[Tribune] Marseille : la réponse de Darmanin n’est pas à la hauteur

KALACHNIKOV

Tôt ce dimanche matin, trois jeunes hommes ont été abattus à Marseille à l’occasion de ce qui relève vraisemblablement d’un énième règlement de comptes entre trafiquants de drogue. Avec déjà plus de vingt morts depuis le début de l’année, c’est à une recrudescence sans précédent du phénomène que nous assistons dans la cité phocéenne.

Mais la seconde ville de France est loin d’être la seule concernée. Ainsi, Avignon, Carpentras, Valence ou encore, plus récemment, Villerupt, en Meurthe-et-Moselle, ont été le théâtre de luttes armées entre bandes rivales. C’est incontestablement le modèles des cartels sud-américains qui est en train de prendre possession de nos villes et nos quartiers.

Il faut dire que, malgré le travail important des policiers et des douaniers, jamais le trafic de stupéfiants n’a été aussi prospère sur notre territoire. En particulier celui de la cocaïne, qui voit le nombre de ses consommateurs exploser grâce à des prix véritablement attractifs. Sans doute le chiffre de 600.000 consommateurs de "coke" recensés en France est-il largement sous-estimé.

Avec un chiffre d’affaires évalué à 3 milliards d’euros environ par l’INSEE (le trafic de drogue figure, officiellement, dans les chiffres du PIB français), il est évident que cette activité criminelle rapporte de juteux profits, suscitant par conséquent de nombreuses convoitises. Rien d’étonnant, donc, à ce que des bandes rivales soient prêtes à conquérir de nouvelles parts de marché en utilisant tous les moyens criminels à leur disposition (homicides, séquestrations, violences, mutilations…).

Face à ce fléau en constante progression, le gouvernement, en la personne du ministre de l’Intérieur, a choisi de réagir. Tout d’abord en renforçant, ici ou là, les effectifs de police. C’est ce qui a été fait à Marseille où, au cours de ces derniers mois, plus de 300 policiers supplémentaires ont été affectés. Par ailleurs, toujours à Marseille, la filière judiciaire a été renforcée d’une vingtaine d’enquêteurs. Ensuite, sur le plan opérationnel, Gérald Darmanin a décidé de faire la chasse aux "dealers". Aussi a-t-on vu les contrôles de points de « deal » se multiplier dans les cités, ce qui a permis d’interpeller quelques dizaines de petits trafiquants.

Malgré ces mesures fortement médiatisées, il est établi que la situation ne s’arrange guère, en particulier à Marseille où le « bal des kalachnikov » bat son plein. Et pour cause. Les réponses apportées par le locataire de la Place Beauvau sont en réalité des mesures d’un autre temps et, qui plus est, parfaitement inefficaces. C’est ainsi qu’à chaque problème de délinquance, la réponse est immanquablement un renfort ponctuel d’effectifs et une suite d’opérations "coups de poing" qui, certes, peuvent calmer momentanément le jeu, mais ne résolvent jamais le problème sur le fond.

La lutte contre le trafic de stupéfiants doit passer tout d’abord par des actions intergouvernementales coordonnées. C’est sur les pays producteurs et exportateurs qu’il faut mettre la pression. Ce n’est jamais fait ! C’est également aux têtes de réseaux qu’il faut déclarer la guerre, en mettant en œuvre, toujours de façon coordonnée, une répression intraitable. Mais on attend toujours. Ensuite, les sanctions prononcées contre les trafiquants locaux doivent être dissuasives et suffisamment lourdes, en particulier pour casser l’attractivité de ce genre d’activité. Mais la Justice est rarement au rendez-vous. Enfin, ce trafic se réalisant souvent au sein du noyau familial, des sanctions appropriées doivent être trouvées pour casser cette entreprise. On en discute encore.

Fléau en soi, le trafic de stupéfiants génère en outre de telles sommes d’argent qu’il alimente en grande partie d’autres pans de la délinquance. C’est en le limitant drastiquement, à défaut d’éradiquer totalement ce phénomène, que des résultats probants en matière de lutte contre le crime pourront être obtenus. Mais pour cela, il faudrait passer d’une politique électorale de communication à court terme à une vraie politique de sécurité au service des Français.

Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

13 commentaires

  1. Le trafic de drogue a été ajouté au calcul du PIB par Macron pour relever un peu notre économie en friche, ses ministres ne risquent donc pas de lutter contre!
    C’est même l’inverse, avec les salles de « shoot » l’état assure même gratuitement le SAV des dealers tout en facilitant la consommation.
    Si on faisait de la vie des toxicomanes un enfer, tout en montrant bien les conséquences de la consommation, on diminuerait énormément les trafics.
    Mais non, ça n’est pas un problème. Par contre, n’oubliez pas : mangez-bougez, consommez de l’alcool avec modération et au quotidien, covoiturez.

  2. « C’est sur les pays producteurs et exportateurs qu’il faut mettre la pression. Ce n’est jamais fait ! » Bizarre bizarre!

  3. Ce n’est pas la réponse de Darmanin qui n’est pas à la hauteur…c’est tout simplement ce ministre qui témoigne d’une incurie rare.

  4. Tout le monde sait parfaitement où est produit ce canabis, qui le transporte, comment, par quelle route et qui le vend. Chacun fera sa conclusion…

  5. Les politiques nous disent qu’ils ne peuvent rien contre l’immigration, que lutter contre le crime, c’est difficile, lutter contre la drogue, c’est pas simple. A quoi servent-ils ? Faut-il les garder ? Faut-il continuer de les payer. Une chose est sûr : il faut interdir l’accès aux responsabilités aux diplômés de l’ENA.

  6. Est-ce que cela rapporte au gouvernement actuel comme au Mexique, puisqu’il semblerait qu’il laisse faire en n’intervenant pas dans les banlieues il y’a certainement de la peur ou du profit, pour QUI ?
    Avec cette politique personne n’est à l’abris de cette violence qui se propage dans toutes les villes.
    La France est à la dérive avec un gouvernement pareil.

  7. C’est quand déjà que Macron doit se rendre à Marseille pour faire le bilan des mesures promises lors de ses 3 journées passées à Marseille, en compagnie de 16 ministres et à renfort de milliers de caméras et d’innombrables heures de propagande télévisuelle ? A croire que ce président et son gouvernement ne sont jamais responsables des promesses faites, et il semblerait même pas censés faire respecter la loi selon Dupont Morvettti (exécution des OQTF), etc .. Des menteurs ? Des irresponsables ? Peut-être le deux …. A quand un reportage sur France 5 sur le coût de cette com pour le con-tribuable spolié ?

  8. Pénaliser les consommateurs ,peines fortes pour les dealer,Interdictions des teknival …On en est loin …

  9. Un moyen simple et efficace pour lutter contre le trafic de drogues est de pénaliser à outrance les consommateurs qui se font les complices des dealers en leur permettant de s’enrichir sur leur dos et leur santé. Il suffit donc de durcir les contraventions en portant jusqu’à 10 000€ le montant de l’amende pour toute personne prise avec des produits illicites (cocaïne, cannabis …) à partir de 1 gramme. Pour cela, rien de plus facile : Arrêter systématiquement tous les consommateurs achetant « leur mort » au points de deal. En touchant au portefeuille on tarira drastiquement ce commerce illicite.

  10. Gérald Darmanin ne fait que de la Com sur ce sujet à grands renforts de
    «démantèlements de points de deals qui pourrissent la vie des Français qui aspirent au calme et à la tranquillité… » du pur blabla bien rôdé.
    Des éléments de langage qui cachent une incurie totale en matière de lutte contre la Drogue comme l’a souligné à maintes reprises l’excellent criminologue Xavier RAUFER qui, lui, propose des solutions globales, certainement plus efficaces, mais on ne l’écoute pas.
    Le petit état du Salvador nous donne un exemple à suivre si on veut éradiquer les gangs mafieux. La preuve que si il y a une véritable volonté politique d’un Président de vouloir protéger son peuple, c’est possible!
    Gérald Darmanin et Dupont-Moretti devraient faire un stage de mise à niveau au Salvador …

  11. M. Damien, vous avez tout résumé. Ce n’est pas faute d’avoir signaler l’absence de mesures contre par exemple le premier pays producteur de cannabis, ce n’est pas faute d’avoir écrit que les famille d’origine étrangère au sens large des trafiquants, et même de nationalité de papier soient sur le champ renvoyées au bled après retrait de la nationalité française.
    Il ne manque que la volonté politique, mais pourquoi ? La réponse est peut-être dans la question

  12. Le gouvernement a t’il réellement intérêt à mettre fin à ces réseaux. Il semble bien que non, car si c’était le cas, il y a longtemps que le trafic de drogue aurait disparu et la criminalité liée à ce trafic aussi. Dans un récent interview de Xavier Raufer, ce dernier expliquait ce qui devait être fait. Or on voit bien qu’aucune des solutions préconisées par ces grands spécialistes de la lutte contre la criminalité ne sont mise en oeuvre.

  13. je ne pige pas : s’il y a commerce, c’est qu’il y a consommateurs, sans quoi c’est la faillite, et cessation d’activité ! Mais qui donc consomme ?

Commentaires fermés.

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