Trump, personnalité politique de l’année ?

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En cette période de Noël, s’il fallait choisir un récit biblique pour illustrer le chemin parcouru en un an par Donald Trump, l’épisode de la traversée de la mer Rouge semblerait des plus appropriés. Début 2023, la plupart des commentateurs politiques avaient, en effet, arrêté leur verdict : à la tête de ses fidèles, poursuivi par des adversaires déterminés à sa perte, l’ancien président allait se heurter aux flots de procédures déversés contre lui et s’y noyer définitivement. Une parenthèse sinistre de la vie politique américaine se refermerait alors et le pays retrouverait son unité et sa sérénité.

Une incroyable résilience

Douze mois plus tard, force est de constater que tout le contraire s’est produit. À l’image du prophète et guide du peuple hébreu, Trump a vu s’écarter la mer menaçante à sa droite et à sa gauche, et c’est à pied sec qu’il s’avance désormais vers le bureau ovale de la Maison-Blanche, sa terre promise. Quant à ses poursuivants, il se pourrait bien que les flots impétueux finissent par se refermer sur eux et leurs espoirs de victoire.

Non seulement Donald Trump est aujourd’hui en tête de la primaire républicaine, surpassant de près de 40 points ses deux principaux concurrents, mais, surtout, le voilà donné gagnant face à un Joe Biden démonétisé. L’octogénaire démocrate, avec ses chutes à répétition et ses allocutions cafouilleuses, inquiète jusque dans son propre camp où de plus en plus de voix réclament sa mise à la retraite.

Qui aurait pu imaginer un tel scénario, il y a un an ? Bien entendu, pour ceux qui ne veulent pas voir ce qu’ils voient, l’incroyable résilience de Trump ne peut résulter que de sa démagogie outrancière, voire d’une influence maléfique. En octobre dernier, Hillary Clinton n’expliquait-elle pas son succès par sa capacité à manipuler les médias et un ascendant sur ses partisans digne d’une « secte » ?

Le « panier des déplorables »

Lors de la campagne présidentielle de 2016, elle avait eu des propos encore plus durs à l’égard de l’électorat de son adversaire : « Pour généraliser, en gros, vous pouvez placer la moitié des partisans de Trump dans ce que j'appelle le panier des déplorables », avait-elle lancé.

Un premier panier composé de « racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes » auquel il fallait ajouter un autre panier « rempli de personnes qui ont l'impression que le gouvernement les a laissées tomber, que l'économie les a laissées tomber, que personne ne s'intéresse à eux », déclarait-elle.

Les considérations pleines de mépris d’Hillary Clinton sur l’électorat populaire de Trump en disaient, en réalité, bien plus sur l’évolution du Parti démocrate que sur le Parti républicain. Et sans doute faut-il repartir de là pour comprendre la situation actuelle. À l’époque, les stratèges démocrates s’étaient persuadés que la victoire leur tendait les bras car une nouvelle Amérique avait accouché d’une nouvelle majorité composée de minorités de moins en moins minoritaires, des jeunes, des femmes et des électeurs blancs progressistes.

La démographie étant le destin, on pouvait abandonner le « panier des déplorables », l’Amérique populaire blanche condamnée à disparaître, et miser sur les forces émergentes qui allaient la supplanter. La victoire de Donald Trump en 2016 a déjoué ces pronostics.

Une nouvelle majorité populiste ?

Au début des années 2000, deux analystes politiques, John Judis et Ruy Teixeira, dans leur ouvrage The Emerging Democratic Majority, avaient annoncé l’avènement d’un nouveau bloc d’électeurs en faveur du Parti démocrate mais, pour que cette nouvelle majorité accède au pouvoir, il fallait, selon eux, conserver une part significative des classes populaires blanches.

Or, à ce moment-là, sur les décombres de la mondialisation heureuse, s’accéléraient des transferts d’électorats entre les deux partis qui allaient aboutir, en 2016, à la victoire de Trump. L’histoire de ces dernières décennies est, en effet, celle d’un passage progressif de l’Amérique périphérique des déclassés dans le camp républicain et, en sens inverse, du passage des élites blanches, urbaines et diplômées, du côté démocrate.

C’est le premier réalignement dont Trump s’est fait le catalyseur en imposant au Parti républicain son populisme qui à la fois défend le retour de l’emploi aux États-Unis, lutte contre une immigration incontrôlée et soutient, en politique étrangère, une approche « America First » non idéologique et transactionnelle.

Mais c’est aussi la conséquence d’une radicalisation du Parti démocrate qui fait fuir les cols bleus. À mesure qu’a décliné en son sein le mouvement ouvrier, le parti est en effet passé sous la coupe de ce que Judis et Teixeira ont appelé dans un nouveau livre (Where Have All the Democrats Gone?) le « parti de l’ombre », constitué notamment de riches donateurs de la Silicon Valley, de think tanks progressistes, de fondations comme l’Open Society de Soros, de groupes militants comme Black Lives Matter, de médias ou encore des blogueurs influents sur les réseaux sociaux.

L’avant-garde des élites éveillées qui, sur la race, le genre, la criminalité ou l’immigration, défend les positions les plus radicales. Or, après avoir fait fuir la classe ouvrière blanche, cette gauche dogmatique, à l’inverse de ce qu’elle imaginait, a provoqué le départ d’électeurs de couleur souvent bien plus modérés (voire conservateurs dans certains domaines) que les Blancs diplômés du Parti démocrate. Les préoccupations économiques associées aux inquiétudes liées à l’immigration, à la criminalité ainsi qu’au radicalisme woke, semblent ainsi devenir le cocktail perdant des démocrates.

C’est le deuxième réalignement, amorcé en 2020, qui, contre toute attente, révèle aujourd’hui l’émergence d’une majorité populiste conservatrice multiraciale qui fait paniquer les progressistes. Bien entendu, ce n’est pas ce dont nous entendrons parler dans les mois à venir. Il sera surtout question des procès de Trump et de l’apocalypse que provoquerait sa réélection. Les électeurs américains seront-ils dupes ? Pas sûr. En 2024, Trump pourrait être alors, une nouvelle fois, la surprise politique de l’année.

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Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Un homme au franc parler qui a réussi dans les affaires, comment voulez-vous qu’ils soit apprécié des mafias qui monopolisent le pouvoir un peu partout en Occident? Pensez donc, il serait même capable de s’entendre avec l’ignoble Poutine contre le vertueux Zelensky, disent certains? QUE DE DENTS GRINCERAIENT s’il était réélu. Un éventuel spectacle à ne pas rater!

  2. Hum, il y a deux ans je lisais (en librairie, rapido) que Mélania « allait divorcer de Donald, et elle décompte les jours avant de se déclarer ». Maintenant, autre article, elle est la « muse » de Donald, son conseiller psy, son calmant, son bien-être, charme slave aidant et tout et tout, si si j’ai lu cela cette semaine dans un magazine du style Gala ( avec de belles photos de madame). Les temps changent….

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