C’est une première en France. Les médias sidérés claironnent la nouvelle aux populations avides d’informations capitales : la ville de Périgueux a fait installer le premier passage piéton aux couleurs de la communauté LGBT. Il a des bandes bleues, des rouges, des violettes, des vertes et des pas mûres, il est nouveau, joyeux mais, par-dessus tout, il est, comme il fallait s’en douter, un symbole fort lancé contre l’intolérance.

Maire et préfet n’en sont pas peu fiers : "La lutte contre l’homophobie et toutes les haines est un combat quotidien." C’est la lutte finale, le Grand Soir de la traversée de la rue, un petit pas pour l’homme mais une enjambée déterminante pour se rendre sur le trottoir d’en face. Et toute la smala compassionnelle de la ville d’inaugurer solennellement ce joyau du bitume. Un rassemblement qui se résume à trois ou quatre clampins plantés devant la « chose » dans l’indifférence générale. Comme si la drôlerie de la situation n’était pas suffisante, le responsable LGBT à l’origine de cette idée ultramoderne précise que le vénéré passage est situé au pied de l’arbre de la liberté. Après installation d’un lampadaire de la tolérance, d’une bouche à incendie de l’antiracisme et d’un feu rouge du vivre ensemble, la ville de Périgueux devrait aller mieux. Soumis aux injonctions sociétales diverses et variées, l’élu politiquement correct est prêt à inaugurer tous les gadgets possibles et imaginables, pour peu qu’ils lui permettent d’échapper préventivement au terrorisme intellectuel ambiant. Une « impasse de l’avenir » ne le rebuterait pas.

À la surprise générale, les nombreux chômeurs de la ville ne sont pas venus lyncher maire et préfet pour avoir déclaré que la lutte contre l’homophobie était – pour résumer – leur principal souci. Des chômeurs parmi lesquels figurent un certain nombre d’homosexuels et de femmes dont la préoccupation quotidienne n’est pas l’homophobie ou le sexisme, mais la survie. Une problématique qui, elle non plus, ne sera en rien résolue par des symboles et des postures pompeuses. Quoique l’inauguration en grandes pompes d’un passage piéton était, il faut le reconnaître, une trouvaille indéniable.

Jamais à court de gags et de réflexions amusantes, le préposé LGBT présent sur les lieux du drame a cru bon affirmer : « …ce projet, qui va durer dans le temps, nous ressemble vraiment". S’identifiait-il à la platitude de cet aménagement urbain ou bien aux chaussures des passants ? Le maire et le préfet sont repartis réfléchir sur le sujet dans leurs bureaux respectifs.

Dans une volonté de quitter le monde abstrait pour un retour sur terre loin de ces simagrées, il est nécessaire de rappeler à cette occasion que les bandes des passages piétons, très glissantes par temps de pluie, font chuter bon nombre de conducteurs de deux-roues. Homosexuels compris. Les responsables de ces aménagements ne pratiquent aucune discrimination. N’est-ce pas, là, le signe d’une grande avancée vers un monde parfait ?

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18 mai 2018 à 18:01

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