À moins d’un miracle, la loi de programmation et d’orientation pour le ministère de l’Intérieur (LOPMI) voulue et présentée par Gérald Darmanin sera votée dans quelques semaines par le Parlement. Elle signera, une nouvelle fois, la victoire de la technocratie destructrice de nos institutions aux dépens de la grande mission de « sécurité » due aux Français et normalement dévolue à ceux qui nous gouvernent.

Cette énième réforme de la police nationale, derrière une présentation qui se veut modernisatrice, est en réalité l’aboutissement de la lente déliquescence qui touche la maison « Police » depuis plusieurs décennies. Après les diminutions drastiques d’effectifs décidées sous l’ère Sarkozy sans aucune considérations opérationnelles mais uniquement pour complaire à l’hydre bruxelloise, ont suivi des recrutements tout aussi aléatoires opérés sans aucune vision stratégique ni politique de sécurité publique cohérente. Le résultat, aujourd’hui, est celui d’une institution qui ne tient, à l’image du reste des services de l’État, que par une tradition bureaucratique et administrative déconnectée de toute réalité humaine et sociétale.

Pourtant, cette nouvelle loi sera votée ! Elle sera votée par des parlementaires aux ordres qui, pour la plupart, n’ont aucune connaissance des sujets qu’elle aborde et en dépit de ce que les Français attendent de leurs élus en matière de sécurité. Quant à ceux qui en sont les initiateurs, ils ne manqueront pas de s’enorgueillir d’un investissement massif de l’État qui, pourtant, n’améliorera en rien la lutte contre le crime en France.

Le délitement de la police dans notre pays n’est pas exceptionnel. Nos armées connaissent exactement les mêmes difficultés, le conflit en Ukraine n’ayant qu’aggravé une situation qui était déjà dramatique. Déjà sous-dotées dans de nombreux secteurs clés de notre défense, les ponctions opérées pour satisfaire nos « amis » ukrainiens ont plongé nos militaires dans une disette dont ils auront le plus grand mal à se relever.

Ainsi, de la même manière que la police nationale est aujourd’hui dans l’incapacité de faire face et de résoudre les problématiques de sécurité intérieure, notre armée serait bien incapable d’assumer les conséquences d’un conflit de haute intensité sur notre territoire. Et pourtant, la menace n’a jamais été aussi grande.

Bien entendu, policiers et militaires ne sont en rien responsables de cet état de fait. Professionnels aguerris et compétents, ils portent à bout de bras notre sécurité intérieure et extérieure, s’évertuant chaque jour à tenter de toujours faire aussi bien, sinon mieux, avec toujours moins. Et soyons clairs, ce ne sont pas les rodomontades des ministres concernés à l’occasion de la présentation des budgets alloués qui arrangeront une situation désormais totalement hors de contrôle.

La réalité est maintenant connue. L’effondrement de nos services publics en général, et de nos services de sécurité et de défense en particulier, n’est que le fruit d’un renoncement qui remonte à près de quarante ans. Des choix politiques délétères qui ont fait que ceux qui nous ont gouvernés ont renoncé à tous les leviers de la souveraineté, qu’elle soit nationale ou internationale. C’est ainsi que des territoires entiers de la République ont été laissés à l’abandon et cédés aux organisations criminelles, tandis que peu à peu nos militaires ont vu leur rôle et leurs missions se réduire comme peau de chagrin sous l’effet de politiques étrangères discutables et de coupes budgétaires successives.

Aujourd’hui, dans un domaine comme dans l’autre, rien n’augure d’un changement de cap ou d’une volonté de restaurer l’autorité de l’État sur le territoire national et la puissance de la France au niveau international. Pourtant, si rien n’est entrepris rapidement, en y mettant les moyens colossaux que cela suppose, la France sera dans quelques années totalement dépendante d’alliances tenant plus de la soumission que de la coopération. Notre vulnérabilité intérieure et notre incapacité à nous imposer à l’extérieur en sont déjà les signes annonciateurs.

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18 octobre 2022 à 10:32

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17 commentaires

  1. Commissaire Damien, ce comportement délétère dont vous parlez courageusement se nomme selon moi une lâche trahison des intérêts fondamentaux de la France de la part de ses dirigeants.
    Un gradé comme vous-même m’a dit en parlant des banlieues claniques dangereuses : « heureusement qu’ils ne s’organisent pas »… Et nous, citoyens responsables, combien de temps allons-nous subir cette décadence honteuse sans bouger?

  2. L’armée française tient sa force dans ses Soldats et ses Capitaines et c’est vrai j’en convient sa faiblesse dans ses généraux, promus en conseils des ministres, ils devraient être promus par une instance interne à l’institution, comme les autres militaires.
    Quand à la police sa faiblesse est dans ses syndicats.

    1. Je crois que la faiblesse de la police est surtout due aux consignes qui limitent leur liberté de manoeuvre. Quand ils sont équipés avec des armes, ils sont dissuadés de s’en servir. Beaucoup ne demanderaient pas mieux que de passer à une attitude plus musclée avec la délinquance.

  3. Pour l’armée je pense qu’on a pas 2 jours de munitions à disposition ?…pour le matériel , avec ce qui a été donné aux ukrainiens c’est pire ! Il fut un temps ou on a jugé, condamné et meme exécuté des responsable politiques pour moins que ça !

  4. Il n’y a pas à s’interroger sur le sujet. La seule Police qui tienne pour le système ultra libéral c’est celle destinée à frapper sur le sale peuple s’il se révolte. Tout est prévu à cet effet, hommes, procédures et matériels à la pointe. Pour le reste la sécurité des citoyens passe très loin derrière.

  5. Dommage que les forces armées ne soient pas au service des Français au lieu d’être envoyées se battre contre les Russes en Ukraine !
    Je copie ci-dessous un phrase de l’article, qui a été publié hier par l’analyste française Karine Bechet Golovko :

    « On rapporte sur le terrain que des mercenaires étrangers sont arrivés à Nikolaev pour aider l’armée ukrainienne : des Polonais, des citoyens anglophones, et aujourd’hui on a appris l’arrivée des Français.»

    Si cela est exact ? Je ne pense pas que notre parlement ait donné son aval pour soutenir une guerre américaine contre la Russie.

    1. Tout à fait d’accord avec vous. Il est inadmissible que les chambres n’aient pas été consultées pour autoriser cet engagement. Que font les députés et sénateurs?

  6. Policiers et militaires ne sont en rien responsables, dites vous. Certes, on peut dire cela pour l’immense majorité d’entre eux, mais pas pour leurs chefs dont, à ma connaissance, un seul à eu le courage de démissionner, le général de Villiers. Quand plusieurs chefs d’état-major auront claqué la porte, peut être que le gouvernement réagira. Mais les candidats ne manquent pas…

    1. Bravo pour votre clairvoyance. De vrais chefs militaires auraient mis leur démission face à la braderie opérée par nos politiques qui a bien y regarder ne représentent rien. J’en ai connu beaucoup qui n’ont pas hésité à l’image du Général de Villiers.

  7. N’oublions pas les paroles prothétiques de Gérard Colomb, nous sommes côte à côte, nous serons bientôt face à face.
    Comment un Président de la République peut-il être le chef des Armées, alors qu’il ne s’est jamais frotté à l’Armée? Ah ce vêtir une combinaison d’aviateur, c’est du théâtre, mais très très loin de la réalité, vivre pendant 90 jours en immersion complète à bord des sous-marins nucléaires, ce n’est pas facile, et comme les aviateurs, dans les sous-marins, le PACHA, et ses hommes sont très jeunes, là il faut du courage. La guerre se déclare par les politicards, mais ensuite s’en lavent les mains, et c’est notre jeunesse qui en paie la dette. Pas toute la jeunesse, bien entendu, vous voyez ce que je veux dire.

  8. La police geint , se lamente , implore les divinités de l’Ordre ….mais continue d’élire les mêmes syndicalistes qui sont cul et chemise avec Bauveau. Ben continuez les p’tits gars , vous aurez double ration de kleenex et si vous êtes sages invités par votre hiérarchie à un Bbq a Noël dans la cour du commissariat

    1. En effet très courageux pour matraquer une mamie ou bousculer un handicapé en fauteuil roulant.
      Et ça se transforme en larves rampantes et gluantes dès que la hiérarchie arrive au bout du couloir.

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