Walid Bouzidi dispose de neuf mois pour raconter son incroyable histoire à ses compagnons de cellule. Le temps de comprendre ce qui s'est passé, de surmonter le traumatisme puis de relater par le menu les circonstances de sa mésaventure. Lors de la promenade ou de la veillée, le pauvre Walid ressassera le retournement de situation scandaleux dont il fut la victime.

Dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 septembre, le malheureux erre sans but dans une rue du Vieux Lyon. Après une soirée bien arrosée, il ressent le besoin de lier amitié avec trois solides gaillards qui déambulent dans cette même artère. Quoi de plus naturel ? Animé d'un esprit de solidarité, il s'approche des trois amis. Peut-être sont-ils porteurs de quelques grammes de cocaïne qu'ils accepteraient de lui céder moyennant un chaleureux remerciement. À cette heure avancée de la nuit, une substance dopante permet de vaincre la peur d'être abordé par un inconnu. Durant l'échange, le potentiel client s'aperçoit que l'un de ses interlocuteurs porte autour du cou une chaîne en or de belle facture. Un de ces bijoux dont la revente permettrait d'acquérir la modeste ration de cocaïne dont il rêve. N'écoutant que son courage, Walid Bouzidi arrache la chaîne convoitée et s'enfuit à toutes jambes vers l'horizon où le soleil commence à poindre. L'enrobage du récit par quelque image romantique captive l'auditoire constitué de prisonniers très sensibles.

Étrangement indignés par ce chapardage bon enfant, les trois protagonistes s'élancent à la poursuite du pauvre garçon. Au terme d'un sprint débridé, ils le rattrapent, le plaquent au sol et le frappent avec grande férocité. Les auditeurs du centre pénitentiaires sont impressionnés par l'agression. « Mais dans quel monde vivons-nous ? » lance un condamné. Roué de coups, se voyant succomber d'une minute à l'autre, le héros interpelle... une patrouille de police qui passait par là ! « Au secours ! À l'assassin ! On attente à mes jours ! » Ses cris ameutent les agents qui arrivent prestement et mettent un terme à ses souffrances. Emmené au poste, le rescapé pleure à chaudes larmes. « Agressé en plein centre de Lyon, si c'est pas un malheur de voir ça ! » Après recherche dans les fichiers, les préposés du commissariat découvrent que le bon Walid Bouzidi est sorti de prison depuis deux semaines. Crac ! son compte est bon. Un juge lui assène neuf mois ferme pour récidive. « Et c'est ainsi, amis incarcérés, que je me retrouve devant vous à conter ce tragique incident dont je fis les frais ». Le narrateur referme le journal où il lisait son propre fait divers. L'émotion étreint les délinquants coffrés pour vol à la tire. Si, désormais, les victimes se rebellent, que vont-ils devenir ? Un Numéro Vert sera mis en place pour recevoir la détresse des délinquants rossés par ceux qu'ils agressent. Il était temps !

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03 octobre 2022 à 18:30

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8 commentaires

  1. Comment se fait-il que les soi-disant victimes, qui sont les authentiques agresseurs de Walid, par eux roué de coups, n’aient pas été jugés et condamnés? Parce qu’enfin, de multiples décisions de justice le démontrent, le fait d’être l’objet d’un dol ne justifie nullement d’exercer des violences sur le présumé coupable de l’acte délictuel. Ce serait se faire justice soi-même, ce qui est inadmissible et puni par la loi.

  2. Mon pauvre Monsieur, on ne peut plus voler honnêtement, de nos jours…tout fout le camp, hélas!

  3. Les délinquants veulent toujours oublier leurs méfaits pour se « reconstruire » mais les victimes, Françaises dans 90% des cas sont des hystériques ! La preuve ?- Ils portent plaintes…

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