Une rentrée sous le signe de la transformation sociale, qu’il a dit : en clair, les vieux, vot’ pognon !

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Vous ne le saviez peut-être pas, mais cette rentrée est "placée sous le signe de la transformation économique et sociale et de l’action du gouvernement au service de cette transformation". C’est Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, qui l’a dit, sans rire, lors du point presse après ce Conseil des ministres de rentrée, sans doute un peu morose après le départ de Nicolas Hulot et le cafouillage autour du prélèvement à la source.

Pour beaucoup de Français, cette rentrée est effectivement placée sous le signe de la "transformation économique et sociale", puisque c’est sans doute ainsi que l’on doit désormais appeler la baisse du pouvoir d’achat, notamment pour les familles et les retraités. Un p’tit effort encore, dit à ces derniers la délicieuse Aurore Bergé, nouvelle sorte d’auxiliaire de vie législative, chargée de faire avaler la potion à ces salauds de vieux. "Avec la baisse des cotisations sociales pour les salariés, nous demandons de faire un effort générationnel aux retraités, pour leurs enfants et leurs petits-enfants. Les retraités sont en capacité de le faire." Tiens, ça me rappelle ce qu’on disait après la guerre de 14-18 : "L’Allemagne paiera !" Eh ben, c’est ça : les vieux paieront ! Que diable, pensez donc à vos enfants, espèces de vieux égoïstes !

On croyait pourtant qu’on n'avait fait que ça toute notre vie, de penser à nos enfants et de le faire, ce sacré "effort générationnel".

En travaillant, épargnant, investissant. Accessoirement en les élevant de manière à ce qu’ils ne brûlent pas trop de voitures les soirs de Saint-Sylvestre. En payant l’école, aussi. D’abord, avec nos impôts pour contribuer à donner à la France l’enseignement performant que l’on sait. Ensuite, en finançant souvent leur scolarité dans des écoles privées, histoire, quand même, qu’ils apprennent à lire, écrire et compter.

En payant peut-être deux fois la maison où l’on habite aujourd’hui et pour laquelle, il est vrai - on est vraiment des salauds -, nous ne payons pas de loyer. Car, si on met bout à bout l’achat proprement dit de la bicoque, les frais de notaire, le prix des travaux entrepris auquel il faut ajouter la TVA, les intérêts d’emprunt, histoire de faire vivre les banques, etc., on a bien dû la payer deux fois, cette baraque qu’on voulait justement transmettre à nos enfants, dans un "effort générationnel" vieux comme le monde. Oui, il semble bien que l’on a fait quelques efforts pour nos enfants. On a même dû faire des efforts pour les enfants des autres et, tant qu’à faire, pour les autres tout court. Cela s’appelle la solidarité. Pas de problème là-dessus. Plus précisément, ça s’appelle la Sécurité sociale, avec son cortège de CSG et autres acronymes barbares qui en appellent toujours à cette fameuse solidarité. Au bilan : peut-être, mis bout à bout, l'équivalent d'une semaine d’arrêt maladie dans toute une carrière avec, au bout du compte, le droit de… de faire la queue aujourd’hui aux urgences, un soir d'été, dans une ambiance souvent dépaysante et néanmoins pittoresque, parce qu’il n’y a pas beaucoup de médecins dans le coin et que c’est le week-end, et que ci et que ça.

Bon, on va arrêter là les jérémiades. Aurore Bergé ne va pas tarder d’arriver pour nous donner nos gouttes. Et faut qu’on soit bien propre, sur et sous nous, pour la visite du professeur Griveaux qui va nous dire tout comment ça va bien se passer cette rentrée placée "sous le signe de la transformation économique et sociale".

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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