[TRIBUNE] À ceux qui veulent travailler, l’État dit : « Restez chez vous ! »

Refuser à un citoyen le droit d’exercer son activité, c’est nier une part de son identité, de sa dignité.
@DDP-Unsplash
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En France, il ne suffit plus d’aimer son métier. Faut-il encore obtenir la bénédiction de l’État pour avoir le droit de l’exercer. Tous les 1er mai, fête du Travail, la liberté de travailler se heurte à un mur de restrictions (un de plus !) : seuls quelques métiers triés sur le volet peuvent encore exercer, sous condition. Voilà le paradoxe d’une République qui se proclame sociale, mais qui se crispe sur un formalisme déconnecté du réel.

Dans les rues, ce jour-là, fleurissent les étals éphémères, les mains anonymes qui distribuent du muguet, prolongeant une tradition populaire aussi ancienne que le jour lui-même. Cette liberté contraste singulièrement avec le sort réservé aux artisans et commerçants de proximité : le fleuriste ou le boulanger pourront certes lever le rideau, mais à condition de le faire seuls, sans leurs employés. Pas question d’ouvrir pleinement, même face à une demande bien réelle.

Car oui, en vertu de l’article L3133-4 du Code du travail, le 1er mai est un jour férié obligatoirement chômé. Même si le salarié est volontaire. Même s’il est payé double. Même si l’activité est de proximité, de tradition et qu’elle répond à une demande évidente. L’État dit non. Et cela suffit.

Dogmatisme et déconnexion du réel

Récemment, en Vendée, plusieurs boulangers en ont fait les frais, rappelés à l’ordre pour avoir simplement voulu répondre aux attentes de leurs clients, ce jour-là. Cette situation absurde illustre parfaitement le décalage entre la loi et les réalités du terrain.

Ce dogmatisme rigide, hérité d’une époque où l’on pensait encore pouvoir régenter les consciences à coups de lois, a vécu. Il n’a plus sa place, dans une société où les aspirations ont changé, où travailler un jour férié peut être un choix, une chance, parfois même une nécessité. Empêcher un salarié volontaire de travailler n’a rien de social. C’est une injonction au nom d’une idéologie qui confond protection et infantilisation.

Le gouvernement lui-même semble en avoir conscience. Le ministre du Travail, Catherine Vautrin, dans un éclair de lucidité, a reconnu sur les ondes qu’il fallait sans doute « faire évoluer la loi ». Mais combien de 1er mai faudra-t-il sacrifier sur l’autel de la bienséance bureaucratique avant que la raison ne l’emporte ?

Ce que nous demandons est simple. Pas une révolution, une réforme. Une dérogation, encadrée, pour les métiers de proximité, sur la base du volontariat et d’une juste rémunération. Rien de plus. Juste un peu de bon sens dans un système qui en manque cruellement.

Machine à perdre

Le Premier ministre nous a récemment dit que les Français ne travaillent pas assez, mais dès qu’un citoyen ose dire « je veux travailler », on lui intime de rentrer chez lui. Pendant que certains, en marge du cadre légal, peuvent poursuivre une activité temporaire en toute tolérance. Deux poids deux mesures. Une injustice manifeste.

En réalité, ce gouvernement, comme tant d’autres avant lui, alimente la machine à perdre. Cette mécanique absurde qui consiste à bloquer ceux qui veulent avancer, à punir ceux qui souhaitent contribuer, à empêcher ceux qui veulent simplement exercer leur liberté.

Cette machine broie les élans, méprise les réalités du terrain et finit par désespérer ceux qui, pourtant, n’aspirent qu’à participer à la vie économique et sociale de ce pays.

Le travail, la transmission, l’effort… Ce ne sont pas des concepts abstraits. Ce ne sont pas des valeurs d’un seul jour. Ce sont les ressorts concrets d’une société qui avance, les piliers d’une France qui croit encore à la valeur de l’engagement. Refuser à un citoyen le droit d’exercer son activité, c’est nier une part de son identité, de sa dignité.

Il est temps de dire stop à cette logique perdante. Il est temps de rendre aux Français le droit de choisir. Y compris celui de travailler, le 1er mai. Avec fierté. Avec respect. Avec liberté.

Picture of Véronique Besse
Véronique Besse
Député de Vendée (non inscrit)

Vos commentaires

62 commentaires

  1. À 65 ans j’ai dû cesser de faire cours en milieu de formation professionnelle (limite d’âge), à 66 ans je pouvais encore enseigner en lycée un an mais pas plus (limite d’âge) ! Et en tant qu’expert près d’une cour d’appel, j’ai été rayé à 70 ans (limite d’âge). Au Japon, c’est très différent… Pourquoi ?

  2. Il s’avère que l’Etat soit contre le fait de travailler pour gagner de l’argent !!!
    Alors fermer tous les lieus qui travaillent le dimanche et les jours fériés ( cinémas , théâtres , spectacles divers et variés )!
    Interdisons toutes les vendeurs à la sauvettes qui ennuient tout le monde
    Et pendant que vous y êtes fermez aussi tous les endroits où les gens travaillent jours et nuits ( les hôpitaux , les Forces de l’ordres , les ambulances et tous les transports ( trains , bus et avion )
    Allez messieurs du gouvernement ayez le courage de vos opinions et pendant que vous y êtes interdisez les manifs le dimanche
    Et surtout assez de ces syndicats qui entravent les entreprises et les commerces ! et manipulent les jeunes cerveaux à l’école

  3. Habitant une ville frontalière du nord dela France, je peux attester que les commerçants belges, tous ouverts, se frottent les mains ces jours là. Et il en va de même pour les dimanches, ou ils avouent réaliser leurs meilleurs chiffres d’affaires… souvent avec des frontaliers.
    Mais l’un d’entre eux me confiait récemment que ça risquait de changer car l’UE pensait légiférer sur le sujet.

  4. Une question simple que je me pose à la lecture de cet article, très intéressant : les cinémas sont-ils ouverts les 1er mai en général ? Certainement, puisqu’il s’ait de spectacle, de loisir, de plaisir… et les séances ne sont pas gratuites, il me semble !

    • @Widget :effectivement l’unique condition, c’est qu’il n’y ait pas d’employés au travail. La loi interdit de faire travailler un employé le 1er Mai. Elle n’interdit pas à un chef d’entreprise qu’il soit patron ou artisan de travailler. Donc si vous voulez travailler le 1er Mai il faut être patron!

      • Arrêtez sale complotiste et attention de ne pas vous retrouver dans un établissements de « reprogramation » du cerveau…

  5. D’un côté on veux empêcher de travailler d’un autre on nous supprime des jours fériés en nous obligeant de travailler gratuit on marche sur la tête et ça suffit

  6. Le chômage forcé du 1er mai a toujours été une revendication syndicale pas une revendication patronale. Alors pourquoi obliger ceux-ci à ne pas pouvoir faire ce qu’ils veulent. Aberrant, ridicule et surtout injuste. « Ah ! quel serait le plaisir et le bonheur si l’Etat nous obligeait à ne pas travailler du tout et nous payait toute l’année à ne rien faire », seul leitmotiv invariable de la gauche et des irresponsables, fainéants et fatigués permanents qui la composent.

  7. Bref, nous sommes dans un pays socialo coco depuis Mitterrand, toute l’administration de haut en bas est contaminée, corrompue
    Et voici le résultat : faillite à tous les étages.
    Va t’on en finir une bonne fois pour toutes ?

  8. Il faudrait obliger les pompiers, les policiers, les militaires et autres agents de « respecter » le jour sacré du 1er mai !! Qui, d’après vous, a initié cette loi imbécile sinon les syndicats « de travailleurs, travailleuses » en général et la CGT en particulier ? Voilà encore « des machins » à dissoudre urgemment.

  9. Pour ne plus faire de ce premier mai une fête de gauchistes en diable, une solution, revenir aux origines, la fête religieuse, soit, Saint Joseph Artisan, et là vous verriez tous les laïcards socialos boycotter la date.

  10. Un agent de la Fonction publique n’a plus le droit de travailler dans sa propre administration au-delà de 67 ans. Il peut continuer son activité, à condition de se recycler… ailleurs et si l’on veut bien de lui.
    La France « cimetière des vocations », c’est très bien dit, avec justesse

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