Traquée par les antispécistes, une éleveuse résiste et défend son métier

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« Tu mérites de crever dans les mêmes conditions que tu fais mourir de pauvres petits lapins » ; « tu es un monstre » ; « sombre merde »... Bienvenue dans le quotidien des éleveurs traqués par les antispécistes ! Marie, 27 ans, salariée dans une ferme en Bretagne reçoit ces doux messages sur Twitter. Son tort ? Avoir tenté de défendre honnêtement son métier en montrant en quoi les arguments des végans en général, et ceux d’Hugo Clément en particulier, ne sont que déformation de la réalité.

« Il est temps que les gens comprennent la vérité, j’en avais assez de cette désinformation propagée par les végans extrémistes », nous confie-t-elle. Alors, point par point, elle démonte leurs théories improbables et justifie ces images « publiées pour faire réagir par les sentiments et impressionner les gens ». Il est aisé de poster la photo d’un lapin malade ou coincé, de mutilations ou encore de lapins morts dans la fosse. La ficelle est grosse : décontextualiser pour mieux choquer.

Résolue à tordre le cou à ces idées fausses, elle écrit sur Twitter : « Oui ça arrive, certains lapereaux sont les pros pour se coincer. Nous sommes attentifs là-dessus et chaque fois que l’on en croise un, on l’aide, logique » ou encore « SURPRISE ! Les animaux ne sont pas des êtres dénués de violence. Oui les mères mangent leurs petits, oui elles les mutilent ». Quant aux cadavres de lapereaux dans la fosse, là-encore, elle explique inlassablement : « Il faut savoir que les éleveurs de lapins et de petits animaux en général ne sont pas prioritaires par rapport au gros bétail en ce qui concerne l’équarrissage. »

Fière de nourrir sa famille et sa patrie

Car en réalité, ses lapins, elle les aime, et pas qu’à la moutarde. Élevée à la campagne, dès le plus jeune âge, Marie savait parfaitement qu’elle exercerait un métier à l’extérieur, « au contact de la nature et des animaux ». Chaque jour, elle leur parle, les caresse et en prend soin. Mais la jeune femme ressent le besoin de se justifier. « Oui, parfois j’en prends un pour nourrir ma famille, mais j’ai le sentiment de faire mon devoir, et il n’y a pas de circuit plus court. Je me sens utile à ma patrie et je suis fière de contribuer à remplir l’assiette de milliers de personnes. » Aurait-on pu imaginer une chose pareille, il y a 50 ans ? Dans ce monde où des bobos nourris aux grains rêvent d’une campagne sans paysans, sans odeurs ni coqs, et militent contre la souffrance animale mais pour le droit à disposer de son corps, elle subit les injonctions : « On m’a dit que je passais mes journées à les taper ou que je les maltraitais volontairement. » Un dogmatisme écologiste ambiant, le même que celui qui nous a fait croire que l'éolien ou le solaire suffiraient...

Elle déplore ce climat d’agribashing qui les fait travailler, elle et d’autres éleveurs, la peur au ventre. « Avant, on était respecté ; maintenant, on est insulté, même parmi nos voisins. » Malgré cela, elle n’arrêtera pas. Les temps sont durs pour les producteurs de viande accusés de tous les maux, mais elle tient bon, sûre d’accomplir sa vocation.

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Originaire de la campagne, je ne supporte pas la maltraitance animale. Concernant la maltraitance en élevage, elle existe, ce n’ est pas à exclure. Mais cela est contre productif car un animal frappé risque de s’ infecter ,et le propager au cheptel. Cela coûtera à l’ éleveur ( vétérinaire, isolement et nutrition supplémentaire des « blessés ») La viande cicatricielle sera plus dure et de moins bonne qualité. Un animal à fourrure ( lapin) aura un pelage invendable ou sous-payé….Et envoyer un animal à l’ équarrissage ( mort de maltraitance par exemple…) a un coût pour « l’expéditeur »….Alors, les inquisiteurs d’ un jour, renseignez-vous….

  2. et pourquoi les vegans ne disent rien sur l’égorgement des animaux dans les abattoirs hallal.pour moi donner la parole au assos vegans c’est perdre du temps, il vaudrait mieux supprimer directement les subventions

  3. Il ne faut pas mettre tous les éleveurs (de gros ou petits animaux) dans un même panier. Comme partout ils y a des cinglés irrespectueux, mais ils ne sont pas la majorité. La plupart des éleveurs aiment leurs bêtes et les soignent comme il se doit. Et tout le monde ne désire pas être végétarien en se supplémentant de ce qu’on ne trouve que dans les produits animaux avec profusion de gélules en tout genre produits par les laboratoires qui subventionnent largement certaines associations. L’humain comme un certain nombre de mammifères est omnivore et son alimentation diverse jusque dans les années soixante lui a permis de prospérer sur notre planète terre en la respectant. Depuis sont arrivées les multinationales de l’agroalimentaire avec tous les méfaits que l’on connait sur notre santé, elle prise en charge par Big Pharma… cherchez l’erreur…

  4. Quand divulguera-t-on enfin les financeurs de ces assoces pseudo-bisounours ? On y trouvera surement les vendeurs d’aliments préparés venant de l’autre bout de la planète et emballés dans carton et alu (de quoi remplir une poubelle jaune par semaine) et vendus 3 fois plus cher.

  5. Soyez rassurée, Marie.
    Dans quelques semaines, nous n’aurons plus rien à acheter à cause d’une inflation démente, de l’incurie de nos politiques et de la manipulation qui consiste à nous faire croire que tout est de la faute de Poutine.
    Et là, les antispécistes de bazar, les écolos de salon et les bobos végan viendont vous mendier un petit quelque chose à manger, quel qu’il soit.

  6. C’est l’éloignement de plus en plus important entre urbains et ruraux qui crée cette incompréhension . Et aussi d’une certaine gauche vis à vis des travailleurs, qui font que ses militants semblent hors des réalités de cette branche agro alimentaire .
    C’est bien de s’occuper de la condition animale, mais il semble que les préoccupations bassement terre à terre de nos paysans leurs échappent totalement. Vous avez noté le nombre important d’éleveurs qui se suicident pris dans un dilemme inextricable entre impératifs de production , comptabilité , et vie de famille . Le moindre grain de sable dans ce rouage infernal peut les mener au désespoir ! Ils feraient mieux de bosser en amont ces végans pour la plupart, proches de la gauche à desserrer le carcan qui étouffent et obligent les éleveurs à être dans une logique de rentabilité à flux tendu . Bizarrement la grande distribution et les plateformes sont absentes de leurs griefs alors que ce sont elles qui imposent cette logique . Sans compter qu’au niveau de l’UE où se décide notre politique agricole commune , la gauche est particulièrement bien représentée au parlement européen!

  7. Quitte à jeter un pavé dans la mare, et comme Délégué de la Fondation Brigitte Bardot, j’affirme que les vidéos de L214 ne sont pas des « montages déconnectés de leur contexte ». Ces élevages concentrationnaires de lapins incapables de satisfaire leurs comportements naturels sont une réalité qu’il vaudrait mieux appeler un scandale. Et « malheur à celui par qui le scandale arrive ». Le mieux serait de renoncer définitivement aux élevages en cage, les animaux ne sont pas seulement le viande sur pied.

  8. Je doute que les grands chefs qui concoctent les menus de nos ministres ( alors qu’un plus grand nombre de français s’approvisionne chez Lidl ou Aldi ) ne cuisinent que des légumineuses ou des céréales.

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