Vague verte : au lieu de la minimiser, la droite ferait bien d’en faire autant

Vous avez tout comme moi entendu - et fredonné vous-même - la petite chanson née de ces municipales : « Vague verte ? Mon œil : même pas vague et même pas verte. » Et tous nos meilleurs politologues de droite de faire tourner leur calculette : 47 millions d'électeurs, seulement 38 % appelés aux urnes pour ce second tour, uniquement dans les grandes villes, et une participation de 40 % seulement. Donc, pas de vague ni e vaguelette. À peine un filet d'eau verdâtre sur un trottoir de grande ville. Quant au « verte », ben non, mon brave ami de droite : c'est de la pastèque, du rouge à l'intérieur. Si vous épluchez bien la liste, vous trouvez PC, PS, LFI, etc. Cette vague verte n'existe pas. Comme ce n'est pas une vague et comme les électeurs ne savaient pas que la pastèque est rouge à l'intérieur, tout rentrera dans l'ordre quand tout le pays - bien réel, bien périphérique, bien informé sur les pastèques - votera à 80 % comme au bon vieux temps.

Il est toujours agréable de se consoler après des élections perdues ou des résultats décevants. Cela s'appelle la pensée magique.

Primo, cette vague verte dirigera, pour six ans au moins, Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille, Strasbourg, etc. Et quantité de villes moyennes. Six ans ? On a moins remarqué que Grenoble a reconduit Éric Piolle. La pastèque, les Grenoblois en ont repris. Le raisonnement de la droite qui minimise et se rassure est le même que celui qu'elle tenait en 1981 : la gauche ne tiendrait pas deux ans.

Deuzio, cette gauche-là n'a jamais caché sa dynamique d'union à gauche : le macronisme, avec son arrogance libérale et sécuritaire, notamment pendant la crise des gilets jaunes, l'a grandement aidée à infiltrer puis récupérer le mouvement. Elle a trouvé la dynamique.

Tertio, avec l'écologie, la gauche s'est trouvée une utopie commode, à la fois concrète et eschatologique, déclinable pour tous et toutes les catégories sociales. Et explicative de tout, parfois jusqu'à l'absurde - mais c'est ainsi que fonctionnent les utopies mobilisatrices... - : climat, migrations, pandémies, maladies, etc.

Quarto, elle s'est appuyée sur des partis - même vieillots - structurés, de nouveaux réseaux très actifs, plus fluides, capables, par leur dynamisme, de mobiliser.

Enfin, elle a fait monter des personnalités nouvelles, inconnues du grand public.

En déroulant cette recette de la pastèque toute simple, je ne fais que décrire en creux les tares et les erreurs de la droite, sans même parler de ces LR qui se sont alliés à LREM...

On trouverait, ici ou là, quelques exemples locaux de réussites identiques à droite. Mais rien de comparable au niveau national.

Certes, cette victoire verte n'était possible qu'avec une forte abstention, mais qui nous dit que nous ne sommes pas entrés, pour plusieurs raisons (urbanisation, mondialisation, recomposition politique, crise économique, etc.) dans une période longue d'abstention forte où la victoire reviendra aux minorités convaincues et actives ?

La droite a les siennes. Alors, au lieu de regarder les trains (verts) de la gauche passer, il serait temps qu'elles en prennent de la graine.

Droites, année zéro. Encore une fois...

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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