[Tribune] Que reste-t-il de la politique éducative ?

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Trois événements se sont enchaînés, ces derniers jours. Ils ont à nouveau rebattu les cartes pour ce qui concerne la politique éducative de notre pays.

Rappelons le contexte : PISA a montré que les capacités de nos élèves et leurs performances s’effondrent en français et en mathématiques. La fracture scolaire et sociale entre élèves s’est aussi approfondie. Un sondage récent montre, quant à lui, que les 16-24 ans ne semblent pas maîtriser des éléments fondamentaux et basiques de notre Histoire nationale (la Révolution française…). Ces signaux « forts » de la poursuite de l’effondrement de notre système éducatif ont été occultés par l’agitation ministérielle et les déclarations du président de la République du 16 janvier.

L'échec de la génération Hollande

En présentant, avec le talent de communicant qu’on lui connaît, le « choc des savoirs » au moment même où étaient publiés les résultats de PISA, Gabriel Attal, ci-devant ministre de l’Éducation nationale, visait un double objectif : éluder la responsabilité de la gauche de gouvernement dans l’affaissement du niveau des élèves testés par PISA : tous entrés à l’école primaire dès le début du mandat de François Hollande, ils ont fait les frais de la déconstruction de l’école et du collège assurée par Vincent Peillon, Najat Vallaud-Belkacem et Benoît Hamon. La « génération Hollande » est la plus mauvaise de toutes celles des campagnes PISA.

Second objectif : masquer l’atonie, la passivité des gouvernements d’Emmanuel Macron depuis six années sur la question pourtant centrale de la politique éducative.

Le « choc des savoirs », série de mesures hâtivement élaborées par un petit groupe de hauts fonctionnaires, après une consultation bâclée et orientée du corps enseignant, accouche en huit semaines d’un inventaire décousu, ne faisant pas système : priorité aux maths – alors que le problème premier est la maîtrise du français, de la lecture et de l’écriture sans laquelle aucun autre apprentissage n’est possible –, réintroduction des groupes de niveau et du redoublement au collège, brevet tenant lieu d’examen d’entrée au lycée, labellisation des manuels scolaires, simplification des programmes du primaire.

Cette série de mesures devrait être mise en œuvre par le nouveau ministre, Mme Oudéa-Castéra. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à l’inverse de son météoritique prédécesseur, elle aura raté son entrée au 110, rue de Grenelle. On peut douter que le ministre trouve assez d’autorité, désormais – dans le contexte particulier de la préparation des Jeux olympiques et paralympiques, qui plus est –, pour entamer des réformes qui d’emblée ont irrité la doxa pédagogiste syndicale.

Un discours opportuniste

Enfin, Emmanuel Macron, hyper-Président et donc lui aussi ministre de l’Éducation nationale, a ajouté à la confusion en énumérant à son tour des mesures éducatives à portée symbolique que le gouvernement devra désormais mettre en œuvre : expérimentation du port d’une tenue unique, cérémonies de remise de diplômes, doublement des cours d’instruction civique théâtre au collège, apprentissage de la Marseillaise.

Ces mesures sont présentées par le Président comme étant de nature à donner aux élèves un cadre ritualisé leur permettant de développer un sentiment d’appartenance à la nation. Ce discours droitier destiné, comme lui-même l’a développé dans son intervention, à faire pièce au RN est clairement opportuniste et procède de la droitisation faciale de la politique gouvernementale.

Les mesures annoncées sont, elles aussi, purement des produits de marketing : la Marseillaise est apprise dans les écoles depuis des années, le théâtre est fort développé dans nombre de collèges et de lycées, la remise de diplôme est couramment pratiquée, notamment en REP. L’uniforme est en vigueur dans nos outre-mer depuis des années sans jamais avoir été évalué. Quant à l’instruction civique, des élèves qui ne lisent qu’approximativement en 4e pourront-ils vraiment absorber « les grands textes » ? Reste le SNU généralisé en seconde dont on attend impatiemment le financement (non prévu au budget 2024).

De tout cela, il ressort que l’école n’est manifestement, pour le pouvoir, qu’une variable d’ajustement médiatique et communicationnelle dans une stratégie globale qui vise à durer le plus longtemps possible et à contenir la « montée de l’extrême droite ».

Ni Emmanuel Macron, ni Gabriel Attal, ni, encore moins, Amélie Oudéa-Castéra n’ont de projet, d’ambition, de désir de redressement pour le système éducatif de notre pays. Des retouches, des mesurettes, des discours, mais rien de construit, de systémique, de pensé. De Charybde en Scylla, notre école roule vers le déclin.

Roger Chudeau
Roger Chudeau
Député de Loir-et-Cher, référent Éducation pour le groupe RN à l’Assemblée nationale

Vos commentaires

14 commentaires

  1. Ce qu’il reste de la politique éducative ? les résultats des enquête PISA. Un désastre pour le futur de nos jeunes et donc pour notre pays.

  2. Lorsque l’on entend s’exprimer en Français de banlieue le sémillant ministre des affaires étrangères, lorsque des « intellectuels » signent une tribune contre Tesson en écriture inclusive, on se dit que le Français est foutu. Serait-ce « l’oisiveté » évoquée par le résident de la ripoublique qui fait son œuvre à la place de l’éducation nationale ?

  3. C’est tout à fait évident que la première chose à maitriser c’est le français. Savoir rédiger correctement avec un vocabulaire et une grammaire maitrisé, avec des arguments et de la logique est fondamental. Ça facilite ensuite l’apprentissage des mathématiques et la résolution de problèmes. Car qu’est ce que résoudre un problème de mathématique si ce n’est que faire une composition française en langage mathématique. J’ai fait des études scientifiques et mes professeurs me félicitaient car ils prenaient du plaisir à corriger mes copies. Ce n’était pas qu’un alignement d’équations mathématiques mais une rédaction où les équations étaient justifiées et s’enchainaient avec logique pour aboutir au résultat recherché.

    • Très juste. Il me revient l’exemple d’un camarade de classe d’un de mes enfants qui jusqu’au CE2 avait des résultats corrects en calcul. Mais dès l’introduction de petits problèmes, un calvaire pour l’enfant, on s’est aperçu qu’il ne maîtrisait pas suffisamment la lecture ! Avec la méthode globale il a su donner le change durant plus de 2 ans mais que de temps perdu !
      Et c’était il y a déjà 20 ans…

  4. Pour continuer à pouvoir fonctionner, il faut que ce gouvernement fournisse des illettrés, car si les jeunes apprennent à lire et à penser comme autrefois, les ministres seront détrônés et renvoyés à l’école primaire.

  5. Au lieu d’essayer de faire chanter la Marseillaise à ceux qui la détestent il ferait mieux d’aller écouter ce qui se dit dans les mosquées et les salles de classe attenantes !!

  6. Du vide comme d’habitude . Pour commencer réinstaurer la discipline et le respect des lois , encore de nombreuses élèves en abaya dans les lycées malgré l’interdiction annoncée par Attal . Alors les belles paroles ne feront pas remontées le niveau scolaire .

  7. Tout ce que peut proposer Macron pour l’Education Nationale est de la foutaise. Ce n’est pas mauvais en soi mais dérisoire. C’est comme donner une dose de vitamines à un malade en face terminale. Macron ne mesure pas du tout la gravité du problème pour l’avenir de la France. Idem pour l’immigration. Ce Président est le croque-mort de la France. Tous ses successeurs devront être chassés du pouvoir en 2027.

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