[TRIBUNE] À ceux qui veulent travailler, l’État dit : « Restez chez vous ! »

En France, il ne suffit plus d’aimer son métier. Faut-il encore obtenir la bénédiction de l’État pour avoir le droit de l’exercer. Tous les 1er mai, fête du Travail, la liberté de travailler se heurte à un mur de restrictions (un de plus !) : seuls quelques métiers triés sur le volet peuvent encore exercer, sous condition. Voilà le paradoxe d’une République qui se proclame sociale, mais qui se crispe sur un formalisme déconnecté du réel.
Dans les rues, ce jour-là, fleurissent les étals éphémères, les mains anonymes qui distribuent du muguet, prolongeant une tradition populaire aussi ancienne que le jour lui-même. Cette liberté contraste singulièrement avec le sort réservé aux artisans et commerçants de proximité : le fleuriste ou le boulanger pourront certes lever le rideau, mais à condition de le faire seuls, sans leurs employés. Pas question d’ouvrir pleinement, même face à une demande bien réelle.
Car oui, en vertu de l’article L3133-4 du Code du travail, le 1er mai est un jour férié obligatoirement chômé. Même si le salarié est volontaire. Même s’il est payé double. Même si l’activité est de proximité, de tradition et qu’elle répond à une demande évidente. L’État dit non. Et cela suffit.
Dogmatisme et déconnexion du réel
Récemment, en Vendée, plusieurs boulangers en ont fait les frais, rappelés à l’ordre pour avoir simplement voulu répondre aux attentes de leurs clients, ce jour-là. Cette situation absurde illustre parfaitement le décalage entre la loi et les réalités du terrain.
Ce dogmatisme rigide, hérité d’une époque où l’on pensait encore pouvoir régenter les consciences à coups de lois, a vécu. Il n’a plus sa place, dans une société où les aspirations ont changé, où travailler un jour férié peut être un choix, une chance, parfois même une nécessité. Empêcher un salarié volontaire de travailler n’a rien de social. C’est une injonction au nom d’une idéologie qui confond protection et infantilisation.
Le gouvernement lui-même semble en avoir conscience. Le ministre du Travail, Catherine Vautrin, dans un éclair de lucidité, a reconnu sur les ondes qu’il fallait sans doute « faire évoluer la loi ». Mais combien de 1er mai faudra-t-il sacrifier sur l’autel de la bienséance bureaucratique avant que la raison ne l’emporte ?
Ce que nous demandons est simple. Pas une révolution, une réforme. Une dérogation, encadrée, pour les métiers de proximité, sur la base du volontariat et d’une juste rémunération. Rien de plus. Juste un peu de bon sens dans un système qui en manque cruellement.
Machine à perdre
Le Premier ministre nous a récemment dit que les Français ne travaillent pas assez, mais dès qu’un citoyen ose dire « je veux travailler », on lui intime de rentrer chez lui. Pendant que certains, en marge du cadre légal, peuvent poursuivre une activité temporaire en toute tolérance. Deux poids deux mesures. Une injustice manifeste.
En réalité, ce gouvernement, comme tant d’autres avant lui, alimente la machine à perdre. Cette mécanique absurde qui consiste à bloquer ceux qui veulent avancer, à punir ceux qui souhaitent contribuer, à empêcher ceux qui veulent simplement exercer leur liberté.
Cette machine broie les élans, méprise les réalités du terrain et finit par désespérer ceux qui, pourtant, n’aspirent qu’à participer à la vie économique et sociale de ce pays.
Le travail, la transmission, l’effort… Ce ne sont pas des concepts abstraits. Ce ne sont pas des valeurs d’un seul jour. Ce sont les ressorts concrets d’une société qui avance, les piliers d’une France qui croit encore à la valeur de l’engagement. Refuser à un citoyen le droit d’exercer son activité, c’est nier une part de son identité, de sa dignité.
Il est temps de dire stop à cette logique perdante. Il est temps de rendre aux Français le droit de choisir. Y compris celui de travailler, le 1er mai. Avec fierté. Avec respect. Avec liberté.

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62 commentaires
OK l’histoire des boulangers est aberrante… mais
Mais souvenez vous du travail le dimanche qui ne pouvait être fait que sur la base du volontariat…
Résultat des courses : c’est maintenant imposé aux salaries et l’ouverture du dimanche intégrée dans notre société !
Quelle belle avancée sociale !
Les syndicats sont vent debout contre le travail le 1er mai , il faut bien qu’il ai quelques participants à leur cortèges . ;-))
Seuls 3 pays de l’UE sur 27, l’Espagne, la Pologne et la France interdisent aux salariés de travailler le 1er mai. Au nom des habituelles vieilles lunes, quand des salariés seraient volontaires pour travailler, avec la rétribution règlementaire pour les jours fériés : salaire double. Mais la CGT est contre. N’est-ce pas étonnant, cette défense à rebours du revenu salarial ? Non, la ringardise ne chôme jamais.
Sur ce sujet la chronique de G. Cluzel ce soir 29 avril sur Face à l’info disait tout !
Il est bien certain que la France ne va pas encore assez mal pour cette gauche qui ne rêve que de chaos pour arriver à ses fins… Je connais des jeunes qui sont volontaires pour travailler les dimanches et jour fériés pour améliorer leur quotidien car c’est payé double ! Pour ces syndicats rien ne vaut l’assistanat dont ils vivent fort bien depuis des lustres sans rien faire d’autre que semer la zizani et la discorde. Le syndicalisme, c’est autre chose mais ils ne le savent plus !
Un grand MERCI pour ce courageux article.
Si on comprend bien, il faut s’arrêter de VIVRE ! alors que le 1er Mai devrait comme dans le passé, être une belle fête de printemps où tout le monde est en mouvant ! Et les restaurants ? comment font-ils si toutefois les boulangers ont fermé leurs boutiques ? Et les pâtissiers, ont-ils la même obligation ? Et pourquoi pas les Médecins ? les Urgentistes, les Hôpitaux ou Cliniques ? les Maternités ?
Vous oubliez les hôteliers qui, le 1° mai, devront mettre leurs clients à la rue. Décidément nos dirigeants deviennent de plus en plus cinglés ! Il est urgent d’ouvrir des hôpitaux psychiatriques spécialement pour eux.
Extraordinaire, cette affaire n’est que l’illustrations de ce qu’est devenu la France sous Macron. D’un côté on a un premier ministre qui fait un grand discours pour expliquer que la situation economique désastreuse du pays vient de ce que les Français ne travaillent pas assez, de l’autre d’obscurs petits fonctionnaires vont faire la chasse à ceux qui veulent travailler, infligeant arbitrairement des amendes, se moquant ainsi totalement de ce que dit le ministre. Les ouvreuses de cinema travaillent le 1er mai… idem pour les restaurateurs, serveur, cuisiniers, les taxi travaillent 1er mai, les chauffeurs de bus, les employés du métro. Même à la SNCF, il,se trouve des conducteurs de trains, des contrôleurs, des cheminots pour (très exceptionnellement) ne pas faire grève ce jour là. Et aussi des militaires qui veillent sur notre sécurité, des policiers, des gendarmes, des soignants dans les hôpitaux. Une foultitude de gens travaille le 1er mai. Pourquoi serait-interdit aux boulangers de le faire ? Où est la devise de la République si chère aux gauchos : LIBERTÉ, ÉGALITÉ, Fraternité ? Tout ça parce qu’une poignée de syndicalistes qui ne representent qu’eux, glandeurs patentés, veulent sauvegarder leurs petits avantages de caste.
Ne connaissant pas bien le « secteur » j’imagine qu’il doit bien exister quand même une « chambre » des boulangers. Il serait éclairant que TOUS les boulangers et marchands de pain le 01/05 n’ouvrent qu’à 08h00, ferment à 12h00, rouvrent à 14h00 et baissent le rideau après avoir effectué une journée de 07h00. Cela leur permettrait de respecter les 35h00 et permettrait (peut-être) de faire comprendre l’ineptie de cet article du code du travail.
Mon fils est boulanger et loin de faire 35 heures. Il commence à 03h00 du matin pour finir vers 19h00 voir 20h00. Il faut arrêter de pleurer.
Et ils feraient leur pain quand (si on considère le temps de levage de la pâte et de la cuisson.
N’oublions pas que nous sommes dans le pays de la…LIBERTÉ.