Treize nouveaux cardinaux : pas un Français…

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Le pape a annoncé, dimanche, la création prochaine de treize nouveaux cardinaux, dont neuf de moins de quatre-vingts ans, c’est-à-dire électeurs de droit au conclave. Cette annonce est une surprise. En revanche, la liste de ces futurs « princes de l’Église », si l’on peut encore dire ainsi aujourd’hui, n’en est pas une. « Tendance plutôt sociale », juge Jean-Marie Guénois, dans Le Figaro, « Treize nominations très “borgogliennes” », titre La Croix. C’est le moins que l’on puisse dire : entre l’archevêque de Washington, Wilton Gregory, qui présente des titres incontestables par les temps qui courent (il est afro-américain et s’est opposé publiquement à Donald Trump), et Augusto Paolo Lojudice, archevêque de Sienne, en Italie, et en charge du dossier des migrants dans la conférence des évêques d’Italie...

Rappelons que Jean-Paul II, en 27 ans de règne, créa 233 cardinaux et Benoît XVI, durant ses huit années de pontificat, 90. Le pape François, en moins de huit ans sur le siège de Pierre, totalisera, le 28 novembre prochain, 101 nominations. La création de cardinaux borgogliens fonctionne donc à bloc. Faisons un peu de statistique : si Jean-Paul II avait suivi le rythme de François, c’est près de 340 cardinaux qu’il aurait nommés. Et c’est ainsi que les « créatures » du pape François constituent, aujourd’hui, près de 60 % du collège cardinalice qui participerait à l’élection du pape. Certes, les voix du Seigneur sont impénétrables, tout comme le conclave, sous peine d’excommunication, mais l’on peut imaginer quelle pourrait être la « tendance » du prochain pontificat.

Parmi ces treize futurs cardinaux, un Maltais, un Rwandais, un Américain, un Philippin, un Espagnol installé au Chili depuis 1983, un Brunéien, un Mexicain et… six Italiens. Et l’on disait que François voulait réduire le poids de l'Europe dans le collège cardinalice. Pas celui de l'Italie, semble-t-il…

Évidemment, une grande absente, dans cette promotion : la France. Traditionnellement – mais c’est peut-être le mot qui fâche -, l’archevêque de Paris se voyait revêtu de la pourpre cardinalice assez vite après son installation. Mgr Vingt-Trois reçut son chapeau de cardinal au bout de deux ans et demi à la tête du diocèse de Paris, Mgr Lustiger, moins de deux ans plus tard, Mgr Marty, un an après. Mgr Veuillot n’eut à attendre que sept mois. Il faut remonter à Mgr Feltin, archevêque de Paris de 1949 à 1966, pour trouver une attente de plus de trois ans. Mgr Aupetit a été nommé archevêque le 3 décembre 2017. Rien n’est donc désespéré ! Il n’empêche qu’à ce jour, plus aucun évêque français en charge d’un diocèse n’est cardinal et la France ne compte que six cardinaux, dont quatre prendraient part au conclave s’il avait lieu demain. Un de plus qu’en 1958 ! Mais le Sacré Collège, qui élit Jean XXIII, ne comptait alors que… cinquante-trois membres. Ils sont plus du double, aujourd’hui. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. France, fille mal aimée de l’Église ? Ou de François ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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