Syrie : il fut un temps où la France se permettait une politique internationale indépendante…

Si on a du mal à percevoir la cohérence et l'efficacité de la stratégie mondiale des États-Unis, on comprend encore moins la logique qui conduit le Royaume-Uni et la République française à persévérer dans leur soutien à cette politique erratique.

Les trois pays qui ont fait claquer leurs pétards mouillés sur la Syrie en évitant toute perte humaine et toute destruction matérielle irréversible cherchaient peut-être à revenir dans le jeu. C'est un peu tard alors que la partie est jouée et qu'ils l'ont perdue. La paix la plus proche est celle qui verra le pouvoir légitime en Syrie retrouver sa pleine souveraineté sur l'ensemble de son territoire. Tout retard, avec les morts qu'il provoquera, sera imputable aux pays occidentaux qui fustigent un État qui ne leur fait pas la guerre alors qu'ils ont été étonnamment lents et circonspects, et parfois complices, envers les islamistes qui les désignent pourtant clairement comme les ennemis et les traitent comme tels, en France à travers les attentats ou encore aujourd'hui même au Mali, où sept soldats français ont été blessés.

On voit bien l'intérêt de Donald Trump de passer à l'offensive. Il fait ce qu'Obama n'avait pas osé faire. Du même coup, son bras de fer avec Moscou le dégage des accusations d'être l'élu des Russes. Enfin, en se hissant sur le pavois du chef de guerre américain, il ne peut que renforcer son image auprès d'un électorat patriote, fier de son armée, de sa puissance et de son efficacité. De même, on comprend le souci du Premier ministre britannique, empêtré dans le Brexit, de clamer "Rule, Britannia!" afin de mobiliser la fierté anglaise comme Margaret Thatcher avait su le faire lors de la guerre des Malouines. Sauf que, dans ce cas, les Argentins avaient bien envahi un territoire britannique. Les deux motifs "gazeux" qui irritent Londres restent, en revanche, douteux. L'espion russe au service de l'Angleterre et sa fille se rétablissent. La frappe occidentale a précédé l'enquête de l'OIAC. La précipitation de la riposte a laissé entrevoir le désir de ne pas interrompre un scénario qu'il était très opportun de mettre en œuvre. Enfin, M. Macron avait, lui aussi, des raisons d'agir sans rapport avec l'intérêt supérieur de la France. C'était, comme pour Trump, l'affichage d'une différence avec son prédécesseur, et la volonté de montrer qu'il tient ses promesses : un leitmotiv qui est censé décourager ceux qui manifestent contre lui, soit pour le faire renoncer à les tenir, soit pour lui rappeler que les conditions de son élection ne lui donnent pas une légitimité absolue.

Le Président français trouve dans la politique internationale le terrain idéal de sa mégalomanie, et l'occasion de survoler la marée des mécontentements. Pour peu, il voudrait nous faire croire que c'est lui qui a décidé des frappes, de la manière de les réaliser et des objectifs poursuivis. On observera les applaudissements d'Erdoğan et la non-participation de l'Allemagne, plus soucieuse de nous vendre des voitures grâce à son mark bon marché qu'on appelle l'euro que de participer à un quelconque effort de guerre en commun.

Il fut un temps où la France se permettait une politique internationale indépendante. Aujourd'hui, elle se contente de vendre des armes à l'Arabie saoudite pour que celle-ci écrase les chiites du Yémen où s'est déclenchée une catastrophe humanitaire dont on parle moins que du bombardement supposé d'un quartier de Douma, cette ville désormais libérée des islamistes que nous soutenons. Cette gesticulation guerrière en Syrie, au mépris du droit international, peut être au mieux un baroud destiné à ne pas perdre la face malgré la défaite, au pis un encouragement à la relance de la guerre. Bravo à nos soldats pour l'efficacité de leur action, non à nos politiques qui leur assignent des missions aussi douteuses.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:57.
Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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