Vieilles guerres, nouveaux conflits, même coupable

Joe Biden
Joe Biden

Clausewitz disait qu’en guerre, tout est simple, mais le plus simple est difficile. Force est de constater que l’apparente simplicité de la guerre en Ukraine cache une réalité bien complexe. Entre l’opacité des intentions russes, les gesticulations incessantes d’une classe politique et les grands discours aux accents alarmistes, ce conflit suscite un déchaînement des passions.

À l’heure des incertitudes et des réactions à chaud, des déclarations manipulées et manipulatrices, il est sage de prendre du recul, de remonter le fil de l’histoire et de s'interroger sur les origines du drame. Qui l’imagina ? Le pensa ? Le provoqua ? Et qui, à terme, en profitera ? Passé outre l'hystérie collective, lorsque la raison reprend ses droits, on s'aperçoit qu’un responsable se démarque, un pays tant vanté, qui fut de toutes les guerres, de tous les conflits et de tous les intérêts, notre maître à tous : l'Amérique.

S’il y a bien une constante, chez les peuples anglo-saxons, c’est leur talent inné pour inciter les autres à se battre pour eux. Ce conflit, comme tant d’autres par le passé, en est la preuve. Bien que les affrontements engagent des soldats russes contre des soldats ukrainiens, cette guerre n’est pas celle d’une Russie contre l’Ukraine, mais bien de la Russie contre les États-Unis. Ne pouvant tolérer un rapprochement entre l’Europe et son voisin russe, Washington chercha par tous les moyens à diviser pour mieux régner - mission accomplie au-delà de toute espérance. Sans surprise, cette guerre n’est que l'apothéose de trente ans d'ingérence et de manipulations. La transformation de l’OTAN en machine de guerre, son expansion au sein des anciennes républiques soviétiques et les intérêts économiques toujours plus présents ont fait de l’Europe de l’Est une zone d’influence occidentale et de l’Ukraine un protectorat. Cette guerre n'est pas un conflit existentiel entre la lumière et l'obscurité, entre la démocratie et la dictature, elle n’est que l'héritière des conflits du siècle passé, qu’un énième épisode dans cette grande saga qui dure depuis cent ans et qu’un prétexte pour conserver ce qui est vraiment en jeu : la suprématie américaine.

Le grand génie américain est d’avoir compris que l'hégémonie ne passait pas par un usage brutal de la force mais bien par un usage habile de la faiblesse. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe affaiblie vit dans les États-Unis son sauveur qui, armé de la machine de propagande la plus performante de tous les temps, s'efforça de cultiver cette faiblesse jusqu'à l’assistanat. Seul le général de Gaulle comprit ce stratagème et refusa cette soumission à l'empire ; malheureusement, il fut bien seul et l’arc anglo-saxon s’engouffra, comme un seul homme, dans la vassalité pleine et entière. Depuis lors, avec la chute du mur de Berlin, ce mécanisme s’accéléra et les vassalisés, en compagnie d’une France perdue, vassalisèrent à leur tour. L’empire a parlé, l’intendance a suivi. Nous devons nous extirper de cette servitude et perpétuer la grande tradition gaullienne du non-alignement. Jacques Chirac l’a compris avec l’Irak en 2003, Nicolas Sarkozy avec la Géorgie en 2008, Emmanuel Macron doit le comprendre aujourd’hui. La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts. Il faut avoir le courage de faire résonner la voix de son Histoire, l’audace de rester imperméable aux influences et l'intelligence d’adopter une posture de médiateur et non d’agitateur.

Trop de politiques, enivrés par leur illusion de prépondérance, se déguisent en chefs de guerre, satisfaits d’enfin utiliser le dernier levier d'autorité encore en leurs mains : la force. Voulant se rassurer sur leur capacité à exercer le pouvoir, ils finissent par en abuser ; leur hubris, voilà notre perte.

Vos commentaires

43 commentaires

  1. Il ne faut pas trop encenser Sarkosy qui nous a remit dans l’OTAN d’ou nous avait sorti le Général.

  2. Les deux parties ne s’en sortiront que par une négociation rapide et ce n’est pas avec du vinaigre qu’on attrape les mouches, cessons donc cette propagande du bien contre le mal et essayons sinon de comprendre du moins de calmer le jeu. Svp mr ZelenskI ne réveillez pas sleepy Joe une guerre mondiale serait l’apocalypse.

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