Vaccination : gestes commerciaux en tout genre

gabrial attal

On ne peut pas dire qu’on n’aura pas tout essayé pour inciter les gens à se faire vacciner. Gabriel Attal, nouvelle coqueluche, non contagieuse, du gouvernement, a été dépêché dans l’Hérault, l’un des départements les plus touchés par le Covid. « Gabriel Attal, le VRP du vaccin sur les plages », titre Le Figaro. On se calme, les filles, le jeune homme pressé a gardé son costume cravate sous le parasol. On apprend donc que le porte-parole du gouvernement a échangé, jeudi, avec des restaurateurs et des patrons de discothèques, sur une plage privée de La Grande-Motte. Il était flanqué des régionaux de l'étape, les députés Coralie Dubost et Patrick Vignal, celui-là même qui déclarait, en décembre 2020 : « Ceux qui ne veulent pas se faire vacciner, ça me dérange pas. Par contre, ils devront assumer de ne pas être dans l’espace public. » Donc, une plage privée. Pourquoi ? C’est sans doute plus chic et mieux fréquenté. Mais peu importe, ce n'est pas le sujet.

En tout cas, le « VRP du vaccin », c’est assez bien trouvé. Autrefois, on disait représentant de commerce. Qui n’a pas le souvenir de Jean Carmet jouant l’un d’eux dans Comment réussir quand on est con et pleurnichard. Vendant du vermouth frelaté dans les débits de boissons, il apitoyait le bistroquet sur son sort pour refourguer sa camelote et, en guise de « geste commercial », il offrait une pendule avec carillon inspiré de l'opéra italien. De toute beauté ! Comment, alors, résister ? Le sémillant Gabriel Attal est d’une autre trempe, pas du genre pleurnichard. On va dire que c’est la Ferrari du commercial, puisque aujourd’hui on dit comme ça. Un slogan ? Parce qu’il faut un slogan, c’est évident. « Chaque QR code validé, c’est un cluster évité. » Scientifiquement, je sais pas, mais commercialement, c’est bien trouvé. Au concours de lancé de tongs du camping des Flots bleus, on pourra la ressortir. Ça ne claque pas autant que le trop ressassé « Pastis par temps bleu, pastis délicieux », mais c’est pas mal.

Et le geste commercial, il est où ? Le préfet de l’Hérault y a pensé. Il a même, en quelque sorte, anticipé la visite du ministre. Anticiper, par les temps qui courent, c’est pas mal. Ainsi, on découvre sur le site Internet de la préfecture ce message : « Inciter les jeunes Héraultais à se faire vacciner pour qu’ils se protègent, protègent les autres et participent activement au retour d’une vie sans Covid. Les jeunes Héraultais âgés de 18 à 25 ans, ayant eu une 1e injection (dans le respect du passe sanitaire [test PCR/antigénique négatif]) sur la période du 1er au 15 août, pourront bénéficier d'un geste commercial auprès des structures partenaires et des collectivités mobilisées. Nombreux secteurs d'activités : sport, cinéma, culture et loisir, restaurants bars et discothèques, transport... » Ça s'appelle « Opération Vacci ». Une petite trentaine de « partenaires » dont, évidemment, une chaîne de restauration rapide américaine affichent leur logo sur le site de la préfecture. De la publicité à bon compte sous l’égide de la République. Du win-win, comme on dit dans la start-up nation.

Je pense qu’on devrait aller plus loin encore. Pourquoi, par exemple, ne pas proposer une prime à tout bon citoyen (et citoyenne) amenant une, voire plusieurs personnes non vaccinées au « vaccinodrome » ? On donne bien des primes à ceux qui ramènent des queues de ragondins ou de rats musqués. On appellerait ça le « parrainage vaccinal » ou « vaccinatoire », au choix. Au bout de dix, une photo dédicacée de Gabriel Attal ; de cent, une concession de bureau de tabac, voire la Légion d'honneur.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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