Sibeth Ndiaye et Florian Bachelier nous donnent des leçons d’éducation civique et nous prennent pour des idiots

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Dans la République romaine, les questeurs (quaestores) étaient, dans le cursus honorum, les magistrats chargés de la gestion des finances de l'État. Notre République, depuis Napoléon, a conservé cet antique vocable pour les membres de la questure chargés de gérer et de contrôler le budget et l'administration des deux assemblées. Ils sont donc trois questeurs à l'Assemblée nationale, trois députés, élus par leurs pairs pour occuper ces fonctions prestigieuses, en général deux choisis dans la majorité, un dans l'opposition. Et, pour être complet, selon Wikipédia, « à l'Assemblée, la fonction de questeur est indemnisée en 2017 à hauteur de 5 003,57 € brut par mois en plus de l’indemnité de député et ils disposent d'un appartement de fonction. La fonction est restée très masculine puisque sur les 125 questeurs qui se sont succédé depuis 1804 à l'Assemblée nationale, il n'y a eu que quatre femmes. »

Tout ça pour dire que le premier questeur est actuellement un certain Florian Bachelier, député de l'Ille-et-Vilaine. Et qu'il vient d'électriser un peu plus le débat sur les retraites en lâchant ce tweet, jeudi : « La démocratie n’a pas de prix mais elle a un coût. Une journée d’obstruction parlementaire par les députés minoritaires d’extrême gauche, c’est 1.500.000 euros d’argent public. Ça paierait quelques professeurs d’éducation civique. » Un questeur sait de quoi il compte. Et un questeur LREM n'a pas de temps ni d'argent à perdre ni à faire perdre à l'État.

Mais plusieurs députés ont ramené notre jeune Bachelier à des comptes plus justes. Ainsi, Boris Vallaud (PS), dénonçant un « mensonge » : « Le budget de l’Assemblée nationale, c’est 578 millions d’euros en 2019, vous divisez par le nombre de jours, c’est 1,5 million, que nous siégions ou que nous ne siégions pas. » Quant à Adrien Quatennens (LFI), il a pris notre économe au mot : « Nous sommes ici les porte-parole de la solution la moins chère : retrait ! » Devant le tollé déclenché par M. Bachelier jusque dans les rangs de la majorité, le ministre des Relations avec le Parlement lui-même, Marc Fesneau (MoDem), a dû intervenir et recadrer le questeur inconséquent : « Le débat parlementaire mérite mieux qu'une question de coût. Où s’arrête-t-on, au fond ? Le Parlement, la démocratie représentative, ce sont des moyens qui sont nécessaires et c’est pas le sujet. »

Florian Bachelier ? Encore un marcheur passé à côté du sujet. Et c'est son ministre qui le dit...

Mais la semaine n'a pas été avare de ce type de leçons d'éducation civique de la part de LREM, et jusqu'au plus haut niveau de l'État. Tenez, Sibeth Ndiaye nous délivrait, avant-hier, dans ses causeries, l'explication suivante :

« C’est un projet de loi qui comporte soixante-cinq articles. Faire un référendum sur un projet de loi d’une telle complexité, ça reviendrait en fait à faire soixante-cinq référendums. C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité qu’il puisse y avoir un débat parlementaire qui soit riche. » Même Le Monde se voit contraint de parler d'« imprécision » !

Florian Bachelier avait au moins raison sur un point : il y a un besoin urgent d'éducation civique. Mais pour les cadres LREM. Et, tant qu'on y est, puisque c'est ainsi qu'elle s'appelle désormais dans nos classes, d'éducation civique et morale.

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