À l’issue d’une longue période électorale au cours de laquelle aucun des sujets de fond qui préoccupent les Français n’aura véritablement été abordé, la France repart pour cinq ans d’incertitude, d’approximation et, vraisemblablement, la poursuite de son inexorable déclin. Et comme si les choses n’étaient pas déjà assez compliquées, il faudra ajouter aux difficultés financières, économiques et sociales, toujours pendantes, la gestion d’un conflit aux portes de l’Europe. Là encore, nos dirigeants auront donné la pleine mesure de leur incompétence et de leur incapacité à résoudre une crise majeure, préférant, au détriment des peuples, jouer les va-t-en-guerre derrière une Amérique plus impérialiste que jamais, plutôt que de rechercher par les voies diplomatiques des solutions pacifiques acceptables par tous.

Exemple parfait du refus de ceux qui nous gouvernent de résoudre les problèmes que rencontre notre pays, la sécurité aura été l’une des grandes oubliées des débats électoraux que nous venons de vivre. Aucun des candidats à la présidentielle, et ensuite des partis politiques concernés par les élections législatives, n’aura été en mesure, non seulement de répondre par des solutions concrètes à cet enjeu crucial, mais simplement d’identifier clairement et de nommer ce que vivent de nombreux Français chaque jour. L’actualité n’a pourtant pas manqué d’envoyer des signaux forts. Du fiasco sécuritaire du Stade de France à l’occasion de la finale de la Ligue des champions de football à l’assassinat de ce médecin militaire devant les yeux de ses enfants à Marseille, en passant par les règlements de comptes sur fond de trafics de stupéfiants qui occupent désormais chaque jour les colonnes de nos journaux, il aurait été facile de s’emparer du sujet et de proposer enfin des solutions concrètes et efficaces pour tenter, à tout le moins, de redresser une situation devenue catastrophique. Au lieu de cela, quelques slogans électoraux, de vagues propositions aussi déconnectées qu’inabouties, mais au final, rien de construit et de sérieux.

Cette situation, qui ne doit rien au hasard, démontre plusieurs choses. La première est que notre classe politique, toutes tendances confondues, est dans l’incapacité d’élaborer un projet d’envergure pour la sécurité des Français. Manque de compétences, manque de réalisme, manque d’idées pertinentes et novatrices, c’est, dans ce domaine, le niveau zéro de la réflexion et de l’action qui s’impose. Ensuite, un manque de courage évident. Conscients de l’immensité et de la complexité du sujet, nos politiques préfèrent habilement éviter de s’attaquer au cœur de la question plutôt que de risquer de provoquer des désordres importants dans certaines de nos villes. Désordres qui, de toute façon, se produisent déjà et ne cesseront de s’amplifier. Enfin, un corporatisme exacerbé savamment entretenu au sein d’institutions régaliennes qui bloque toute velléité de changement et de progrès.

Les années qui arrivent - soyons lucides - ne changeront rien à tout ça. Des Français continueront de mourir sous les coups de criminels multirécidivistes. Des hordes de délinquants continueront de proliférer et de s’attaquer aux touristes étrangers. Le maintien et le rétablissement de l’ordre continueront d’être gérés sans véritable doctrine d’emploi des forces. Et, surtout, les policiers livrés à eux-mêmes sur le terrain sans la présence d’un encadrement digne de ce nom continueront de s’exposer physiquement et juridiquement aux conséquences d’actes toujours plus violents et nombreux.

Côté politique, nos ministres de l’Intérieur et de la Justice poursuivront leur œuvre délétère, parachevant ainsi le démantèlement de leurs institutions respectives qui ne tiennent plus que grâce au profond sens du service public de quelques-uns de leurs membres.

C’est donc par une profonde réforme de notre classe politique qu’il faut commencer. Aucune réforme structurelle valable de la police ou de la justice ne pourra se faire si elle n’est portée avec lucidité et pragmatisme, et le souci d’apporter aux Français les réponses qu’ils attendent en matière de sécurité. Pour l’heure, les conditions sont encore loin d’être réunies.

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20 juin 2022 à 18:05

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6 commentaires

  1. Réformer la classe politique devient indispensable. Il faut en finir avec ce carriérisme compulsif qui anime tous ( ou presque) les prétendants à l’exercice de la représentation nationale. Hommes ou femmes se présentant parés de toutes les vertus et oubliant très vite, le succès acquis, qu’ils ne sont, et ne doivent être, que les mandataires de ceux qui les ont choisis par le biais des urnes.

  2. Rien ne sera fait pendant les cinq années qui viennent la Nupes bloquera toutes les réformes possibles car le problème numéro un en France c’est que les français n’aiment leur pays que dans le sport.

  3. Je pense que le seul qui avait esquissé un début de réponse était Zemmour et que c’est pour cela qu’il a été évincé !

  4. Vaste programme que seul un courage politique sans arrière- pensées sera peut-être capable d’entamer.

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