Tout va bien, tout est rentré dans l’ordre. « Alles in Ordnung », comme on dit outre-Rhin. J’allais dire : conforme à la planification. L’Allemagne régnait déjà un peu sur la Commission, avec le très germano-compatible Jean-Claude Juncker. Cette fois-ci, on a carrément joué le made in Germany. Tant qu’à faire. Avec Ursula von der Leyen, ministre de la Défense d’Allemagne, au moins, ça va filer droit. La démarche moins chaloupée, plus martiale. Comme à la parade.

On nous a fait croire, un moment, que cela aurait pu être un Français, le très bien élevé Michel Barnier. Cela dit, c’est bien connu, c’est une spécialité bien française : sitôt inséré dans un dispositif international, le Français a tendance à en faire des caisses pour faire oublier qu’il est français. Les autres nations n’ont pas ces élégances. Et, finalement, ça n’a pas été Michel Barnier. « Alles in Ordnung », donc. Mais nous avons décroché la timbale (c’est mieux qu’une casserole), puisque Christine Lagarde est nommée à la tête de la Banque centrale européenne. C’est la surprise. Le petit plus d’inattendu. D’autant qu’en septembre dernier, l’ancien ministre de Sarkozy avait déclaré au Financial Times : « Non, non, non, non, non, non [si, si, six fois non !]… Je ne suis pas intéressée par un emploi européen, ni à la BCE ni à la Commission… » Comme quoi... Mais cela ne se fait pas, de refuser un emploi : les chômeurs en sauront bientôt un peu plus sur le sujet en France. Selon Le Monde, son « indéniable élégance » est saluée de tous. Un atout, en quelque sorte. La French touch. Inès de La Fressange devrait y réfléchir. Cependant, toujours selon Le Monde, ce choix serait controversé car Mme Lagarde n’est ni économiste ni banquière centrale. Pourtant, on peut bien être banquier puis président de la République. Allez comprendre. L'élégante est à la tête du Fonds monétaire international (FMI) depuis 2011. FMI qui a pour mission de « promouvoir la coopération internationale, garantir la stabilité financière, faciliter les échanges, contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et faire reculer la pauvreté »... Doit bien falloir faire un peu d’économie, pour diriger tout ça, non ? Mais, toujours et encore selon le journal de référence, « elle est particulièrement appréciée » d’Angela Merkel. Alors, dans ce cas, « Alles in Ordnung ».

Autre surprise, la désignation de Charles Michel, Premier ministre de Belgique depuis 2014, à la tête du Conseil européen, l'instance qui regroupe les chefs d'État et de gouvernement de l'Union. Un libéral que l'on dit proche d'Emmanuel Macron. Donc, « Alles in Ordnung ».

Là, en revanche, où ça fait un peu désordre, c’est l’élection du président du Parlement. Un socialiste. David Sassoli, un des dix-neuf socialistes italiens élus en mai (la Ligue en a entré 28). Sans doute histoire d’emmerder l’Italie, ou tout du moins Matteo Salvini. Un président élu avec les voix du PPE, le parti auquel sont affiliés les députés LR au Parlement européen. Ce qui a fait vivement réagir Jérôme Rivière, ancien député UMP des Alpes-Maritimes et désormais député RN au Parlement européen. « Le président du PPE se réjouit dans sa première prise de parole de l’élection du socialiste Sassoli. Cette complicité si visible, si assumée ici, est une telle trahison aux promesses de la liste Bellamy. J’ai honte pour eux, une telle absence de convictions est proprement indigne. » Cela dit, c’était le deal ! Le PPE n’a pas présenté de candidat. Le scrutin ayant eu lieu à bulletin secret, les journalistes ne manqueront pas de demander à François-Xavier Bellamy pour qui il a voté. Tout cela est un peu désordre, certes, mais, au fond, « Alles in Ordnung ».

Mais l'essentiel dans tout ça, c'est qu'on y ait introduit la parité. Marlène Schiappa doit être aux anges. Donc, je confirme : « Alles in Ordnung. »

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 05/07/2019 à 16:22.

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03 juillet 2019 à 18:24

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