Emmanuel Macron au pied du mur de l’Assemblée : les raisons d’une déconfiture

macron

« Je sais que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l'extrême droite », disait Emmanuel Macron, au soir de l’élection présidentielle.

Victoire tiédasse après que ses amis de la presse et les derviches tourneurs de la politique eurent, une fois encore, agité les épouvantails du fascisme et foncé, telle une mêlée de rugby, dans « le front républicain ». Mais voilà, depuis le temps qu’elle sert, la ficelle s’est usée et le RN, tout caricaturé qu’il est, fait aujourd’hui une entrée fracassante au Parlement. Sans proportionnelle !

Bref, voilà Emmanuel Macron au pied du mur de l’Assemblée, pleurant sur son sort de « mal-aimé ». La faute à qui ?

La sienne. Ses attitudes jupitériennes, son mépris du peuple comme des institutions, son obsession du « en même temps », son dédain d’un pays qui ne l’intéresse que comme composante européenne… la liste est longue des raisons de la déconfiture.

Pour les plus proches, on citera déjà son refus de faire campagne enrobé dans un art de l’esquive qui n’a pas échappé aux Français. La présidentielle, tout d’abord : une déclaration de candidature à l’extrême limite, quelques clips prétentieux diffusés sur les réseaux sociaux de la jeunesse branchée, les copains contre le fascisme et la guerre en Ukraine comme viatique. Que les Français s’en contentent !

Le nouveau gouvernement ? On a attendu trois semaines le nom d’Élisabeth Borne, plus quatre jours pour les ministres… rendus muets : entrés en fonctions le 20 mai, débranchés le 23 pour « ne pas perturber le bon déroulé de la campagne législative ». Qui s’étonnera alors que les « poids lourds » du régime soient allés se rhabiller dimanche soir ?

Mais la plus grosse faute d’Emmanuel Macron est sans nul doute le mépris du Parlement qu’il affiche depuis cinq ans, réduisant l’Assemblée et le Sénat à une armée de godillots, multipliant à l’envi les « comités Théodule » et autres « assemblées de citoyens » pour mieux signifier qu’il les tenait pour quantité négligeable. Ainsi, rappelle Christine Clerc dans Le Point (14 juin), « alors qu'une commission sénatoriale venait, après des mois d'enquête et d'un sérieux travail de rédaction, de remettre son rapport sur les urgences hospitalières, le maître de l'Élysée confiait une “mission flash” à un médecin-chef de service au CHR de Metz-Nancy, le Pr François Braun, président du SAMU des urgences de France. C'était le 1er juin, à onze jours du premier tour. »

Tout le premier quinquennat aura été émaillé de ces affronts répétés. Quant à la campagne des législatives, elle aura presque exclusivement tourné autour de Mélenchon et sa NUPES. À peine évoqué les projets de réforme, le Président les a renvoyés aux calendes grecques pour mieux s’occuper de ce qui, seul, l’intéresse : sa stature européenne et internationale. S’il avait été moins infatué et davantage convaincu de sa réélection, il aurait pu différer la présidence française qui s’achève dans dix jours, mais il ne voulait pas manquer ce qu’il a toujours pris pour un marchepied.

Qu’auront retenu les Français de ce printemps électoral ? Des provocations. À commencer par la nomination de Pap Ndiaye, un intellectuel indigéniste, au ministère de l’Éducation nationale. Puis le maintien d’un Gérald Darmanin pris en flagrant délit de mensonge sur les scandaleux événements du Stade de France. À poursuivre par le mépris, là encore, des questions qui préoccupent réellement les Français : pas les fumisteries sur le genre des enfants de maternelle, mais bien l’immigration galopante et l’insécurité. C’est maintenant que la partie va commencer.

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

16 commentaires

  1. La partie commence, en effet. Le président s’entretient avec les chefs de parti de façon à prendre note de ce que chacun d’entre eux serait prêt à voter avec le groupe Ensemble. Il s’agit comme d’habitude d’une gestion au coup par coup, d’un mouvement de quelques millimètres des curseurs dans un sens ou dans l’autre suivant l’air du temps. Toujours pas de grand dessein, toujours pas de projet mobilisateur. Nous ne saurons pas à terme de cinq ans, où va la France.

  2. J’entends certains commentateurs relativiser ces élections , et ne pas mettre en cause la légitimité de Macron, car il a été « élu haut la main » à la présidentielle ; de fait élu certes mais avec une participation assez étriquée , mieux encore avec les voix de ses principaux opposants à commencer par le chef de LFI, un dénommé Mélenchon , ainsi que nombre de ses détracteurs de tout bord

  3. « ses attitudes jupitériennes » ont pourrait dire « son appétence à la mégalomanie ».
    Effectivement la fonction de président de la république Française était « un marche pied » pour l’accession à une hypothétique fonction de président d’une Europe fédérale.
    Mais il a complètement ignoré l’existence d’un peuple Français.

  4. C’est très bien ainsi. A 73 ans c’est la première fois que je vote pour quelqu’un qui est élu; la première fois en plus de cinquante ans !

  5. Voilà comment les prétentieux et les méprisants finissent à connaître un échec ..pour nous excellente nouvelle .les français cette fois ont conjugué le mot em…..r ..bravo

  6. Si les temps deviennent trop durs pour lui, il a encore le recours de la démission.
    Ce ne sera pas d’une grande difficulté de lui trouver un remplaçant. Toutefois, le prochain devra être bien plus compétent et beaucoup moins psychopathe.

  7. Cette nouvelle Assemblée convient peut-être assez au saltimbanque qui pourra toujours , courageusement, incriminer l’opposition !

  8. Le mépris pour les Français continue. En refusant la démission d’E. Borne, Jupiter s’entête à vouloir imposer SA loi. À un enfant, on dirait : « Tu es borné ».

  9. Trop tard pour l’introspection, le mal est fait et s’est trés bien ainsi- il n’a que ce qu’il mérite.

  10. Il ne faut pas chercher bien loin, ils nous a bien montré, pendant cinq longues années, qu’il n’aimait pas les Français et qu’il détestait la France lors de ses discours aussi bien dans le pays qu’à l’étranger !

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