Une proposition de loi insuffisante, face à l’insécurité dans les transports

D’après le ministère des Transports, 87 % des femmes sont victimes de harcèlement.
Capture d'écran YT
Capture d'écran YT

À l’Assemblée nationale, ce lundi 10 février, une proposition de loi relative au renforcement de la sûreté dans les transports était examinée en séance publique. Cette proposition, soutenue par le gouvernement, émane du ministre des Transports lui-même, Philippe Tabarot. Écrite alors qu’il était sénateur (REP) des Alpes-Maritimes, la proposition a été adoptée il y a deux ans par le Sénat, mais la dissolution et les changements de gouvernements successifs ont retardé le processus législatif.

Ce texte se veut une réponse à l’insécurité qui règne dans les transports en commun alors que, selon une étude de l'Union des transports publics et ferroviaires (UTPF), un quart des personnes, en 2024, citent l'insécurité comme un frein à l'usage des transports publics.

Étendre les pouvoirs des agents de sécurité de la SNCF et de la RATP</strong

Le texte propose d’étendre les pouvoirs des agents de sécurité de la SNCF et de la RATP. Parmi les mesures envisagées, on retrouve l’autorisation de porter des caméras-piétons, qui pourraient être déclenchées à tout moment. Des caméras intelligentes, capables de repérer les mouvements de foule ou des bagages abandonnés seraient autorisées. Plusieurs délits seraient créés : le train surfing (il faut le lire pour le croire) concerne les personnes qui se filment debout sur le toit du métro ; un délit d’« incivilité d’habitude » pour sanctionner plus fortement les comportements déviants (pieds posés sur les sièges, dégradations). Les agents pourraient procéder à des palpations (interdites aujourd’hui, sauf dérogations préfectorales). « On voit une recrudescence des armes qui circulent. Ça va nous permettre de les retirer de la circulation et éviter que cela puisse servir à des agressions » indique, à BFM TV, Nicolas Calonne, agent de sûreté et secrétaire fédéral du syndicat UNSA Ferroviaire.

Les agents pourront intervenir « aux abords immédiats » des gares pour lutter contre les vendeurs à la sauvette. De plus, les délinquants identifiés pourraient se voir interdire l’accès aux gares.

Même s’il juge que ce texte va dans le bon sens, le RN regrette l’insuffisance de ces mesures. « La loi donne plus de prérogatives aux agents de la SNCF et de la RATP, mais ne prévoit pas explicitement de renforcement des effectifs ou d’augmentation des ressources dédiées à la sécurité. Or, la présence humaine reste un élément clé dans la prévention des agressions et autres incivilités », répond, à BV, le député mariniste de Moselle Pascal Jenft. « Pour stopper l’insécurité dans les transports en commun, une approche globale combinant prévention, dissuasion et répression est nécessaire. Augmentation des effectifs de la police des transports, multiplication des patrouilles aux heures de pointe, généralisation de la vidéosurveillance dans les gares, bus et métros, sanctions rapides et visibles. Il faut sanctionner plus sévèrement les agressions contre les conducteurs et contrôleurs », insiste-t-il.

120.000 victimes de vols et violences dans les transports

D’après le ministère des Transports, 120.000 personnes sont victimes de vols et violences par an, dans les transports, et 87 % des femmes se disent victimes de harcèlement. Il faut rappeler que 31 % des victimes ne déposent pas plainte. BV était revenu plus en détail sur ces chiffres.

Rappelons-nous le meurtre d’Anne-Lorraine, cette jeune fille assassinée à coups de couteau dans le RER D, en 2007, celui de Philippe Monguillot, chauffeur de bus à Lyon qui succombe aux coups de ses agresseurs en 2020 ou celui de ce garçon de 14 ans tué au métro Basilique de Saint-Denis en 2024. Plus récemment, deux jeunes hommes ont été poignardés, la semaine dernière dans le métro, à Lille et à Lyon.

Les mots d’Éric Dupond-Moretti, prononcés en 2020 alors qu’il était ministre de la Justice, nous reviennent en mémoire : « Je veux m’adresser à l’intelligence des Français et pas à leurs bas instincts, parce que le sentiment d’insécurité, c’est de l’ordre du fantasme. » Face à l’insécurité endémique dans les transports en commun, voilà une proposition de loi qui ressemble fort à quelques seaux posés sous les fuites d’eau d’une maison sous l’orage. Quant à refaire la toiture…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 20/03/2025 à 14:27.

Picture of Yves-Marie Sévillia
Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Enième loi déjà vouée à l’ échec….31 % de victimes ne portent pas plainte….Et pour cause ! Peur réelle de représailles, traduction devant un tribunal entre 5 à 8 mois après les faits ( du coup suspect introuvable, comme d’ hab), suspect insolvable ou « non responsable » ( trouble psychiatrique…) justice laxiste et souvent à l’ avantage du délinquant, peine rarement appliquée ou drastiquement diminuée. Faut une Justice implacable et efficace. Commençons par le début…

  2. devant le laxisme de nos « juges rouges », il va falloir des peines obligatoires! je me fous de savoir sil es prisons sont surpeuplées : ils n’ont qu’à faire comme moi : ne jamais y rentrer ! (cf le programme TV: les pires prisons du monde) et donc supprimer cette « excuse de minorité » car quant à 14 ou 15 ans (âge avoué, mais réel?) ils narguent les flics, et sont relâchés aussitôt, ….. ils se conduisent bien comme des adultes, pas comme des enfants !

    • Ah, que j’aimais le temps des poinçonneurs du métro : En outre, ça faisait de l’emploi, et le ticket était bien moins cher, en valeur relative…Mes enfants me diraient : « mais Mamie, c’était il y a près de deux siècles, non ? ».

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

La Libre-Pensée va-t-elle faire un recours contre les lieux baptisés Colonel Arnaud Beltrame ?
Gabrielle Cluzel sur le plateau de CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois