Trump à Macron : Make France Great Again!

Selon l’adage, les grands hommes ont de grands défauts. Monsieur Macron n’en aurait que de petits. Le Président Macron a ainsi fait du 11 Novembre une cérémonie d’auto-commémoration, l’essaimant de petites piques - fort bien décrites par Jean-Frédéric Poisson lors de son entrevue avec Boulevard Voltaire -, ciblant en particulier un Donald Trump dont personne ne semble encore avoir compris qu’il vit dans une autre dimension, un autre espace-temps, ce qui l’immunise contre toute attaque « classique ». Croyant atteindre la personne, ses adversaires ne transpercent qu’un ectoplasme, une illusion d’optique, s’exposant à leur tour aux dures représailles du combattant de rue à l’affût.

Car Donald Trump, spécialiste de la réponse du berger à la bergère (du "counterpunch", comme il dit), ne manque jamais de faire monter les enchères, ne laissant jamais aucun affront impuni. Les remarques de Macron servies en hors-d’œuvre au sujet de la nécessaire création d’une vraie armée européenne, avaient donné le ton. Puis, le président de la République française n’ayant, visiblement, jamais lu Yvan Blot (1) eut la faiblesse de ne pas se souvenir de l’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ("Le principe de toute souveraineté existe essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui en émane expressément"), pour se lancer dans sa - maintenant célèbre - diabolisation du nationalisme.

La première réaction américaine ne vint pas de Trump mais du toujours vivant Pat Buchanan (ancien collaborateur de Nixon) :

« Macron a beau être adulé en tant que nouveau héraut de l’anti-trumpisme, du trans-nationalisme et du mondialisme, il vient de révéler son ignorance de l’Amérique [...] Le Président français se voit-il comme un citoyen du monde ayant pour seule responsabilité la totalité de l’Europe ou la totalité du monde ? [...] Charles de Gaulle a été peut-être le plus grand patriote du XXe siècle. Son Europe était celle des nations, il a sorti l’OTAN de France en 1966 et a crié “Vive le Québec libre” à Montréal en 1967 […] Est-ce qu’il manquait de patriotisme ? »

Buchanan considère ensuite que Macron a voulu, ici, malicieusement se faire apprécier par les élites du mondialisme pour prendre la suite de Merkel, puis il décrit ensuite une réalité, la renaissance « mondiale » du nationalisme, pour conclure que les trois plus grandes puissances de la Terre sont maintenant chacune dirigées par un nationaliste : Trump, Poutine, Xi Jinping.

L’estocade est venue de Trump quelques heures plus tard, dans une salve de tweets, dont l’un était titré "Make France Great Again", rappelant à Macron ses très mauvais sondages et ses mauvaises performances économiques : "Le problème est que Macron souffre de très mauvais sondages (26 %) et d’un chômage de près de 10 %. Il veut juste changer de sujet. Et, au fait, il n’y pas plus nationaliste que la France, et à juste titre !" À bon entendeur, salut !

Ces météores "tweetiques" cachent peut-être quelque chose. Trump, enchâssé dans le « système » washingtonien, ne serait-il pas en train de réveiller l’Europe, la vraie, en poussant la logique de son racket « otaniste » au-delà de l’absurde ? Est-ce intentionnel ou accidentel ?

(1) Patriotisme et résistance nationale, Éditions du Grenadier

André Archimbaud
André Archimbaud
Consultant stratégique

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