Un lien entre insécurité et immigration ? Maud Bregeon dynamite le groupe macroniste

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La députée et porte-parole des députés macronistes Maud Bregeon n’obtiendra peut-être pas la palme du martyre, mais elle a frôlé cet honneur… Comme l’a révélé le journaliste Gautier Le Bret, dans la matinale de CNews, ce 28 mai, les propos de l’élue des Hauts-de-Seine, porte-parole de la majorité présidentielle à l’Assemblée, ont été très remarqués. La veille, Maud Bregeon avait entrouvert la porte d’un constat que les trois quarts des Français admettent comme une évidence depuis longtemps. « Moi, ma conviction, c’est qu’il faut être extrêmement ferme, confiait Maud Bregeon, au micro de Laurence Ferrari. Et lucide. On doit regarder les choses en face : il y a aujourd’hui en France - parfois, pas tout le temps - un lien entre insécurité et immigration et il faut être aveugle pour affirmer le contraire. »

Miracle ? Coup de sifflet final dans le déni migratoire de la Macronie ? Virage sur l’aile ? Lucidité subite ? Illumination sous la pression de l’opinion ? Il y avait là une réplique de la conversion de Constantin en 312, ou tout comme.

« Jamais de signe égal entre immigration et insécurité »

Hélas, ce constat indéniable - la moitié des occupants des prisons parisiennes (à la prison de Fresnes, par exemple) est étrangère - a suscité une levée de boucliers comme on les aime chez les députés macronistes. Il faut sauver les saintes reliques de l’antiracisme ! L’aile gauche des députés macronistes s’est répandue sur une boucle Telegram qui abrite ces échanges confidentiels. Pour une députée, Maud Bregeon « lepénise » un problème non pas d’immigration mais de… racisme. Raciste, Maud Bregeon ? Grrr ! « On va faire monter Bardella car les Français préfèreront l’original à la copie », hurlent des députés paniqués. Horreur ! « Lien nauséabond », « propos blessants pour les immigrés », accusent les autres. Pour Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement et ennemie intime de Maud Bregeon, « on ne mettra jamais de signe égal entre immigration et insécurité, cela reviendrait à faire une généralité : c’est dangereux et c’est le propre des extrêmes ». Voilà les moutons rentrés au bercail ! « Il faut être aveugle pour assurer le contraire », disait Maud Bregeon, mais « il n'est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ».

Maud Bregeon aura le mérite d’avoir vu clair, un instant : elle a, depuis, disparu de la circulation. « Elle a commis une énorme erreur, exécute un député cadre de l’aile gauche macroniste joint par BV. On ne parle pas pour son propre compte quand on est porte-parole du groupe. Elle dispose d’une marge d’appréciation personnelle mais doit faire preuve de modération sur un sujet, la question migratoire, qui clive notre groupe. » Darmanin n’a-t-il pourtant pas déjà fait le lien entre immigration et délinquance ? « Il avait pris soin de faire passer le scalpel loin de ce lien », explique notre député.

L'opinion publique fait ce lien

En donnant le fond de sa pensée, Maud Bregeon a piétiné le fragile cordon migratoire et ouvert la boîte de Pandore de la division entre macronistes de droite (les plus nombreux) et de gauche. Entre réalistes et dogmatiques. Elle a bousculé au passage la très obéissante Valérie Hayer qui tente de tenir ce dogme contre vents et marées sous le feu de ses adversaires. Les propos de Bregeon ? Un éléphant de vérité dans le magasin de porcelaine des mensonges macronistes.

« La difficulté est ancienne pour la Macronie, explique le politologue Arnaud Benedetti. Les sensibilités de centre gauche et de centre droit chez Renaissance se retrouvent sur l’économie mais les clivages réapparaissent sur les sujets régaliens. En l’occurrence, le piège se referme car l’opinion publique fait ce lien. » Combien de temps tiendront-ils ? Depuis 2017, Macron ne varie pas : l’immigration est une chance, point final.

« La vérité, c’est pas mangeable », disait le grand Céline. C’est si simple de vivre dans le monde de Barbie, là où tous les immigrés sont gentils, se confondent en amabilités vis-à-vis de la population d’origine et en louange à l’endroit du gouvernement attaché au bien de tous. Le propos est tellement irénique que certains députés macronistes plus lucides que les autres perçoivent le danger. Robin Reda, député Renaissance de l'Essone, ex-LR, peste sur la fameuse boucle Telegram : « Nier ce lien est un facteur massif de perte de voix. Maud a eu l’immense précaution d’ajouter l’euphémisme "parfois", ce qui est déjà en décalage avec la statistique. » Ces députés ont compris que LR avait chuté sous la barre des 10 % d’intentions de vote parce qu’ils ont fait semblant de ne pas voir l’éléphant migratoire. Et que le RN bat des records d’intentions de vote parce qu’il s'est confortablement assis sur le pachyderme.

Aux macronistes embusqués derrière les paravents du déni, on ne saurait trop recommander Péguy. « Taire la vérité, n’est-ce pas déjà mentir ?, écrivait-il dans les Cahiers de la Quinzaine. Qui ne gueule pas la vérité, quand il sait la vérité, se fait le complice des menteurs et des faussaires ! »

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

43 commentaires

  1. Oh! Mais comment se peut-il que certains fassent un lien entre immigration, délinquance et criminalité, faut-il avoir un esprit tordu « d’extrême droite » pour dire de telles choses, heureusement encore, qu’il n’à pas été précisé, en particulier, d’origine « arabo-musulmane » c’eut été le sommet de la mauvaise foi, fachiste.

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