[Satire à vue] Opération « BISOU » contre la surconsommation

Bisounours

Les bras chargés de petits cœurs multicolores, deux sauveuses de planète se lancent dans une vaste campagne de responsabilisation du consommateur. Pour en finir avec les achats compulsifs destructeurs de climat, les créatrices de ce mouvement proposent un outil imparable. Une machine de guerre tricotée main : la méthode BISOU. Poum ! Âmes sensibles, s'abstenir. Qui pourrait avoir encore envie de folâtrer dans les boutiques après cet intitulé glaçant ?

Dès la révélation des rouages de la mécanique, les rieurs se ravisent. Derrière le bisou se cache un acronyme destiné à maîtriser la fougue acheteuse des ménagers et ménagères. Avant de commettre l'irréparable achat, cause de tous les réchauffements, le consommateur consultera le bisou et son B comme « Besoin » (en a-t-il besoin ?), le « I » comme « Immédiat », puis le « S », le « O » et le « U », chaque lettre énonçant un commandement à méditer devant l'objet convoité. En pleine introspection, le client pourra s'allonger dans une allée du magasin et raconter son enfance au tenancier. Comment il a regardé les pages de pub dès son plus jeune âge, comment ses parents déposaient des montagnes de jouets au pied du sapin. « L'habitude était prise, mon pauvre monsieur... Snif... Et puis, à la maternelle, il y eut cette rencontre avec Marie Duboin et Herveline Giraudeau, les deux créatrices de la méthode « bisou ». Ah, vous savez, elles n'ont pas changé. Elles lisent toujours les aventures des Bisounours. C'est leur livre de chevet. Comment les sortir de la pensée compulsive qui les amène à nimber leur démarche d'une infinie niaiserie ? La question sera évoquée avec les caissières. Calmement. Responsabiliser le consommateur en ayant recours à des mots puérils n'est peut-être pas la bonne méthode. Nouvelle pause discussion au sortir du magasin. « N'est-ce pas ce même mode infantile utilisé par les marques pour nous convaincre d'acquérir ce que vous proposez dans les rayons ? Diable ! Il est déjà 22 h 30 et je n'ai toujours rien acheté. »

Cette fois-ci, les rieurs rasent les murs. La méthode bisou-bisou fonctionne pleinement. De par la démarche gnan-gnan des initiatrices, le consommateur s'interroge, se demande s'il n'est pas pris pour un simple d'esprit. Le temps d'examiner la question, les rideaux de fer se sont abaissés, Amazon est hors service pour cause de rumeur existentielle. Seul point noir de l'opération : les fashion victims s'arrachent désormais les albums de Oui-Oui et de Petit ours brun. Martine fait des bisous est en tête des ventes. Une nouvelle campagne interviendra pour tenter de les sortir de cette terrible addiction.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 27/05/2023 à 0:37.
Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Traiter les gens comme des débiles est devenu la règle…le panurgisme progresse à vue d’oeil. Un tantinet inquiétant, non?

  2. Avec l’augmentation des prix, pas sûr que ce soit cette opération qui soit responsable de la chute de la consommation. Quand, la fin du mois arrive de plus en plus tôt et que même février est déjà beaucoup trop long, la ménagère et le quidam moyen n’achètent que le strict nécessaire.

  3. L’opération bisou s’inscrit bien dans l’infantilisation généralisée, à l’heure où on nous dit de ne pas trop fumer, pas trop boire, d’utiliser l’appli écomachin, de marcher, bouger etc…

  4. Incroyable ! Ils ont tout fait pour transformer l’être humain occidental en individu irréfléchi consommateur et ils viennent maintenant nous expliquer qu’il ne faut plus consommer. Doit-on redevenir un être pensant et réfléchi comme avant ? çà risquerait de leur faire drôle !

  5. Comme d’hab, on cherche des coupables (ici, les consommateurs) plutôt que des solutions… Car freiner la consommation mène au déséquilibre du commerce, lequel n’est pas a priori le principal responsable du dérèglement climatique. Inciter les sites marchants à distribuer de l' »Utile » plutôt que du « Futile » serait déjà une meilleure approche; mais là, ceci demande plus de courage de la part de ces « gentils » moralisateurs!

  6. On nous prend vraiment pour des c… mais le problème c’est que la majeure partie du temps, ça marche

  7. Merci encore à Jany Leroy de nous faire sourire de ce qui devrait nous faire pleurer car c’est un pas vers le pass carbone, connecté à notre carte bleu, les dépenses internet et le compteur linky une fois le quota atteint tout sera bloqué. Il y quelques années nous aurions souris du pass sanitaire et pourtant…..

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