Mercredi et jeudi, si l’appel à la grève générale du MUD (Mesa de la Unidad Democrática), la coalition de l’opposition, soutenue par la majorité des syndicats a été largement suivie à Caracas, paralysée par des barricades de fortune et les sempiternels affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, celle-ci, malgré les déclarations assurant qu'"elle a été suivie à 92 %", a connu un succès inégal dans certains secteurs économiques du pays du fait des pressions exercées par les autorités et, il le faut le dire, du fait d’une extrême lassitude de la population vénézuélienne.

Pour autant, en marge de celle-ci, les violentes échauffourées, où de nombreuses milices paramilitaires pro-gouvernementales ont été utilisées, ont fait encore plusieurs victimes, dont deux à San Buenaventura de Ejido, une ville de 107.000 habitants de la cordillère andine vénézuélienne, dans lesquelles un jeune homme de 30 ans, Rafael Antonio Vergara, a perdu la vie mercredi lors d’un affrontement avec les forces de la Garde nationale et un policier le lendemain d'une balle dans la tête. Face à la détermination de l’opposition, Maduro vient d’interdire, par la voix du ministre de l’Intérieur, de la Justice et de la Paix - le très controversé général Néstor Reverol (inculpé, rappelons-le, en 2016 pour trafic de drogue par la justice américaine) -, "sur tout le territoire national des réunions publiques et des manifestations qui pourraient perturber ou affecter le déroulement normal du processus électoral" avec, pour les contrevenants, des peines de plusieurs mois de prison. Pour autant, le MUD a appelé à bloquer toutes les rues jusqu’à dimanche par une opération intitulée « La prise du Venezuela » !

Tentant une énième diversion, Nicolás Maduro vient de proposer "à l'opposition d'abandonner la voie de l'insurrection, de revenir vers la Constitution" et d’installer "dans les prochaines heures, avant l'élection de l'Assemblée nationale constituante, une table de dialogue, d'accord national et de réconciliation de la Patrie". Parallèlement à cette pseudo-« ouverture », un journaliste argentin, connu pour ses positons antichávistes, venu couvrir avec son équipe l’élection de dimanche a été refoulé à l’aéroport...

À la veille de cette élection, dans ce climat insurrectionnel, les autorités cubaines, par l’entremise de son vice-président José Ramón Machado, ont "catégoriquement rejeté les insinuations de certains journaux étrangers sur l'éventualité d'une participation de Cuba à une médiation internationale entre M. Maduro et l'opposition vénézuélienne".

Une intervention officielle qui ne trompe personne à Caracas, lorsqu’on connaît le nombre de conseillers militaires et techniques cubains toujours bien présents dans les différents ministères vénézuéliens... La Russie a tenu également à réagir à la question vénézuélienne, dans un communiqué digne de la « guerre froide » de son ministre des Affaires étrangères, soulignant "la situation de déstabilisation en République bolivarienne du Venezuela qui est unie à la Russie par des liens étroits d'amitié et d'association stratégique" ! Quant aux États-Unis, après les propos chocs de Donald Trump de la semaine dernière, ils viennent de faire savoir qu’ils ont organisé hier le départ du Venezuela des familles des diplomates en poste... Le gouvernement canadien recommande, lui aussi, à ses ressortissants de quitter le pays dès que possible et d’éviter de s’y rendre.

Une bien dangereuse escalade !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:56.

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29 juillet 2017 à 9:06

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