Le Venezuela au bord de la guerre civile
Les plus grandes réserves mondiales de pétrole se trouvent au Venezuela, c'est-à-dire 47.000 millions de tonnes. Toutefois, avec 135 millions de tonnes extraites par an, le Venezuela est loin d’être le premier producteur d’or noir ; devancé par l’Arabie saoudite, la Russie, l’Iran, le Koweït, les Émirats arabes unis, la Chine, l’Irak et le Canada. Comment un pays si riche en hydrocarbures, doté par ailleurs de paysages exceptionnels qui pourraient en faire une grande destination touristique, se retrouve-t-il donc plongé dans une crise gravissime, ponctuée d’émeutes qui ont déjà entraîné des centaines d’arrestations arbitraires et plusieurs morts parmi les manifestants ?
Là encore, quelques chiffres permettent de mieux comprendre la situation. En dépit d’un PIB en constante augmentation depuis 2013 (314,1 milliards de dollars en 2017), le Venezuela a vu son taux d’inflation littéralement exploser en 2017 (1.133,8 % contre 274,3 % en 2016) et son taux de chômage augmenter de plus de 4 %, pour se porter à 25,3 %. Quant à sa croissance, elle est négative depuis quatre ans, chose rare et exceptionnelle pour un pays de cette région du monde (NB : les pays producteurs de pétrole ont souvent une croissance médiocre due à une une économie insuffisamment diversifiée). En cause : seize ans de socialisme nativiste délirant.
Sorte de bolivarisme de pacotille, le « chavisme » n’a pas apporté la prospérité à son pays. Tout au contraire, il le plonge dans la misère. Toutefois, Hugo Chávez n’est pas le seul responsable de la situation, son successeur Nicolás Maduro ayant aussi largement contribué à la descente aux enfers de ce petit État latino-américain. Pour l’anecdote, notons, au passage, qu’Ismaël Emelien, un des plus proches collaborateurs d’Emmanuel Macron, a participé à la campagne de l’actuel président vénézuélien, via l’entreprise Havas, propriété de Vincent Bolloré, pour un contrat mirifique.
Dès après son élection, remportée d’extrême justesse par 50,66 % des voix contre Henrique Capriles Radonski, Nicolás Maduro a usé de son pouvoir d’une manière autoritaire, éliminant et censurant ses opposants qui sont pourtant désormais majoritaires au Parlement. Chercheuse au CNRS, Paula Vásquez déclarait au micro de France Info : "Il faut bien comprendre que la crise dépasse largement celle de la chute du prix du baril de pétrole. L'État est en faillite. Ce qui s'effondre actuellement au Venezuela, c'est tout le modèle socio-économique et politique mis en place par Hugo Chávez. La crise est la conséquence de quinze ans de politiques socio-économiques extrêmement dures, qui ont aujourd'hui de lourdes conséquences sur la population vénézuélienne." En outre, le pays est ravagé par la toxicomanie, la prostitution et les guerres que les gangs se livrent (État le plus violent du monde après le Salvador, avec 91,8 homicides par an pour 100.000 habitants).
Je trouve tout à fait injuste les accusations de quelques « dissidents » bourgeois contre ces véritables insoumis que sont ces jeunes qui mettent leur peau au service de leurs idées, n’hésitant pas à risquer leurs vies pour que le Venezuela ait droit à un avenir meilleur. Ils ne sont pas le « bras armé du capital » et autres fariboles lues et entendues ailleurs. Le Vénézuélien moyen veut être libre, manger à sa faim (la pénurie d’aliments de première nécessité lui a fait perdre plusieurs kilos en moyenne), travailler et ne pas perpétuellement risquer sa vie. Songez qu’un pays comme la Norvège, moins riche en pétrole, a su créer très tôt un fonds souverain pour en distribuer plus équitablement les bénéfices. Il s'agit pourtant d'un pays libéral. Soutenons les peuples opprimés contre les oligarques qui ressemblent plus au général Alcazar qu’à des libérateurs sincères… L’utopie socialiste échoue toujours.
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