[Vive la France] On ne fait pas taire les cloches

© Labiloute-Wikimedia commons
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Saint-Laurent-du-Mottay. Dans ce petit village des Mauges [commune déléguée des Mauges-sur-Loire, NDLR] d’un peu plus de 700 âmes, situé dans le Maine-et-Loire et au nom typiquement français, les cloches ont bien failli ne plus sonner. Celles qui rythment les heures du jour et de la nuit dérangeaient de nouveaux riverains à l'esprit chagrin. Manifestement peu habitués à ce mode de vie rural et ses coutumes, ils se plaignent alors auprès du maire-délégué Yannick Benoist, qui décide de lancer une consultation auprès de ses administrés. « Même si cela relève de la responsabilité du maire, il était hors de question que je prenne cette décision d’arrêter les cloches de façon arbitraire », confie-t-il à BV.

Ainsi, par la voix du bulletin municipal, l'édile leur pose la question et soumet ces trois propositions : arrêter la sonnerie des cloches de 21 heures à 6 heures du matin, stopper simplement la répétition des heures ou laisser les choses en l’état. Et Yannick Benoist de nous confier sa surprise au vu des réactions suscitées par ce débat : « Je n’avais pas perçu que les cloches avaient cet emblème village, très vite je me suis rendu compte que le sujet a pris une ampleur importante et que les gens souhaitaient s’exprimer. » Et les retours sont peu équivoques : 9 habitants sur 10 se prononcent en faveur du statu quo.

Le cœur du village et le rythme du bourg

Le maire de nous raconter l’utilité de ces cloches qui indiquent aux habitants quelle heure il est quand ils se réveillent dans la nuit ou si c’est bien l’heure de revenir du jardin : « C’est le cœur du village et le rythme du bourg », souligne-t-il. Un d’entre eux l’a même prévenu : « Je suis venu ici pour cette ruralité, si vous m’enlevez les cloches, je quitte la commune ! », raconte-t-il.

Un journaliste du Courrier de l’Ouest a enquêté dans le bourg et raconte chercher « en vain celui qui nous fera part d’une réserve sur le carillon local ». Notre confrère relate les témoignages de ceux pour qui ces cloches ont sonné leur mariage, ou celui de ce voisin direct de l’église encore plus remonté contre cette idée : « Les cloches, il n’y a que quand elles ne sonnent pas que je les remarque ! Faut arrêter les conneries ! Et puis la nuit, on dort. » Un autre s’agace : « Bientôt, on demandera de faire taire les coqs, et puis les ânes. Et l’école, elle fait du bruit aussi ! »

Situé en Vendée Militaire, Saint-Laurent-du-Mottay a été oublié en 1794 par les colonnes infernales. Ce fut le seul village du district à être épargné. Ironie du sort, ce que les révolutionnaires n’ont pas réussi à faire, ce sont des citadins qui ont bien failli faire taire les cloches… Mais le bon sens s'est exprimé, preuve qu'à l'heure de tout déconstruire, certains symboles, même dans des terres déchristianisées, demeurent sacrés. Puissent maintenant les jeunes générations s'inspirer de cet héritage transmis par leurs aînés.

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

54 commentaires

  1. J’ai dormi dans une chambre d’hôtes attenante à l’Eglise d’un village du Layon. L’horloge sonnait les quarts et le demies ainsi que -par deux fois- les heures pleines. Autant dire que cette nuit ne fût pas reposante . Cependant je continuerai à militer pour que batte ainsi le Coeur du Village .

  2. je suis berger et comme je le dit souvent en parlant des sonnailles de brebis: « c’est le joyeux tintamarre qui tient compagnie au berger quand il est seul dans la montagne ,ce joyeux tintamarre qui donne de l’ambiance a la montagne. Cela vaut pour le chant du coq et pour les cloches de églises. Ce bruit nous parle, nous annonce un décès, qu’il est midi ou 7 heures (il est temps de rentrer manger un morceau). je suis allé a st Jacques avec ma femme et tous, tous, tous les matins du parcours, on a entendu le coq.
    et puis les cloches n’étaient elle pas sensées éloigner du « malin » ?
    et puis les cloches n’étaient elles pa

    • Avez-vous connaissance de la chanson des « Compagnons de la Chanson « Une cloche sonne, sonne ». Elle sonne de la naissance à la mort pour ponctuer chaque évènement de la vie. À écouter!

  3. Désolé de vous contredire, mais les églises de France n’ont pas été construites pour servir d’horloge, et les sonneries horaires de cloches sont des innovations du siècle de l’industrialisation de la France (XIXe).
    En 1794, les cloches servaient essentiellement à ponctuer les offices : personne ne se levait la nuit pour les sonner à chaque heure.
    Le XIXe siècle appartient au passé : les industries polluantes ont disparu ou ne le sont plus. Il doit en être de même de la pollution sonore des églises quand les sonneries de cloche ne correspondent pas à un usage religieux.
    Être habitué à la pollution ne signifie pas qu’elle est bonne pour votre santé.

    • Il y a pourtant des cloches qui polluent beaucoup plus que celles des villages. Il n’y a qu’à écouter les politicards dans les médias et on a vite compris. Maintenant si on ne veut pas entendre un son que je qualifie d’ancestral, on choisit d’habiter ailleurs que dans une commune qui a gardé les traditions. Et si on veut un peu d’exotisme, on peut aller loger vers une mosquée par exemple !!!

  4. Ce qui confirme bien que la guéguerre contre les cloches se déroule en concomitance avec l’indignation contre les crèches de Noël, le combat au finish contre les flatulences de bovins et l’impératif de ne surtout pas déranger le moindre petit goujon !
    Dans la majorité des cas, les grincheux n’en ont rien à secouer. Ce qui les intéresse c’est l’abolition de traditions qui retardent l’avènement du « grand soir » !

  5. Cloches, calvaires, églises, que l’on soit croyants ou pas, cela fait partie de notre patrimoine quasiment génétique. N’y touchez pas ou il vous en cuira!

  6. Bonjour à tous,

    Alors, faire taire les coqs, rassurez-vous, c’est déjà fait, ici, dans les Pyrénées-Orientales, à l’orée d’Amélie-Les-Bains. Une oasis champêtre, bien loin du centre-ville, mais, voilà t’y pas, que deux flambants coqs gênaient, par leurs cocoricos intempestifs, une nouvelle habitante, furieuse d’être, ainsi, importunée par des bipèdes bien trop bruyants à son goût. Ayant porté plainte plusieurs fois, auprès de la police municipale, cette dernière a fait son devoir et a sommé que les coqs se taisent. Un des coqs vient de passer à la casserole, l’autre va suivre. Que voulez-vous, cette personne travaille, alors, un poulailler non loin de son logis ne peut que nuire à son repos. Virulente, mal embouchée, habituée aux fonds sonores de la ville, elle ne pouvait supporter deux malheureux coqs et bientôt le caquètement des poules pondeuses. Elle nous a donc, de toute sa superbe, démontrer, qu’elle, l’urbaine, la civilisée, savait faire rendre gorge aux paysans, aux anciens ouvriers, ayant crû, que leur lopin de terre chèrement gagné, les sortiraient de leur cage à poules, où ils n’avaient qu’un rêve, vivre de la nature. Madame a obtenu gain de cause, elle a des droits, oui, au détriment de tous ceux des autres. À présent, nous craignons qu’elle ne demande que cesse, enfin, le son des cloches de l’église de Palalda, un des plus beaux villages de France, où, depuis son promontoire, s’égrènent les heures de la vie ou de la mort, car oui, les cloches osent, à toutes volées, se déchaîner, rappelant aux fidèles ou pas, que nous sommes tous attachés à nos racines, à ces bruits de chaque jour, qui règlent nos vies, à l’âne qui braie, aux chants des oiseaux, aux hululements de la chouette, au bruit incessant du Tech roulant sur les rochers. Maintenant, supposons qu’une mosquée s’installa ici, que fera-t-elle, osera-t-elle s’en plaindre ? Je pense que vous connaissez la réponse !

  7. Il y a des cloches que l’on devrait faire taire : ce sont celles qui nous gouvernent si mal ! Et pourtant, là aussi, il y en a qui y tiennent !

  8. Déjà que ces petites communes ont perdu leur rang en étant intégrées à des communautés de communes sans âme , les commerces qui disparaissent alors supprimer les cloches c’est l’extinction complète de notre civilisation .

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