la mafia".

Ces termes ne sont pas neutres, car liant implicitement Trump à d’autres dirigeants, comme ceux de la Russie, maintenant accusée devant l’opinion d’être un État voyou. Et cela prépare le terrain à un impeachment de Trump sur le thème de l’immoralisme gangster.

Le site LifeZette a cité "treize affirmations révoltantes" de l’interview de Comey, portant par exemple sur le "grave danger" de la défaite de la vérité en politique depuis l’élection de Trump (amis censeurs, bonjour !). Plus grave, Comey a lancé, dimanche, deux torpilles peu remarquées encore : "Il y a certainement des preuves [que Trump soit passible d’entrave à la justice, et] il est possible que les Russes le tiennent", thèmes sur lesquels son ami le procureur Mueller travaille précisément, utilisant au demeurant Comey comme témoin. Deux insinuations efficaces...

Dès dimanche, Trump a riposté, lançant une salve de tweets hauts en couleur, traitant Comey de raclure, de sinueux glissant entre les doigts. Bref, Comey serait "un homme qui finit toujours par se planter (il n’est pas intelligent !), dont l’histoire retiendra qu’il aura été le pire des directeurs du FBI". Un message qui résume bien des griefs accumulés contre Comey, au point que le journaliste Steve Hilton avait mis en scène, dimanche soir, une parodie de tribunal sur Fox News (“The Trial of James Comey”) avec deux juges d’instruction, deux procureurs et deux défenseurs, tous des professionnels. Un contre-feu fort utile car listant ses présumées infractions (Code pénal inclus), lesquelles auraient probablement déjà valu inculpation à Comey si ce dernier se nommait Trump, bien sûr...

Puis le sort a mal joué : Andrew McCabe - l’ancien numéro deux de Comey au FBI, récemment licencié par le ministère de la Justice pour avoir, entre autres, menti à sa hiérarchie et pour avoir fuité dans la presse – vient, à son tour, d’accuser Comey de mensonge (Comey était, paraît-il, au courant de ladite fuite). Cette trahison d’un « ami » n’est pas la seule : il y a quelques jours, l’ancien ministre de la Justice, Loretta Lynch, affirmait à la presse que Comey s’était bien volontiers, sans résistance, plié à sa requête de parler publiquement de l’enquête du FBI sur les courriels de Hillary Clinton comme d’un trivial « sujet ». Qui croire ?

Tel est le problème du contorsionniste Comey : il lui arrive de se mêler les pieds dans le tapis. Son livre, qui se lance dans des commérages incroyables pour un homme de sa « hauteur », remplit en fait deux fonctions : vendre le bouquin et glisser dans la masse la thèse de l’entrave à la justice. Résultat : ahurir Trump en le harcelant afin qu’il succombe au « parti de la guerre ». Après tout, le récent plan d’attaque de la Syrie a instantanément produit cinq milliards supplémentaires de capitalisation boursière chez les fabricants de missiles américains (Fortune). Pourquoi s’arrêter en route ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:43.

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17 avril 2018 à 9:31

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